Sorj Chalandon
316 Pages
Éditions Grasset et Fasquelle, 2019
Rentrée littéraire
Brigitte, Assia, Mélody, Jeanne.
Quatre nouvelles amies, rencontrées sur les bancs de la peur, de l’annonce du cancer du sein.
Quatre femmes réunies pour un geste fou : braquer une bijouterie pour sauver la fille de l’une d’elles des griffes d’un ex-conjoint.
Et Jeanne qui écrit dans son journal.
C’est le premier livre de Sorj Chalandon que je lis. Il semble, au regard des critiques que j’ai pu lire ici et là, que cet ouvrage sorte de ses écrits ordinaires.
Pour ma part, j’ai aimé ce livre. L’auteur relate une plongée dans l’enfer de la maladie avec des détails très réalistes, (choix douloureux d’un foulard ou d’une perruque, par exemple) aussi bien pour celles qui la subissent que pour ceux qui en sont les témoins, qu’ils choisissent d’aider ou de fuir. Mais par ailleurs, c’est factuel, sans pathos aucun, et laisse place à beaucoup d’humour, voire un certain cynisme.
C’est aussi, et surtout, l’histoire d’une amitié et les conséquences que peut avoir cette amitié lorsqu’elle est exacerbée au point que ces femmes peuvent en arriver à décider de commettre un crime – voler des bijoux – pour aider l’une d’entre elles. Évidemment, c’est amoral, mais on se prend à suivre avec tendresse et amusement les préparatifs et la réalisation quasi professionnels du braquage, mais également les remords inévitables qui suivent… Car n’est pas bandit en toute conscience la citoyenne qui a toujours vécu honnêtement !
J’ai donc apprécié la « leçon de résilience », car quand tout est déjà perdu, autant se jeter à fond dans une autre bataille. Le final est mené royalement par ses femmes meurtries, trahies par leur corps et leur entourage.
J’ai bien aimé l’écriture, la façon dont Jeanne expose les faits, dont elle décrit les personnages – même si certaines m’ont un peu exaspérée -, ses propres doutes face à ses « amies » que finalement elle ne connaît que depuis peu. C’est un livre qui se lit très rapidement, et offre une autre approche de la maladie.
Citations
« Depuis que j’avais emménagé chez les filles, mon journal avait changé. Terrorisés, sanglotant le long des premières pages, mes mots étaient devenus durs. Je ne pleurnichais plus, j’avais une joie féroce. »
« Moi c’était d’un geste que je rêvais. Saccager Jeanne Pardon. La bonne fille, la bonne élève, la bonne épouse qui acceptait tous des autres, de l’indifférence au mépris. »