Sorry

Zoran Drvenkar

Traduit par Corinna Gepner

498 pages

Le Livre de Poche, 2012, Sonatine Éditions, 2011

Quatre jeunes gens – Tamara, Frauke, Kris et Wolf – qui se sont connus au lycée. Qui sont aujourd’hui dans une situation professionnelle dégradée. Alors qu’ils font le point sur leurs choix, ils décident de créer une entreprise qui s’excusera pour les professionnels qui ne peuvent le faire auprès de leurs salariés qu’ils ont malmenés.

Tandis que l’entreprise « Sorry » commence à prendre de l’ampleur, un nouveau client propose un contrat aussitôt accepté. Mais lorsque le commercial se rend sur les lieux, il découvre une femme morte, des photos de lui et ses associés, et des instructions pour faire disparaître le corps.

Commence ainsi une histoire de meurtres, d’emprise psychologique, que dis-je, des histoires, qui s’entrechoquent et entraînent le lecteur vers des sentiments contrastés. Les interactions entre les protagonistes, les personnalités qui se dévoilent face à l’indicible, la culpabilité, tout est formidablement traduit dans ce thriller.

C’est très bien écrit, l’alternance des chapitres concernant chaque personnage ainsi que le passé et le présent peut être difficile à suivre au début, mais ce premier livre très addictif me donne envie de lire « Toi », deuxième thriller de Zoran Drvenkar… dans quelques mois!

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Le miroir des âmes

Nicolas Feuz

262 pages

Éditions Slatkine & Cie, 2018

Je remercie les Editions Slatkine & Cie de m’avoir permis de découvrir mon premier livre du procureur suisse Nicolas Feuz.

Ouf ! Il m’a emmenée par bien des détours entre Neuchâtel et Lausanne, entre hôpital et maison de passe, tribunal et tourbières.

Un roman haletant, dans lequel un mystérieux tueur assassine ses victimes avec du verre de Murano, ce qui lui vaut son surnom de Vénitien.

En parallèle, la police enquête sur un attentat qui semble avoir été provoqué pour éliminer le procureur Jemsen. Celui-ci a perdu la mémoire et essaie de retrouver avec l’aide de sa greffière Flavie les liens entre des dossiers de personnes disparues.

On y croise aussi un proxénète mafieux, Berti, dont les méthodes expéditives avec ses « filles », dont Alba, font frémir d’horreur.

La police est sur les dents, le pouvoir fédéral s’inquiète.

Qui croire dans cet imbroglio ? Où est la vérité ? Surprise ! Car Nicolas Feuz a plus d’un tour dans son sac, et retourne le lecteur comme ses personnages!

Un très bon moment de lecture, un bon thriller, il n’y a qu’à se laisser porter.

Et j’ai hâte de lire la suite des aventures des principaux protagonistes.

La cerise sur le gâteau

Aurélie Valognes

407 pages

Éditions Mazarine, mars 2019

Mon premier Aurélie Valogne. J’avais croisé l’auteure, très sympathique, mais sans envie de lire un roman « feel good » à ce moment-là. Une amie en reconversion professionnelle me l’a prêtée. Et c’est tout l’intérêt de ce livre… parler des changements de vie et des bouleversements qu’ils entraînent.

Ici, Aurélie Valogne aborde le sujet de la retraite : comment un sexagénaire hyperactif et investi, Bernard, se voit montrer la porte de sortie par son employeur.

Son épouse déjà retraitée, Brigitte, a bien réussi cette étape et trouvé des activités qui l’occupent beaucoup.

Bernard trouve la transition bien compliquée, tourne en rond dans sa maison et pense que son employeur va le rappeler. Mais force est de constater que rien n’y fait.

Et puis les voisins de Bernard et Brigitte sont insupportables : bavards, médisants, ils jettent aussi leurs déchets n’importe où.

Alors, sur l’impulsion de son petit-fils Paul, Bernard décide d’investir une nouvelle occupation : la lutte pour la protection de l’environnement. Oui mais voilà, Bernard ne fait jamais les choses à moitié : il commence à révolutionner l’intérieur de la maison, au grand dam de Brigitte.

Entre les enfants, les petits-enfants et ce mari incorrigible, Brigitte pourrait bien disparaître pour vivre sa vie ailleurs !

Sous couvert d’une comédie, l’auteure aborde des thèmes bien prégnants : la difficulté de s’adapter à une nouvelle façon de vivre à la retraite, de garder solides les liens conjugaux alors que la vie précédente était plutôt décousue et la protection de l’environnement.

J’ai d’ailleurs beaucoup aimé la postface dans laquelle Aurélie Valogne expose sa démarche d’écriture et ses choix de thématiques et personnages.

Un roman agréable à lire et qui fait aussi réfléchir à nos choix de vie.

Une femme simple et honnête

Robert Goolrick

415 pages

Éditions Anne Carrière

Wisconsin, 1907.

Au sein de l’un des états au pire climat du nord des États-Unis, Robert Goolrick conte la rencontre entre un homme, Ralph Truitt, et une femme, Catherine Land.

Ralph, élevé de façon rigoureuse et ascétique, a dû mettre de côté ses fantasmes envers les femmes. Amateur de femmes, il a découvert le grand amour vingt ans auparavant, avec une jeune italienne. Belle maison, enfants, mais le rêve s’est rapidement évanoui, et las de vivre seul, quand s’ouvre le livre Ralph attend la femme qui a répondu à sa petite annonce, celle qui deviendra son épouse et accompagnera ses vieux jours.

De son côté, Catherine Land jette des vêtements somptueux et se vêt d’habits modestes quelques kilomètres avant que son train n’atteigne la gare où Ralph l’attend. Elle est déterminée à se faire épouser, pour ce qui semble être un désir de changement de vie.

Mais très vite, on comprend que celle qui se décrit comme « une femme simple et honnête » détient des secrets et de funestes intentions.

Un an plus tard, Ralph demande à Catherine, devenue son épouse, de rechercher et ramener son fils, qui a depuis longtemps coupé les ponts avec lui. Catherine part alors à Saint-Louis pour s’enquérir du jeune homme. Et celui-ci, Moretti, paraît être une personnalité totalement différente de celle de Ralph. Catherine se laisserait-elle séduire par le fils?

Je suis partagée sur ce livre. L’écriture est remarquable, l’étude de mœurs de l’époque aussi. L’un comme l’autre, Ralph et Catherine, ont des fantasmes de vie intime épanouie, mais là où Catherine peut les réaliser, Ralph se sent obligé de les contenir dans sa ville où le climat rend fou. Mais la mise en place dure jusqu’à environ la moitié du livre, cela m’a paru très long.

J’ai également eu l’impression de redites entre les portraits intimes détaillés de Ralph et de Catherine. Peut-être pour les rapprocher ? Le temps semble s’écouler comme l’étendue gelée et usée par le blizzard du Wisconsin.

Le livre bascule cependant avec la rencontre entre Catherine et Moretti et la vie très active -et nocturne – de Saint-Louis. Et c’est un autre livre qui débute.

Pour finir sur un coup de théâtre…