Jacques Expert
2015
Sonatine Editions, 330 pages
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Une jeune femme, Elodie, est retrouvée morte à coup de hache chez elle. Son petit ami Antoine, vu avec l’arme sur une vidéo surveillance à la sortie de l’appartement d’Elodie, est appréhendé. Mais Antoine nie les faits et accuse son frère jumeau Franck. Les deux frères, qui se renvoient la culpabilité du crime, sont des vrais jumeaux… Comment identifier le tueur ?
Le commissaire divisionnaire Robert Laforge, au tempérament violent, et aux méthodes particulières, n’a jamais connu de défaite, mais cette enquête pourrait bien lui échapper. « Laforge est ainsi : il a la rancune tenace et il bénéficie du soutien total de sa hiérarchie. En haut, on ne refuse rien au divisionnaire Robert Laforge. Parce qu’il obtient des résultats (à l’en croire, les meilleurs de la PJ) mais aussi parce qu’il a su se faire craindre de ses supérieurs eux-mêmes. Pourtant, Laforge sait que ses ennemis, et dans la police il en a désormais un paquet, attendent qu’il se plante. »
La construction du roman consiste en l’alternance de chapitres dévoilant la vie des jumeaux et ceux relatifs à l’enquête, à la confrontation de chacun des suspects aux preuves relevées.
330 pages où l’on cherche, on furète dans le passé à la recherche d’indices sur la personnalité des jumeaux, seule façon d’arriver à les départager.
On apprend que leur enfance et leur adolescence n’ont pas été de tout repos. Il semble qu’un d’entre eux ait déjà eu des comportements « limites », l’agression d’un de leur camarade par exemple. Pour autant, on n’arrive jamais à savoir lequel des deux a agit, et lorsqu’elle convoque les parents après l’agression d’un élève, « Ce que la directrice ne leur dit pas, c’est qu’elle a trouvé les jumeaux étrangement calmes, nullement troublés, ne se sentant absolument pas fautifs. Antoine et Franck l’avaient inquiétée par leur indifférence, comme s’ils n’avaient rien à voir avec tout ça et ne se souciaient aucunement de leur camarade. »
Les parents consultent nombre de spécialistes « Le professeur avait finalement émis l’hypothèse que l’un des deux avait sur son frère un ascendant qui lui permettait de remporter toujours son adhésion. « Je ne pense pas me tromper, avait-il expliqué à Sophie et Philippe, en disant qu’ils forment un couple atypique, avec un dominant et un dominé. Mais il est impossible aujourd’hui de déterminer lequel, de Franck ou Antoine, domine l’autre. »
Même le médecin gynécologue, Catherine DAOUT, qui a effectué la fécondation sur la mère des jumeaux est appelée par les parents lors de leur adolescence : « Le plus terrible était qu’elle avait l’impression de ne plus jamais savoir lequel des jumeaux se trouvait en face d’elle. Leur ressemblance était toujours aussi absolue après toutes ces années. Elle glissa vers la certitude que l’un des deux frères était un être pervers et dangereux qui se servait de son double jumeau pour se protéger. Elle oscillait de l’un à l’autre, se posait mille questions, tendait des pièges pour les prendre en défaut, sans parvenir à trancher. »
Catherine Daout est également intégrée à l’enquête, et permet d’apporter des informations capitales qui finissent par forger l’intime conviction du commissaire divisionnaire Laforge. Mais un coup de théâtre vient tout bouleverser…
J’ai beaucoup aimé les descriptions des comportements de chacun de protagonistes de cette histoire : les jumeaux bien sûr, mais également les policiers, décrits avec leurs forces mais plus précisément leurs faiblesses, les rapports entretenus au sein de l’équipe d’enquête, notamment la relation entre le commissaire Laforge et son adjoint le commissaire Brunet, faite de respect mais jamais familière. Une enquête qui détruira des hommes. C’est très bien construit, jusqu’à la fin que j’avais un peu devinée, mais qui reste dans la droite ligne de ce qui précède. Un bon polar… limite un thriller psychologique, qui se lit très vite, et qui ne donne pas du tout envie d’avoir des enfants… !