Serge Bloch
207 pages
Éditions du Seuil, octobre 2018
J’avais sélectionné cet ouvrage lors de l’opération masse critique de décembre 2018 et je remercie vivement Babelio et les Éditions du Seuil de m’avoir permis de le recevoir. Je n’en connaissais pas l’auteur mais j’espérais pouvoir le découvrir, car j’aime beaucoup les recueils de dessins de presse.
Un avertissement préalable : Il peut être délicat de critiquer ou d’analyser un livre comportant des dessins de presse. J’expose dans un éditorial dont le lien est ici (https://lirelanuitoupas.wordpress.com/2019/01/26/editorial-critiquer-et-analyser-un-recueil-de-dessins-de-presse-un-challenge-a-relever/)
quelle est mon approche personnelle dans ce cas particulier.
Ce qui a guidé mon choix pour Voler dans les plumes, c’était le fait d’avoir des oiseaux comme porte-paroles ou messagers des idées du dessinateur.
La couverture
Sur un fond blanc, qui permet d’envisager le reste de l’ouvrage, on observe juste un dessin qui est très politique puisqu’il dénonce d’une certaine façon la non prise en compte de certaines difficultés d’une partie du monde face à une autre partie du monde. Le minimalisme dans les couleurs va se retrouver tout au long du du livre et si on a d’ailleurs du rouge sur la couverture, on ne retrouvera absolument pas cette couleur dans les autres dessins.
La forme
Dans le recueil, on découvre une majorité de dessins individuels et seulement sept planches sur deux pages.
Les dessins sont très dépouillés avec très très peu de couleurs : largement sur fond blanc avec des traits noirs très fins, quelques éléments sont colorés dans un vert/jaune indéfinissable.
Les bulles de commentaires sont soit mises en exergue soit au contraire placées en retrait du dessin, quelquefois certains dessins ne contiennent aucune bulle.
Et autant sur certains livres j’aime beaucoup les dessins très fouillés, autant je trouve qu’ici le dépouillement permet une lecture peut-être plus juste des messages que veulent faire passer les volatiles.
Le fond
Sur le fond comme je m’y attendais, des aspects politiques, sociaux, culturels, économiques et écologiques sont abordés, mais pas seulement. Au contraire, une large part est faite à l’anthropomorphisme grâce à des mises en situation des volatiles dans le cadre d’un cabinet de psychiatre, de médecin, dans un musée, et ces mises en scène sont assez drôles. J’ai beaucoup aimé aussi la part faite aux expressions ou à la mise en œuvre de fables. D’ailleurs, un de mes dessins préférés est celui de la page 124, où l’on voit trois oiseaux sur une branche qui observent un de leurs congénères qui est en train de scier une branche et déclinent chacun une expression (« Il scie la branche sur laquelle il est assis », « Il a perdu ses racines », « Il va se planter »), j’ai trouvé ça très drôle. Il y a quelquefois du sarcasme mais je n’ai jamais ressenti la moindre violence dans ces dessins où sont projetés les travers très humains, bien détaillés, mais tout est fait dans la douceur, la poésie. Un peu comme si on était sur une interrogation perpétuelle : « voilà il y a ça qui ne va pas, mais, mais finalement est-ce qu’on peut y faire quelque chose ? », comme une espèce de vision désabusée de la vie et de la société, véhiculée par les volatiles. Ainsi la thématique de la solitude, notamment au sein d’un groupe, et le désir de s’évader sont à plusieurs reprises évoqués.
Mon avis
J’ai apprécié de découvrir ces dessins et leurs messages, j’aurai plaisir à les revoir régulièrement, ils permettent de réfléchir à notre vie quotidienne via un prisme humoristique.
Un petit regret néanmoins : j’aurais bien aimé que soit mentionnée la date de parution de chaque dessin pour pouvoir le relier à un fait d’actualité ou une époque, ainsi que le journal de leur parution.