Le biscuit national

Zuska Kepplová

205 pages

Éditions Intervalles, 2019

Je remercie les Éditions Intervalles et Babelio pour m’avoir permis de recevoir ce livre, un recueil de nouvelles, dans le cadre d’une Masse Critique privilégiée.

Voici mon avis global, avant d’évoquer rapidement les histoires abordées par chacune d’entre elles.

Il s’agit d’un recueil de nouvelles ayant pour objet l’émigration de jeunes Européens dans d’autres pays de la Communauté, leur vision des différences entre les traditions respectives, et la difficulté de se créer un véritable foyer loin de chez soi.

C’est la première fois que je lis un auteur Slovaque. Je trouve intéressante la thématique, puisque de tout temps les migrations pour des raisons diverses ont amené des hommes et des femmes à bouleverser leurs habitudes de vie dans leur pays natal pour s’exiler dans un autre aux coutumes souvent très différentes. Entre petits boulots permettant de suivre des études, relations amicales ou amoureuses, il semble que l’éphémère soit la règle : ils ne sont que de passage pour la plupart, et le mal du pays se fait souvent sentir.

Il y a ainsi quelques passages savoureux dans cet ouvrage, avec notamment le regard porté par la mère restée au pays sur les coutumes que devraient conserver ses enfants expatriés. La thématique du « biscuit », sorte de madeleine de Proust maintenant le lien avec la patrie, est ainsi évoquée dans les cinq premières nouvelles, la dernière portant sur un autre sujet.

Sur la forme, les nouvelles mettent en scène des personnages que l’on retrouve dans d’autres, formant ainsi une sorte de pont entre elles, que j’ai apprécié.

S’agissant du style, j’ai été un peu gênée par les ruptures de temps de conjugaison entre présent et passé simple de l’indicatif au sein même de la narration.

J’ai ainsi lu ces nouvelles en alternant avec d’autres lectures, car j’ai été intéressée par le sujet, moins par son traitement littéraire. Même si ce premier ouvrage a valu un prix à son auteure dans son pays, je suis sans doute passée à côté, et je le regrette.

Petra à Paris : pp 7 à 23

Petra est Slovaque (comme l’auteure), elle est venue faire des études de médecine à Paris et laisse un job de femme de ménage pour aller donner des cours de natation afin de financer ses études. Pour elle, être dans une piscine fait le lien avec son pays où elle se rendait régulièrement depuis l’enfance. L’envoi mensuel du « biscuit national », la gaufrette Horalky, par sa mère restée au pays y contribue également.

Anka à Londres : pp 25 à 51

Anka, l’amie d’enfance, a été hébergée par Petra à Paris, avant de partir pour Londres. Elle a enfin trouvé dans la capitale britannique un job à l’agence locale pour l’emploi et a quitté son appartement miteux en colocation. Elle aussi a un biscuit dans la peau : le Buchty. Cette nouvelle évoque la difficulté de se faire une place dans un pays étranger : soit on y met toutes ses forces, soit ou se résigne à son sort.

Mika à Helsinki : pp 53 à 73

Mika est le frère de Petra. Il s’est installé à Helsinki pour son travail, et apprend les mœurs locales, très aseptisées et très éloignées de la pétulance de l’éducation imposée par sa mère. Mika découvre l’amour auprès d’une jeune collègue Russe, Riina, qui repart bientôt finir ses études dans son pays. Ils se retrouvent à l’occasion de week-ends, mais Mika éprouve un malaise grandissant en raison de sa solitude forcée, et finit par perdre le sommeil.

Le strüdel et les « lundis sucrés » sont les traditions évoquées dans cette nouvelle, qui est ma préférée.

Natália à Paris : pp 75 à 109

Natália la Slovaque a raté son concours d’entrée dans une école d’art et est venue chercher un travail régulier dans un restaurant à Paris.

Elle vit dans la colocation de Petra et est attirée par des hommes célibataires dont la couleur de peau est sensiblement plus foncée que la sienne.

Elle se laisse entraîner par ces amants qu’elle collectionne en parallèle, à la découverte de cultures et d’attitudes très différentes. Une nouvelle très colorée, amorale et assez amusante, qui explore les relations entre émigrés de divers continents.

Juliana à Budapest : pp 111 à 144

Cette nouvelle évoque surtout les relations entre la Slovaque Juliana et les personnes qu’elle croise à Budapest : les Hongrois, bien sûr, mais également le Français Jean-Jacques, une Anglaise anonyme, et ses amies Cristina la Roumaine et Jackie l’Américaine.

Elle ne rend pas très sympathiques les Hongrois ni les Français, et dépeint avec réalisme les conditions de vie (architecture mal conservée, alimentation étrangère falsifiée) à Budapest.

Trianon-Delta : pp 146 – 205

Hors champ pur de l’émigration, il s’agit d’une histoire de triangle amoureux entre un homme Hongrois et sa compagne Roumaine et une autre jeune femme, Slovaque, que je n’ai pas vraiment appréciée.

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