Six fourmis blanches

Sandrine Collette

276 pages

Éditions Denoël, 2015

Deuxième lecture du dernier item pour le Black November 2019 : « titre comportant trois mots ».

Ils sont six. Ou plutôt sept. Six touristes embarqués dans l’ascension de montagnes qu’ils ne connaissent pas, l’espace d’un week-end : Lou et son petit ami Elias, Arielle et son époux Lucas, Marc et Etienne, deux célibataires.

Le septième est leur guide : Vigan. Lui connaît parfaitement les lieux. Ce qui est un plus lorsque les éléments se déchaînent et que la tempête de neige contrarie les projets du groupe, si minuscule face à cette montagne semée de pièges, où un seul faux pas peut s’avérer fatal.

Il va falloir s’abriter pour survivre et résister aux températures glaciales et à l’envie de rebrousser chemin, au risque de se perdre et de mourir.

Mais la mort rôde peut-être plus près que tous ne le pensent. Et c’est au travers des yeux de Lou que se livre cette marche mortelle, lorsque les personnalités se dévoilent en raison des conditions extrêmes. Si les six veulent en réchapper, ils doivent absolument faire confiance à Vigan.

Et puis, étonnamment, en alternance des chapitres narrés par Lou, un autre personnage, Mathias, étrange, aux pouvoirs mystiques, un « sacrificateur » respecté et redouté, évoque sa vie solitaire, son implication dans celle de ses concitoyens, indispensable relais pour favoriser une longue existence à un nouveau-né ou la réussite d’un mariage. Jusqu’à ce que le maître incontesté de la vallée, Carche, lui impose un apprenti en la personne de son petit-fils.

Sans lien apparent, ces histoires parallèles sont lues attentivement, tant le talent de Sandrine Collette fait merveille. Elle crée une atmosphère parfaite de peur et d’oppression contre laquelle luttent non seulement ses personnages, mais également ses lecteurs.

J’ai une fois de plus pris grand plaisir à m’immerger dans cet univers découvert dans ses précédents ouvrages « Un vent de cendres » et « Des noeuds d’acier ». Une grande dame du thriller français, avec qui j’ai appris à ne surtout pas anticiper la fin d’un livre, à simplement me laisser porter par son écriture addictive, dans l’impossibilité de lâcher l’ouvrage avant d’en connaître l’issue.

Citations

« Je suis un sacrificateur. (…) Je ne sacrifie jamais en vain. Je ne me replie pas sur les boucs ni sur de vulgaires moutons – je laisse cela au petit peuple de l’autre côté de la mer. Tuer est un art qui se maîtrise, une communion avec la nature, l’animal et les dieux. Pas un acte barbare, non : un présent pour consacrer un mariage, un anniversaire, un baptême, un départ. »

« Du blanc. De la neige et de la glace. Du vent qui nous empêche de comprendre vraiment le drame qui se déroule dix mètres plus bas, et dont nous ne percevons que les gémissements sans fin. Encordés tous les six, et nous allons finir par nous entraîner les uns les autres au fond de cette étrange faille, ou par crever sur place sans pouvoir nous dégager. »

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