Une vraie famille

Valentin Musso

Interprété par Marc-Henri Boisse

53 plages, 10 h 10

Sixtrid Éditions, 2016

Lecture audio en parallèle du challenge The Black November, pour rester dans l’univers du thriller.

L’histoire s’ouvre sur un prologue plein de violence. Un jeune homme très sûr de lui, très froid, va exterminer d’autres jeunes gens au sein d’une université.

Sans transition, le premier chapitre expose la vie de François et Mathilde Vasseur qui vivent à Quimperlé, dans leur maison de campagne, presque retapée.

On en retient la pluie, une pluie d’hiver, pas simplement une bruine ou un crachin, non, une vraie pluie et une vie très réglée. François est un érudit, Mathilde tient sa maison à la perfection.

Mais cette vie va être chamboulée par l’arrivée d’un jeune homme, qui va aider François tombé en panne de voiture. François pense que le jeune homme a besoin de travailler et il va lui demander d’effectuer de menus travaux dans le jardin, puis dans la maison et bientôt Ludovic, ainsi dit-il se prénommer, va devenir presque indispensable. Malgré tout sa présence pèse au couple. En effet, que savent-ils de ce Ludovic, qui semble prendre ses aises un peu plus chaque jour ?

Valentin Musso distille savamment des mots et des phrases qui rendent l’atmosphère malsaine : on se demande avec François et Mathilde d’où vient Ludovic, ce qu’il leur veut vraiment, tout en s’inquiétant comme leurs voisins de leur regrettable naïveté d’avoir ouvert leur porte à un inconnu. Tour à tour, le lecteur est troublé par les relations qui se mettent en place et la vision des différents protagonistes. Et là c’est la fin de la première partie!

Car il est impossible d’en écrire plus sans spolier l’histoire, et ce serait bien dommage !

Jusqu’au dénouement final! Waouh… On ressort un peu déboussolé de ce livre, avec une espèce de perte des repères

Je suis ravie d’avoir enfin lu Valentin Musso, et cela me donne envie d’en lire d’autres.

Je ne peux que conseiller la lecture de ce thriller excellent, un vrai coup de cœur!

Leona : la fin justifie les moyens

Jenny Rogneby

Traduit du suédois par Lucas Messmer

540 pages

Pocket, 2018, Presses de la cité 2017

Leona, la policière aux méthodes très particulières, revient dans un deuxième opus.

Divorcée, criblée de dettes, son usurier lui met la pression pour être remboursé. Alors Leona va mettre au point un coup imparable. Mais pour cela, elle va devoir s’entourer de complices. Quoi de mieux que d’organiser des petits cours du soir à l’usage exclusif de malfrats déjà aguerris et qu’elle pourra utiliser pour commettre son méfait!

Cependant, en parallèle, sa vie de policière continue. Une attaque à la bombe a en effet visé le parlement et le principal suspect, Fred, qui s’en est sorti très amoché, est dans une chambre d’hôpital. Leona est chargée de l’interroger sur ses potentiels complices et risques de commission d’autres attentats.

Mais voilà que Fred refuse de répondre, que l’usurier de Leona la menace ainsi que sa famille, et que les petits plans de la jeune femme ne tournent pas comme prévu.

J’ai trouvé amusant, comme dans le premier tome, de retrouver la policière toujours à la limite de la légalité, voire même dans l’illégalité la plus totale. Les cours du soir sont intéressants, les histoires parallèles sont plutôt bien ficelées.

Mais il y a de nombreuses longueurs dans l’ensemble et j’ai eu beaucoup de mal à terminer ce livre. J’ai failli l’abandonner en chemin car le rythme était insuffisamment soutenu à mon goût.

Je ne regrette cependant pas d’avoir lu ces deux tomes.

Citations

« Je l’ai observée. Peut-être n’était-ce qu’un hasard que je sois assise de ce côté de la table, et elle de l’autre. Une fois de plus, j’ai été frappée par la fine frontière qui séparait les policiers des criminels.

Le désir d’adrénaline. La sensation de détenir le pouvoir sur d’autres personnes. La proximité de la violence. Les deux métiers étaient très similaires, mais leurs idéologies étaient diamétralement opposée. En outre, d’un point de vue purement financier, à niveau de compétences égales, un agent de police était toujours plus pauvre qu’un criminel.

La vie de policiers était palpitante les trois ou quatre premières années. Passé cette période, j’en avais très vite été blasée. La réglementation était si stricte que notre impact était quasi inexistant. Dans le monde criminel, on était libre. On se fixait ses propres limites. »

Tromper la mort

Maryse Rivière

373 pages

Éditions Arthème Fayard, 2014

Prix du Quai des Orfèvres 2015

Deuxième lecture de la quatrième semaine du challenge The Black November 2018, thriller/policier écrit par une auteure française.

Alors… par où commencer… Bon allez… j’y vais!

Premièrement, je ne savais pas qu’il s’agissait de la suite d’un précédent roman policier. J’avais bien compris que certains faits s’étaient passés précédemment, mais quelquefois les auteurs utilisent des figures de style pour expliciter un peu le contexte. Que nenni ! J’ai enfin réalisé ma méprise au bout de 200 pages, durant lesquelles je me suis plutôt traînée, car pas vraiment embarquée par l’histoire.

Deuxièmement, l’histoire donc. Ce pouvait être très intéressant, avec Yann Morlaix, ce Français-libraire-tueur en série qui navigue dans un univers de citations et de gangsters depuis qu’il a pris la fuite pour l’Irlande et qu’il est devenu le convoyeur d’un chef local, ancien membre de l’IRA. Sauf que le personnage de Morlaix n’est pas suffisamment abouti à mon goût, et qu’on se perd dans ses vraies raisons de tuer.

Troisièmement, l’IRA. L’irruption dans le livre de l’armée révolutionnaire moribonde mais renaissante via une vengeance tardive, et la nécessité de faire disparaître une jeune femme pour ne pas laisser de traces, en faisant appel au tueur en série, tout cela m’a laissée de glace. Alors que le sujet mérite qu’on s’y arrête et qu’on le décortique un peu.

Quatrièmement, *attention spolier* le portefaix qui se retourne contre son patron, au nom de l’honneur pour sauver la demoiselle en détresse… Un peu trop convenu, non ?

Cinquièmement, je vais m’arrêter là…

Je suis très déçue car je pensais découvrir une histoire qui m’aurait embarquée, oui tous les ingrédients étaient en place pour me plaire : un érudit, tueur en série de surcroît, l’Irlande sur laquelle j’ai beaucoup lu précédemment, une coopération policière, une petite romance, des malfrats et un fond politique…. et là je suis restée à côté!

Dommage, l’idée de départ m’avait séduite. Ou alors peut-être ai-je lu trop de bons polars ces derniers temps et que celui-ci est en dessous pour moi. Il a dû séduire d’autres lecteurs, sans doute, puisque le livre a été primé!

Citations

« Les regards étonnés de ses dernières victimes lui revinrent à l’esprit : Deirdre, Aoife, Brigid, Aine enfin. Des noms d’héroïnes légendaires, car la beauté, comme le diable, peut se loger dans le détail. « Si je ne peux fléchir les Cieux, je remuerai les Enfers ». Ériger le crime en œuvre d’art, c’était mieux que le crime parfait. Pendant quelques minutes, l’artiste maîtrisait le monde, le dominait. »

« Devenir un criminel, ça ne se décrète pas, c’est une réponse adaptée à des circonstances particulières. Le premier passage à l’acte vous rentre dans la peau, vous laisse un goût de sang dans la bouche, et vous ne voyez plus la vie qu’en rouge et noir. »

Des clous dans le cœur

Danielle Thiéry

396 pages

Librairie Arthème Fayard, 2012

Prix du Quai des Orfèvres 2013

Quatrième semaine du challenge The Black November 2018, thriller/policier écrit par une auteure française.

Enquête hors la série des Aventures du commissaire Marion, Des clous dans le cœur met en scène une équipe de la PJ de Versailles avec à sa tête le commandant Maxime Revel. Maxime Revel est un flic dans la cinquantaine, ravagé par des excès de boisson et de tabac depuis la disparition sans raison de sa femme Marieke, dix ans plus tôt.

Revel est entouré de Sonia Breton, d’Abdel Mimouni, d’Antoine Glacier, de Renaud Lazare.

Tandis que l’équipe enquête sur la mort d’un ancien chanteur à succès, des éléments d’une ancienne affaire (le meurtre d’un couple de cafetiers) refont surface. Cette affaire non résolue est toujours restée pour Revel comme « un clou qu’un mauvais plaisant s’amuserait à manipuler » car elle coïncide avec le moment de la disparition de Marieke. Revel, qui s’est toujours juré de faire toute la lumière pour lui et pour sa fille Léa, reprend de plus belle son enquête auprès des anciens protagonistes.

Son équipe très soudée va soutenir Revel face à l’adversité, et dans les enquêtes qui vont finalement être menées en parallèle. Les policiers vont devoir faire face à leurs propres limites, leurs peurs intimes pour se dépasser.

Il y a une vraie description des relations entre la police et la justice, au prix de services donnés et rendus tour à tour,

Un excellent polar ! On comprend pourquoi il a été primé, il n’y a pas de temps mort et la vie privée des protagonistes est tout aussi importante que les enquêtes menées. On s’attache très facilement aux personnages malgré les gros défauts de certains. Une enquête qui m’a réconciliée avec l’écriture de Danielle Thiéry.

Citations

« Renaud Lazare ressemblait à un lapin trop longtemps mariné dans le vin rouge. Ses yeux étaient injectés, sa bouche lui semblait bourrée d’étoupe et quelques troupeaux de gros animaux piétinaient son crâne, au dedans comme au dehors. »

« Un domestique, c’est un pot de fleurs avec des oreilles et une webcam. »