HELENA

Jeremy Fel

732 pages

Editions Payot et Rivages, 2018

Je remercie BePolar et les Editions Payot et Rivages pour m’avoir permis de découvrir ce roman et son auteur.

Lecture commune avec Nathalie du blog nathlivres.webnode.fr

Helena. Par où commencer? Dire qu’il s’agit d’un polar serait réducteur. Dire qu’il s’agit d’un thriller psychologique aussi.

En fait, pour moi il s’agit d’un roman inclassable : une étude de mœurs, des violences qui se répercutent et se font écho, des ombres cauchemardesques qui se jouent du mental.

Car ce sont des destins qui s’entrecroisent, qui n’auraient jamais dû se rencontrer et pour une seconde, leur vie va changer à tout jamais : une jeune fille, Hayley, partie pour un stage de golf ; une femme, Norma, attachée à faire réussir sa petite fille Cindy ; son jeune garçon Tommy torturé par ses démons ; son autre fils, un jeune homme, Graham, qui voudrait seulement vivre sa vie. Une voiture qui tombe en panne, un simple accident de la vie, vraiment ?

Mais ce n’est pas tout à fait cela non plus. Car en fait, chaque protagoniste porte en lui les stigmates d’un passif compliqué, difficile, qui influence son comportement actuel. Sans ce passif, rien ne serait dans doute arrivé.

Et puis, le fait d’être dans le Kansas, dans une petite ville où toute activité est scrutée, où la poussière règne en maître, où rien ne bouge, les champs à perte de vue, a son importance aussi.

Le début est très lent. La mise en place des personnages, les détails. On se croirait dans un film sur la vie au Kansas, les riches, les pauvres, la jeunesse dorée et l’autre. Il y a un récit dans l’actualité des personnages, où l’action est haletante, mais également des pauses narratives grâce à l’exposé de leur passé. On attend quasiment 200 pages avant d’être vraiment lancé dans l’histoire, et qu’on ait hâte d’en finir.

Roman très violent – sans avertissement préalable dès le premier chapitre – dans les gestes et dans les pensées, roman choral puisque chaque chapitre relate ce qui arrive à un des protagonistes. Roman horrifiant quand on en arrive à regarder derrière soi ou à scruter l’ombre quand le plancher craque. Roman émouvant aussi, parce qu’on éprouve de la compassion pour les exactions subies, mais du dégoût pour les mêmes qui deviennent à leur tour bourreaux.

C’est un livre tout à fait déroutant, je ne m’attendais pas du tout à cela. La facture est différente des livres du genre : il n’y a pas de coupable à rechercher, pas d’implication de la police. Le lecteur est juste spectateur (j’emploie ce mot à bon escient, tant les détails sont nombreux et permettent de visualiser les scènes racontées), sans pouvoir intervenir… fi de la justice, fi de la morale, juste les faits.

Un roman finalement très dérangeant, et c’est sans doute la réussite de l’auteur que d’avoir su combiner l’histoire de vies qui s’entrechoquent avec une réflexion sur le rôle des parents, des mères surtout.

Mais même après quelques jours de « digestion », je n’arrive toujours pas à décider si je l’aime ou non.

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2 réflexions sur « HELENA »

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