Katarina Bivald
2016
Editions Denoël, 458 pages
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Anita est une mère célibataire de 38 ans, installée dans sa petite vie tranquille auprès de sa fille Emma, avec son travail à l’Extra-Market, dont les employées Pia et Nesrin sont presque ses seules amies, qu’elle retrouve le soir pour boire un verre au bar surnommé Le Réchaud à alcool.
Mais tout s’écroule lorsque sa fille de 18 ans décide de continuer ses études loin de chez elle : Anita se retrouve seule, tourne en rond chez elle, compte les heures, remplit son frigo sans rien manger…
« Etre une mère célibataire avec enfant est une chose, être une mère célibataire sans enfant en est une autre. Toute cette énergie dépensée pour rien. »
Elle se rend compte qu’elle ne peut vivre ainsi et qu’il lui faut trouver d’autres centres d’intérêt. Alors elle décide de réaliser les rêves qu’elle avait lorsque sa grossesse prématurée a mis fin à ses projets : apprendre à conduire une moto, acheter une maison et devenir complètement indépendante.
Elle est déjà indépendante, elle n’a pas assez d’argent pour acheter une maison, la seule possibilité reste donc d’apprendre à conduire une moto.
Anita se lance donc, apeurée à l’idée de se trouver à manœuvrer un engin aussi lourd, elle qui n’a même pas son permis auto. Et se rend compte qu’elle aime ça : « J’ai été assise sur cette moto, je me dis en la regardant avec amour. Maintenant qu’elle est à l’arrêt à côté de moi c’est encore plus incompréhensible. Soudain le monde a changé. Les couleurs sont plus fortes, les contours plus nets, les rayons du soleil plus éblouissants. C’est comme si j’avais porté des lunettes de soleil pendant tellement longtemps que j’avais oublié l’intensité des couleurs qui m’entourent. » C’est là aussi qu’elle fait la connaissance de Lukas, son moniteur, dont elle tombe éperdument amoureuse, tout en n’attendant rien de lui, car il a dix ans de moins qu’elle.
Et tout s’enchaîne, on lui demande de participer à l’organisation de la « Journée de la Ville », elle renoue avec sa mère sénile, elle s’ouvre aux autres et finit par assumer ses choix et s’affirmer, et peut-être va-t-elle finalement voir s’ouvrir des portes qu’elle n’imaginait même pas quand elle a décidé d’envoyer « tout balader » : « J’ai parfois l’impression que ma vie est une pièce de théâtre à petit budget qui n’a pas les moyens d’avoir une scénographie assez importante pour créer des décors différents. Toutes les scènes se jouent soit dans mon appartement, soit à l’Extra-Market, soit au Réchaud à alcool. Mais soudain sont venus s’ajouter la moto-école, les routes, le relais motard, (…).»
Un roman feel-good, plein d’humour et de tendresse, narré à la première personne par l’auteure de « La Bibliothèque des cœurs cabossés ». Un peu moins réussi, car un peu long par moments, mais où se mêlent avec bonheur les thèmes du départ des enfants, de l’approche de la quarantaine, de la maladie des parents, de l’amitié et de l’amour à ce tournant de la vie : ce qui fait qu’on n’est plus seulement une mère ou une fille, mais simplement une femme qui a des rêves et souhaite les réaliser.