Martin Dumont
141 pages
Éditions Delcourt Littérature, 2018
Je remercie les Éditions Delcourt Littérature de m’avoir permis de découvrir ce premier roman de Martin Dumont, premier choc aussi pour un sujet à la fois banal et poignant : faire face à la maladie d’un proche.
Banal, parce que la maladie frappe sans prévenir, et que celui qu’elle éprouve peut être un enfant, et à travers lui, ses proches.
Poignant, comme l’attitude d’un père dont toute la vie tourne autour de cet enfant.
Et encore plus déroutant, ce livre n’amène pas seulement à avoir de la tristesse pour le jeune Pierre, vingt ans, mais surtout une profonde empathie pour son père, Jean. Car c’est Jean qui se raconte et expose tout ce qu’il a mis en place pour profiter au maximum de cet enfant qu’il a élevé seul. Pierre, qui, dans l’insouciance de sa jeunesse, fait du théâtre, fréquente des filles, et dont l’objectif prioritaire est de finir l’écriture de son premier livre. Jusqu’à ce que la maladie l’atteigne sans répit.
Et le lecteur de se trouver emporté dans la souffrance de ce père et toutes ses interrogations, ses pensées qui dérivent dans la solitude de son taxi, avec une grande question en exergue : doit-on dire la vérité à qui se meurt ?
Des grands soucis de sa vie passée aux moments de grâce de la plongée en apnée avec son fils, l’auteur dresse le portrait d’un homme attentionné, tourmenté aussi, confronté à des choix douloureux.
Au-delà de l’histoire qui ne peut que toucher un lecteur, et encore plus celui qui aurait été confronté à la maladie grave d’un de ses proches, l’écriture et la poésie de certains passages sont prenantes. Je ne peux les relever tous, il faut lire cet ouvrage, dont l’avant-dernier chapitre est un petit bijou d’humanité et d’amour.
Un roman à la fois triste et lumineux, beau comme l’amour inconditionnel d’un père pour son fils. Un coup de cœur !
Citation
« Je fixais cette porte et je priais pour qu’elle ne s’ouvre pas. Jamais.
(…) C’était stupide, mais tant qu’elle restait close, tout restait possible. Je veux dire, dans le couloir, il y avait encore l’incertitude. Les futurs, ils étaient là ; ils dansaient derrière la porte. Une foule d’éventualités, leur probabilité. Oui, tant qu’on n’ouvrait pas, la réalité restait libre ; elle pouvait filer dans toutes les directions. »