Triptyque

Karin Slaughter

554 pages

Harper et Collins Poche, 2018

Deuxième semaine du challenge The Black November 2018, la consigne était de lire un policier/thriller ayant un mot dans le titre.

J’ai choisi ce livre car c’est le premier opus de la série des enquêtes de Will Trent. J’ai lu certaines de ses enquêtes suivantes, mais j’avais envie de découvrir les premiers pas de ce personnage dans l’univers imaginé par Karin Slaughter.

Triptyque, c’est la rencontre de trois hommes : John Shelley, qui vient de sortir de prison après vingt ans d’enfermement à la suite d’un meurtre profondément sauvage qu’il a toujours nié avoir commis, un inspecteur de police, Michael Ormewood, et Will Trent, agent du bureau fédéral d’investigation de Georgie (GBI).

La ville d’Atlanta sert de cadre à l’histoire.

Et cette histoire débute par la découverte du corps d’une prostituée dans un immeuble délabré. L’inspecteur Michael Ormewood est chargé de l’enquête, mais d’autres agressions barbares, sur de très jeunes filles, ont été commises récemment et Will Trent vient alors en appui de la police d’Atlanta.

Or, les mutilations observées sur les corps des victimes sont semblables à celles portées sur l’ancienne petite amie de John Shelley, fils d’un avocat qui l’a renié après l’agression qu’on lui a attribuée. Et John vient de sortir de prison, c’est donc le coupable tout trouvé.

On suit ainsi dans le livre, en alternance, l’enquête de Michael et Will, et les agissements et pensées de John, avec notamment des retours sur son adolescence et ses débuts en prison. Seules sa tante Lydia et sa mère l’ont soutenu dans son combat pour faire reconnaître son innocence.

Aujourd’hui, si John sait qu’il doit se tenir à carreaux pour ne pas retourner derrière les barreaux, son objectif est aussi de retrouver le véritable meurtrier de sa petite amie. Mais il découvre que son identité a été usurpée, ce qui représente un danger pour sa liberté conditionnelle.

Michael et Will mènent leur enquête auprès des prostituées et des dealers, mais leur vie privée est également affectée par les affaires.

D’autres policiers interviennent à leurs côtés, dont Angie, une inspectrice qui a travaillé auparavant avec Michael, et qui semble déjà connaître Will.

Je ne souhaite pas en écrire plus pour maintenir le voile sur l’intrigue policière.

Mon avis sur ce livre est assez mitigé : je suis satisfaite d’avoir fait plus amplement connaissance avec les personnages de Will (que je trouve toujours aussi touchant) et Angie, récurrents dans les livres de la même série. Mais j’ai également été gênée parce que j’avais trouvé l’identité du coupable bien avant que ce ne soit indiqué, car on l’apprend à peu près à la moitié du livre. Il m’a ainsi été très difficile de m’accrocher à la deuxième moitié pour connaître le dénouement, puisqu’il y avait beaucoup moins de suspense (j’aimais bien l’inspecteur Columbo… mais quand j’étais beaucoup plus jeune!).

J’ai surtout continué ma lecture parce que cela m’apportait un jour nouveau sur les relations futures entre Will et Angie.

Il y a de bons moments, mais je trouve l’ensemble assez inégal – très lent ou au contraire très tendu – et cela m’a déçue.

Donc, pour moi ce n’est pas le meilleur de la série, à lire cependant si vous souhaitez entamer la série qui comporte de très bons opus.

PS : Ah me direz-vous, et pourquoi le roman s’intitule-t-il Triptyque ?

Lisez au moins jusqu’à la page 353 de cette édition, et vous comprendrez! 😉

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Comme une ombre

Pascale et Gilles Legardinier

286 pages

Flammarion/J’ai Lu, 2018

Incluse la nouvelle « Mange le dessert d’abord ».

Réédition d’un roman écrit à quatre mains en 2001, Comme une ombre est le fruit, ainsi que Gilles Legardinier l’explique en préface, d’un concours de circonstances et d’un pari avec son éditeur : écrire avec sa femme un « roman à l’eau de rose » à la façon de Barbara Cartland, mais qui ne soit pas trop neu-neu tout de même!

Pari réussi!

On retrouve tous les ingrédients du court roman d’amour : la fille à papa aventureuse et désobéissante, le jeune et bel homme prêt à voler à son secours, les méchants, des gentils, un cadre idyllique et ensuite un cadre effrayant.

Alexandra Dickinson est la fille d’un homme d’affaires. Elle a 25 ans mais ne sait pas encore trop quoi faire de sa vie. Alors elle voyage, elle fait des rencontres, des recherches, elle retrouve des amis éparpillés aux quatre coins du monde. Mais comme son père est très riche, il a peur pour elle, et il l’affuble d’un garde du corps qu’elle prend un malin plaisir à semer en permanence.

Papa Dickinson n’étant pas très rassuré après la démission du dernier garde du corps désabusé, va en chercher un autre avec un peu plus de poigne, Tom Drake.

Évidemment Alexandra n’est pas vraiment satisfaite de la situation et va essayer de s’en prendre à lui de sa manière habituelle. Sauf que Tom n’a rien à voir avec ses collègues, Alexandra va en avoir très vite la preuve! Car le méchant rôde, à l’affût de sa proie… Et c’est peut-être elle qui sollicitera l’aide de son garde du corps finalement… ou peut-être qu’une tendre entraide sera rendue obligatoire par les événements.

Du vrai roman à l’eau de rose!

Mais c’est bien écrit, les descriptions de paysages à Rio et Marrakech notamment, c’est agréable à lire, pas de prise de tête, le lecteur se laisse porter par l’histoire qu’il s’attend à voir bien finir. Donc une parenthèse sympathique entre deux pavés plus ardus ou des thrillers angoissants!

PS. Cette édition comporte une nouvelle (en fait quelques souvenirs de repas) éditée précédemment pour les Restos du Cœur, très touchante car pleine de tendresse… à ne pas rater!

La vie a parfois un goût de ristretto

(Trois jours à Venise)

Laurence Vivarès

216 pages

Éditions Eyrolles, 2018

Merci aux éditions Eyrolles et à Babelio de m’avoir fait parvenir cet ouvrage dans le cadre de la rencontre avec l’auteur Laurence Vivarès prévue le 7 novembre 2018.

Un petit séjour à Venise vous tente, suivez la guide ! La guide c’est Lucie, mais ce peut être aussi Angelo…

Lucie est styliste, elle conçoit surtout la vie et ses collections en noir et blanc et a décidé de revenir passer quelques jours à Venise pour exorciser ces souvenirs.

Lucie revient en effet à Venise comme sur les lieux d’un crime. Le crime c’est la mort de son amour avec Laurent qui s’est jouée six mois plus tôt, au printemps. Laurent qu’elle adorait mais qui la maintenait à distance. Et si leurs vies se sont éloignées, Lucie n’arrive pas à digérer la rupture.

Alors, de retour à Venise sous la pluie de novembre, ainsi que le montre la très belle couverture de ce roman, elle déguste du café, et parcourt tristement les rues autrefois illuminées de soleil.

Mais l’époque permet aussi aussi des rencontres inattendues : une vieille librairie tout d’abord, où on lui parle d’une écrivaine qui lui ressemble, Luna Alba.

Un jeune photographe français, Paul, qui préfère les pigeons aux êtres humains puis un architecte, Angelo, qui va lui montrer la ville sous un nouveau jour, avec des bottes en caoutchouc!

A nouveau l’occasion de goûter du café, de s’intéresser à l’histoire de Venise, ville de musique, de peinture et de sculptures. Et d’y faire connaissance avec Monica, une femme aveugle qui « regarde » la vie autrement.

Dès le deuxième jour, la lumière et les couleurs commencent à s’insinuer en Lucie, comme happée par la beauté d’une Venise qu’elle n’avait su voir, trop obnubilée par sa relation à Laurent.

Angelo, par sa façon douce et respectueuse, emplie d’un humour charmant et non rabaissant, lui fait entrevoir d’autres façons d’envisager l’existence. Venise, ville où se défont les amours, y compris les plus célèbres, comme celles de George Sand et Alfred de Musset, pourrait bien redonner un sens à la vie de Lucie, bloquer son cerveau toujours prompt à faire des noeuds et l’inciter à lâcher prise, enfin!

Une très belle écriture, des épigraphes inspirées, de très jolies descriptions, l’impression de suivre un guide au sein de Venise que je ne connais pas, qui donne envie d’aller visiter la ville, de l’explorer et d’en admirer non seulement les apparences mais aussi tout ce qui fait son identité propre et tout ce qui est intérieur, tout ce qui fait ce qu’elle est, grâce notamment à ses habitants… et de goûter ce café, noir et serré, le fameux ristretto, savouré à de nombreuses reprises dans ce livre, mais également additionné d’autres substances qui semblent dénouer les langues!

Quelle bonne idée de sortir un ouvrage qui se passe en novembre juste au moment de l’acqua alta à Venise!