Michaël Jeremiasz
Écrit avec la participation de Virginie Troussier
221 pages
Hachette-Marabout, 2018
De Michaël Jeremiasz, je connaissais le jeu de raquettes, l’investissement dans les tournois de tennis fauteuil et la journée « Tous en fauteuil » de Roland-Garros. Et ce magnifique sourire lors des interviews autour de son sport de prédilection.
Découvrant ce livre mis à l’honneur par un membre de mon club de lecteurs, j’ai souhaité savoir qui se cachait derrière le sportif de haut niveau, et son rapport au handicap.
Dans cette biographie, Michaël Jeremiasz se dévoile enfant avec les liens familiaux très prégnants, notamment avec ses frères Benjamin et Jonathan. Une vie aisée mais surtout empreinte d’amour et de fureur de vivre.
Car avec ses frères et ses copains, l’adolescent va réaliser les quatre-cents coups. Jusqu’à ce terrible 7 février 2000, où une prise de risque un peu plus osée se termine en bas d’une piste de saut à Avoriaz. Il gît, tel un pantin désarticulé. Il a dix-huit ans et est devenu paraplégique : il ne sent plus rien en-dessous du nombril.
Une autre vie débute ainsi, celle de la reconstruction, avec l’appropriation de nouvelles capacités. Le soutien familial inconditionnel, l’entourage sont alors primordiaux, la vérité aussi : Michaël ne veut pas de pitié ni de faux-semblants.
Mais la fureur de vivre est toujours là, l’envie de se dépasser, aussi. Alors, le jeune homme va travailler dur pour rééduquer son corps meurtri et se lancer de nouveaux défis : être un athlète de haut niveau, parvenir aux sommets, transformer son handicap en possibilité. Toujours très entouré par sa famille, ses frères notamment et des amis, il renoue avec le tennis jusqu’à devenir champion du monde et champion olympique de tennis-fauteuil.
Parallèlement, il milite pour dépasser une certaine vision du handicap : pour cesser d’être pris en pitié, pour que la personne adulte plus précisément ne soit plus réduite à ce handicap mais au contraire considérée pleinement, pour que la société prenne en compte les difficultés -accessibilité, aménagements, … – mais sans l’œil réducteur qui est si souvent opposé aux personnes handicapées. J’ai été – à juste titre – choquée de la scène décrite par l’auteur dans laquelle un inconnu lui passe la main dans les cheveux…
L’envie de vivre qui a menée Michaël Jeremiasz au plus haut niveau le porte à présent, grâce à l’association qu’il a fondée avec son frère, à aider ceux qui voudraient accéder aux sports, à veiller aux durées de retransmission des jeux handisports, à prôner une vision différente du handicap.
J’ai aimé découvrir les diverses facettes de l’homme : le séducteur, le travailleur acharné, le militant.
J’ai trouvé intéressantes les citations de ceux qui ont côtoyé l’auteur en tête de chapitre. Je regrette néanmoins un manque de structuration dans la narration, les événements étant relatés un peu dans le désordre, je me suis souvent perdue dans la chronologie.
Reste le portrait d’un homme sympathique avec une vision très ouverte sur le handicap, dont j’aurai plaisir à suivre l’évolution dans la société.
Citation
« Être privé de l’usage de membres reste une punition qui invite à la ruse. Être privé d’un sens, c’est se trouver dans la nécessité de définir d’autres repères, de nouvelles façons de vivre, des curiosités gagnantes. Je suis diminué mais non résigné, j’explore l’espace différemment, dans ce mouvement intérieur volontaire. »