UN VENT DE CENDRES

Sandrine Collette

2014

Editions Denoël, 255 pages

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Première lecture d’un roman de Sandrine Collette… et pas déçue du tout !

Octave, Andreas et Laure ont subi un terrible accident de voiture voilà 10 ans. Laure en est morte.

A présent, Octave accueille chaque été des vendangeurs, dont cette année, Malo et sa sœur Camille.

Mais Malo trouve étrange la fascination d’Octave pour Camille, même si celle-ci est partagée entre « attirance et répulsion » en raison de la balafre d’Octave. Jusqu’à ce que Malo disparaisse après une dispute.

Des battues sont organisées pour retrouver Malo… sans succès. Une ambiance malsaine s’installe, Camille se sent épiée par Octave. Tous pensent que Malo est parti. Seule, Camille s’obstine. Jusqu’à découvrir le secret du maître des lieux.

Un roman dérangeant, horrifiant. Des descriptions du paysage alentour parfois pleines de douceur versus une histoire abominable. Tout est juste, les mots servent pleinement la tension instillée par l’auteure. L’impression d’être là, dans la tour, dans la vigne, dans le pressoir, tous les sens en alerte. Un suspense haletant, une fin incroyable.

Et une envie de découvrir d’autres livres de cette auteure, s’ils sont de même facture.

CITATIONS

« Quelque part un très léger sifflement émerge. Malo se redresse avec peine, tend l’oreille. Un oiseau de nuit. Des craquements, des bruissements. Il n’aurait pas dû s’arrêter, à présent il guette ces bruits autour de lui. Imagine n’importe quoi. La forêt regorge de sons qu’il ne connaît pas, étranges et hostiles. Un sifflement ? il secoue la tête, incrédule, vaguement inquiet cependant. Et puis quoi, peut-être ce début de migraine qui lui tape le front. Non ce n’était pas un oiseau. Ça ne lui ressemblait pas – pour ce qu’il en sait. Une illusion alors. Un jeu de son cerveau embrumé. Voilà, oui. Oublie.

Sauf que cela recommence. »

« De nuit en nuit les visites continuent. S’accélèrent. Le visage indéfinissable dans le dortoir sans lumière, la respiration silencieuse mais hachée.

Elle se prend la tête dans les mains, essayant d’atténuer le frisson de peur. Pourquoi il la surveille, qu’est-ce qu’il lui veut ? Elle comprend qu’ils sont l’un et l’autre bien au-delà d’une possible histoire qui se cherche. Bien plus profond. Et bien plus grave. »

« Ils discutent un moment de la journée, lapant leur verre à petites gorgées. Camille essaye d’écouter, l’attention flottante, distraite par le regard d’Octave. Ce regard avide et dérangeant qu’elle cherche en même temps qu’il l’intimide, et qui la coince là entre le mur et Lubin, et qui la dévore. Il faut que George et Lubin soient méchamment absorbés par leur conversation pour ne s’apercevoir de rien, et parce qu’ils s’en moquent aussi, seul le raisin compte, le raisin à coups de quatre tonnes déversées dans la maie, le jus de la cuvée et le jus de la taille, le taux de sucre cette année. Non, ils ne voient rien de ce qui se joue à un mètre d’eux, ne sentent rien de la tension pourtant palpable, électrique, qui s’est établie entre Camille et Octave, parce que c’est impossible aussi, elle est si jolie, ça ne les effleure même pas. Et quand ils repartent vers le pressoir ils les oublient tout simplement. Pas même un mot pour dire : On y retourne, faut surveiller. Pas un regard envers ces deux êtres qui n’existent plus pour eux et qui restent seuls face à face, silencieux et figés. »

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FAMILLE PARFAITE

Lisa Gardner

2015

Albin Michel, 509 pages

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Une famille de Boston, Justin le père, Libby la mère, Aschlyn la fille de 15 ans, a disparu vendredi soir à son domicile, sans effraction, sans témoin. L’enquêtrice privée Tessa Leoni, personnage récurrent des livres de Lisa Gardner, est dépêchée par l’entreprise en bâtiment dont Justin est le patron pour travailler auprès  de la police locale et du FBI.

Et les enquêteurs apprennent vite que tout n’était pas si rose dans la petite apparence parfaite de la famille Denbe : Justin trompait sa femme, celle-ci noyait son chagrin dans les médicaments, et tous les deux avaient perdu le lien avec leur fille. Mais pourquoi les enlever ? Vengeance personnelle ? professionnelle ? L’entourage de Justin est en effet issu de milieux plutôt louches.

Jusqu’à ce que les ravisseurs fassent leur demande de rançon.

Le roman est construit, comme bien souvent chez Lisa Gardner, par l’alternance de chapitres à la première personne, la narratrice étant ici Libby, et du récit de la progression de l’enquête de police.

C’est d’autant plus intéressant qu’on sait grâce à Libby où sont maintenus les membres de la famille, la manière dont ils sont traités par leurs ravisseurs, mais quasiment jusqu’à la fin du livre, on n’a aucune information sur la raison de ce rapt. C’est très violent, rapide, les actions se déroulant principalement sur 4 jours. On assiste à la désagrégation de ce qui restait de la famille, et puis au sursaut de vie, car ils veulent s’en sortir, notamment pour leur fille.

Même si j’avais deviné une partie de la fin, il y a un très bon suspense et beaucoup d’humour dans ce livre (notamment lorsque Tessa interroge le coiffeur de Libby : « Ce qui lui a valu d’être présentée à James Farias, un des plus beaux spécimens de mâle qu’elle ait jamais rencontrés. Balayage blond, mâchoire carrée, barbe naissante taillée avec art, regarde bleu perçant, le tout avec des épaules et des bras sculptés comme on en voit rarement ailleurs qu’à Hollywood. Malheureusement pour elle, elle a comme l’impression que la nature ne lui a pas donné l’équipement nécessaire pour attirer l’attention de James. Encore une raison pour laquelle Sophie restera fille unique. »), ce qui permet de relâcher un peu la tension.

Lu très vite… car j’avais hâte d’arriver au dénouement, et je n’ai pas été déçue.

Citations : « quelques cas d’homicide involontaire commis au volant d’une voiture, notamment celui d’une femme de 80 ans qui jurait avoir roulé sur son mari de 85 ans par accident. Trois fois. On avait découvert qu’il approuvait avec la voisine de 70 ans. Une dévergondée, avait déclaré l’épouse, sauf qu’on avait plutôt entendu défergondée, parce que avant de rouler « accidentellement » sur son mari à trois reprises, elle n’avait pas pris la peine de chausser son dentier »

« Une bonne coupe de cheveux, ce n’est pas important pour les cheveux, chérie, mais pour la femme qui est en dessous. Si vous la négligez aujourd’hui, demain vous ne pouvez pas reprocher aux autres d’en faire autant. »

« Bien sûr, des inconnus peuvent faire du mal. Mais les gens que vous aimez font ça tellement mieux… »

MAI 2018

Bilan faste… avril ayant été un mois de découvertes géographiques (comprendre vacances!), je me suis rattrapée en mai. Même si toutes les chroniques n’ont pas encore été publiées, et que j’en publie sur des livres lus précédemment, voici le bilan des livres réellement lus en mai :

Histoire :

  • Le liseur     Bernhard Schlink

Polars/thrillers :

  • QUI?                   Jacques Expert
  • Week-end Osterman        Robert Ludlum  (relecture)
  • Le secret des glaces          Philip Carter
  • Une âme de trop     Brigitte Aubert
  • Pas de pitié pour Martin   Karin Slaughter
  • Avant d’aller dormir    S. J. Watson   (relecture)
  • Qu’est-ce qui fait courir Jane ?       Joy Fielding   (relecture)
  • La maison d’à côté   Lisa Gardner
  • Deux gouttes d’eau   Jacques Expert
  • Un vent de cendres     Sandrine Collette
  • Famille parfaite     Lisa Gardner
  • En un monde parfait       Laura Kasischke

Romance :

  • La bibliothèque des cœurs cabossés               Katarina Bivald
  • Le jour où Anita envoya tout balader           Katarina Bivald
  • Les fleurs sauvages des bougainvilliers       Katherine Scholes
  • Le secret de la manufacture des chaussettes inusables    Annie Barrows

Jeunesse :

  • Suzie      Sophy Henn

Théâtre :

  • Et pendant ce temps, Simone Veille!   Collectif Pompon

BD :

  • L’air de rien            Aude Picault

TA NOUVELLE VIE COMMENCE ICI

Véronique Masagu

2018

Auto-édition

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Un grand MERCI à @veroniquemasagu_auteur pour m’avoir fait connaître sa dernière création !

Passés les premiers moments de gêne avec la lecture sur pc (ni mon mobile, ni ma tablette ne voulaient charger le fichier, snif !), j’ai été séduite par la fraîcheur de l’histoire contée.

Solène n’arrive pas à surmonter la perte de son époux, décédé trois ans auparavant. Elle déploie donc toute son énergie dans son métier de découvreuse de talents chez Albin Michel, mais n’a plus de vie sociale, à part son couple d’amis Didier et Alex.

A la veille de son anniversaire, elle reçoit un courrier d’un notaire et découvre qu’elle hérite d’une propriété sur l’île de Bréhat. Pourquoi ? Qui est cette généreuse donatrice ? Quand elle le comprend, toute la forteresse qu’elle s’était construite s’effrite, elle doit reprendre le cours de sa vie avec de nouvelles bases qu’elle n’avait pas imaginées. Et puis, cette île de Bréhat recèle peut-être des promesses de bonheur, qui sait ? Un homme, Erwan,  un peu frustre d’abord, semble néanmoins s’intéresser à Solène et se rapprocher d’elle. Le prélude à une nouvelle vie, un défi pour des âmes abîmées.

La narration du début du livre ressemble à la vie de Solène : au travers de phrases très courtes, on devine la rigueur, l’impossibilité à se laisser aller pour ne pas sombrer, tout est dans l’essentiel, pas de place pour le futile. Puis, petit à petit, l’écriture se fait plus douce, plus harmonieuse, et la vie de Solène aussi, on la sent se détendre, se laisser porter, reprendre vie. On vit avec elle les instants où elle se confie sur la tombe de son mari, c’est très émouvant, cela m’a fait un peu penser au « Mec de la tombe d’à-côté ». J’ai bien aimé la description des difficultés rencontrées pour prendre un nouveau départ lorsque la vie ne vous a pas épargné, que ce soit du côté de Solène ou d’Erwan, la difficulté à comprendre les blessures de l’autre. Et la place de l’amitié aussi, quelquefois plus prégnante que toutes les relations familiales !

Lu très vite, une jolie découverte, à vos tablettes !!!