Promenez-vous dans les bois… Pendant que vous êtes encore en vie

Ruth Ware

Traduit par Séverine Quelet

380 pages

Fleuve Editions (Fleuve Noir), 2016

Un petit mot en préambule sur la jolie couverture de ce livre, façon miroir, mais qui ne facilite donc pas les photographies, car on se reflète dedans!

Leonora se réveille à l’hôpital, dans une semi-inconscience. Elle a été manifestement frappée, a eu un accident de voiture mais est couverte d’un sang qui n’est pas le sien. Elle se souvient de bribes d’informations, mais pas de ce qui l’a conduit dans cette chambre. Les dernières heures ont disparu de sa mémoire.

Alors, Nora commence par ce qu’elle fait le mieux, elle écrit. Elle relate ce qu’elle sait déjà pour provoquer l’émergence des souvenirs plus récents.

Au fur et à mesure de la remontée de ses souvenirs, on apprend qu’elle écrit des polars et qu’elle a été conviée à l’enterrement de vie de jeune fille d’une ancienne camarade d’école, Clare, dont elle ne voulait plus entendre parler. Après bien des hésitations, Nora s’y rend malgré tout avec son amie Nina, médecin, et les deux jeunes femmes découvrent une maison au milieu des bois, de la campagne anglaise, presque sans réseau téléphonique mobile. Flo, l’amie proche et assez hystérique de Clare, les accueille ainsi que Mélanie, jeune maman angoissée à l’idée d’être loin de son bébé durant le week-end, et enfin Thomas, jeune acteur gay, complète le cercle des invités.

L’auteure crée une atmosphère de tension accentuée par l’isolement des protagonistes dans cette maison peu accueillante, avec des remarques agressives qui fusent, et dont Nora se sent majoritairement la cible du fait de son passé commun avec Clare. Le lecteur comprend ainsi petit à petit pourquoi les liens se sont distendus entre les deux jeunes filles d’alors, et les raisons qui ont poussé Clare à inviter Nora. Celle-ci essaie de continuer à courir pour se détendre, et remarque alors des pas dans la neige. Le téléphone fixe est coupé et la sensation d’isolement et de malaise est exaspérée par l’attitude de Flo notamment, qui empêche toute velléité de départ avant la fin du week-end.

Nora, à force de chercher à se remémorer ce week-end, comprend avec horreur qu’un meurtre a eu lieu : horreur car elle ne sait pas qui en est l’auteur, et finit même par se demander si ce n’est pas elle qui l’a commis! Elle essaie tant bien que mal de collaborer avec la police, qui la considère comme un témoin majeur dans cette affaire.

Il serait dommage de donner plus d’informations, il vaut mieux les découvrir en lisant ce livre! J’ai bien aimé la montée de l’angoisse relatée par la narratrice elle-même auteure de polars, qui essaie constamment de se raisonner en accusant son imagination trop fertile, mais en décidant finalement d’accorder du crédit à son instinct. Jusqu’au dénouement que j’avais entrevu depuis longtemps (à force de lire des polars et des thrillers, justement, on finit par avoir l’esprit aussi tortueux que leurs auteurs 😊), mais qui me semble conforme à l’ensemble de la construction du livre.

Un moment de lecture plutôt distrayant.

Citations

« Cette immense baie donnait une étrange impression de mise à nu, comme si nous nous trouvions sur un plateau de tournage, à jouer notre rôle devant un public dissimulé dans les bois. »

« Je dois tenter de rassembler les faits.

Cependant, j’ignore si je me rappelle ce qu’il s’est passé, ou ce que je veux qu’il se soit passé. Je suis écrivain. Je suis une menteuse professionnelle. Difficile de savoir quand s’arrêter. On voit un blanc dans un récit, on le comble avec une raison, un mobile, une explication plausible.

Et plus je cherche, plus les faits se dissolvent sous mes doigts… »

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Et tu trouveras le trésor qui dort en toi

Laurent Gounelle

Lu par Ingrid Donnadieu

Audio 6 h 46, découpé en 34 plages

Audiolib février 2017, Kero

J’avais déjà lu un livre de Laurent Gounelle et bien aimé, donc je m’étais dit qu’en écouter un devrait être plutôt pas mal. Sauf que ça commençait par parler de religion, et que je n’avais pas envie de me plonger dans ces considérations. Mais je me suis laissée faire, et je n’ai pas pu le lâcher ensuite!

Ce livre raconte comment une jeune consultante athée, Alice, souhaite venir en aide à un ami d’enfance devenu prêtre, Jérémie, qui ne parvient pas vraiment à attirer des fidèles dans son église.

Alice va en effet mettre en œuvre des techniques de marketing et finalement se tourner elle-même vers la bible, les écrits asiatiques, … les érudits, pour mieux comprendre les croyances de son ami et approfondir des points qu’elle ne comprend pas. Elle expérimente ainsi des préceptes sur la pauvreté, l’ego, … se retrouvant parfois dans des situations humiliantes mais très drôles pour le lecteur.

Alice propose à Jérémie de modifier ses sermons, et il se heurte à la malveillance des bigotes de sa paroisse qui préfèreraient que les choses restent en l’état. Peu à peu, néanmoins, des transformations s’opèrent en eux et les fidèles deviennent plus nombreux à fréquenter l’église. Jusqu’à ce que….

J’ai trouvé intéressante la démarche d’Alice de ne pas opposer les religions mais de trouver leurs points communs, et de chercher à expérimenter par elle-même ce qu’elle en apprenait. Cela donne un livre profondément humain, qui explore les travers mais aussi les ressorts qui peuvent aider les relations à autrui. C’est bien écrit et j’ai beaucoup apprécié la voix de la comédienne qui jouait avec les histoires des uns et des autres. Un bon moment de lecture et de réflexion philosophique.

Citation

« Qu’il se croit supérieur à vous, c’est son problème, que ça vous fasse mal c’est votre problème. »

Ne me racontez pas d’histoires

Joy Fielding

Traduit par Elisabeth Galloy

415 pages

Le livre de Poche, 1995, Jean-Claude Lattès,1993

US book challenge :

livre 1 : État de l’Illinois/ une auteure américaine

Jess est substitut du procureur à Chicago, Illinois. Elle vit seule après son divorce dans un petit appartement avec un canari pour compagnon. Elle essaie notamment de poursuivre des auteurs d’agressions sur des femmes.

Une de ces affaires lui tient particulièrement à cœur. Connie a en effet été agressée chez elle, et a identifié formellement Rick Ferguson. Cet homme a proféré des menaces à l’encontre de Connie si elle allait jusqu’au bout de la procédure, et il a également commencé à suivre Jess dans la rue, le métro, dans sa salle d’audience pour l’intimider.

Comble du comble, l’avocat de Ferguson est l’ex-mari de Jess, Don, avec lequel elle entretient des relations amicales.

En parallèle de cette affaire, Jess se sent de plus en plus mal, est sujette à des crises d’angoisse qui la mènent au bord de l’évanouissement. Elle se reproche notamment la disparition de da mère, huit ans auparavant, qu’elle a refusé d’accompagner à un rendez-vous médical et n’a jamais plus revu. Jess masque ses sentiments à sa famille, ce qui la plonge dans ces crises et met à mal ses relations avec sa sœur Maureen, son beau-frère Barry et son père Art. D’autant que celui-ci vient de faire la connaissance d’une femme dont il tombe amoureux.

On suit donc Jess dans ses vies privée et professionnelle, avec une tension montante, car son appartement est « visité », qu’elle fait la connaissance d’un homme qui pourrait bien lui plaire mais qui lui cache des choses.

Un très bon thriller de Joy Fielding, conforme à la tournure psychologique des autres romans de cette auteure, et que j’ai lu très vite. Il ne faut surtout pas lire les toutes dernières pages au risque de tuer le suspense.