Sous haute protection

David Baldacci

Traduction Francis K.

527 pages

Pocket, 1999

Fin de lecture 26/09/2019 (je rattrape mon retard de publication…)

Dans cet opus, qui ne fait pas partie d’une série, l’auteur raconte l’histoire d’une jeune femme, Faith, qui va trouver le FBI pour dénoncer les agissements de son patron et mentor Buchanan. Ce dernier est en effet un lobbyiste qui use de son influence auprès d’hommes politiques haut placés dans les instances de décision américaines, jusqu’à utiliser des méthodes de corruption très subtiles.

Mais Faith, placée sous protection de l’agent Brooke Reynolds, échappe à un assassinat qui provoque cependant la mort d’un autre agent du FBI, au moment de rejoindre une planque isolée. Faith ne doit sa survie qu’à l’intervention inopinée d’un détective privé, Lee Adams, avec lequel elle va devoir s’enfuir.

Mais ce Lee est-il commandité par le FBI ou la CIA pour en apprendre plus sur les secrets détenus par Faith ? Peut-elle vraiment lui faire confiance ?

De son côté, l’agent Reynolds doit absolument retrouver Faith, au risque de voir sa carrière prendre une vilaine tournure. Elle jongle entre son travail aux horaires élastiques, sa vie de maman de deux jeunes enfants en plein divorce et ses doutes sur la probité de ses collègues.

Guerre des services (CIA et FBI), complots, compromissions, chantages en tous genres, agents déterminés à conserver des pouvoirs perdus à la fin de la guerre froide, une jeune femme en perdition et un chevalier servant tout prêt à la sauver : combien j’aime me plonger dans les livres de David Baldacci ! Il nous retourne en permanence, ce qu’on croyait acquis ne l’est pas toujours. La seule difficulté d’appréhension dans cet ouvrage réside en la complexité des montages financiers opérés par Buchanan, quand on n’a pas suivi de cursus high level en lobbyisme !

Cette atmosphère bien particulière d’espionnage dont il entoure ses personnages attachants me ravit et me permet de passer de très bons moments d’évasion.

Citation

« Et ils avaient tous une seule et même idée derrière la tête : le pouvoir. Ils voulaient que vous le leur apportiez sur un plateau, avec des courbettes pour qu’ils puissent vous bouffer la laine sur le dos en vous jurant leur amitié. »

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Le journal de Claire Cassidy

Elly Griffiths

Traduction de Elie Robert-Nicoud

445 pages

Hugo Thriller, 2020

Fin de lecture 30 décembre 2019.

Je remercie les Editions Hugo Thriller pour m’avoir adressé ce livre dans le cadre de la rentrée littéraire de janvier 2020. Il est en lice pour le prix Douglas Kennedy (du meilleur thriller étranger) 2020.

Claire Cassidy est professeure de littérature anglaise dans un collège du Sussex. Divorcée de Simon, qui a refait sa vie à Londres, et mère de Georgia, presque seize ans, Claire adore enseigner dans cet endroit qui a été marqué par la présence de R.M. Holland, enseignant dans ses murs au dix-neuvième siècle et auteur entre autres d’une nouvelle, « L’inconnu », qu’elle étudie avec ses élèves.

Et Claire s’essaye depuis plusieurs années à écrire une biographie de cet homme qui hante les couloirs du collège. Assez secrète, Claire tient un journal dans lequel elle consigne surtout ce qui l’énerve ou l’angoisse.

Et ce journal va être un élément essentiel dans l’enquête que commence à mener la police auprès des enseignants et élèves de Talgart High. En effet, Ella Elphick, professeur d’anglais et amie de Claire est retrouvée assassinée à son domicile. Une citation de L’inconnu est posée à côté d’elle. Et Claire découvre dans son journal intime une phrase qu’elle n’a pas écrite.

Suspectée puis protégée par la police, Claire va collaborer avec l’inspectrice Harbinder Kaur, d’autant que d’autres agressions s’ensuivent.

J’ai aimé ce livre pour de multiples raisons.

En premier lieu, pour l’univers littéraire en fond de l’histoire, et les nombreuses références parsemées tout au long du livre.

En second lieu, pour les personnages féminins attachants, qui racontent leur version de l’histoire, chacune à sa manière, la jeune Georgia, l’inspectrice Harbinder, et Claire, bien sûr, qui essaye de s’extraire d’une situation qui la dépasse.

L’atmosphère qui se dégage de cette ville, de ce collège, la persistance d’un secret qui entoure l’ancien propriétaire concourent à donner une ambiance très particulière.

Et puis, il y a ce twist que je n’avais absolument pas vu venir… j’ai eu beau chercher les coupables potentiels, je me suis faite avoir complètement par l’autrice !

Et c’est donc un de mes coups de cœur de 2019, qui m’a donné envie de découvrir d’autres ouvrages de cette écrivaine.

Citations

« On peut se débarrasser des animaux, dis-je. Souvent, les auteurs les tuent pour créer une tension. Ce n’est pas aussi fort que lorsqu’on tue un être humain, mais ça peut être très troublant. »

« Mes rideaux sont légèrement ouverts et je vois la lune très au-dessus de la vieille usine, elle illumine les fenêtres brisées et les tours fantomatiques. »

« (…). La police parle parfois de distanciation, la théorie étant qu’il est plus facile de tuer à l’arme à feu qu’à l’arme blanche parce qu’on peut se distancier de sa victime. Songez aux attaques de drones. Je suis sûr que les opérateurs n’ont pas l’impression d’être des tueurs et pourtant ils le sont. »

Malfosse

Auteurs multiples, par ordre alphabétique : Patrick Baud, Stéphane Bourgoin, Jérôme Camut, Christian Carayon, Elise Costa, Nathalie Hug, Ingrid Desjours, Sophie Loubière, Anne-Sophie Martin, Gipsy Paladini, Laurent Scalese, Cédric Sire, Franck Thilliez

Série audio en 12 épisodes

Audible Original, 2019

Abandon de lecture (80 %) 19/01/2020

Un préalable : j’aime les livres audio. J’apprécie de découvrir via l’écoute une histoire romantique, policière ou un document. J’ai passé de très bons moments en voiture ou en accomplissant des tâches quotidiennes grâce au talent des acteurs ou auteurs qui lisent ces textes. Je suis même abonnée à un site de téléchargement de livres audio.

J’avais déjà eu l’occasion de découvrir une série audio (Dernière terre), mais complète, à l’issue de sa diffusion et j’avais beaucoup aimé.

J’avais déjà lu et apprécié certains des auteurs impliqués dans cette opération.

C’est donc dire que j’ai un a priori très positif face à ce média et que c’est pour ces raisons que j’ai répondu favorablement à la proposition de Babelio et Audible, que je remercie, d’écouter et de chroniquer Malfosse. D’autant qu’une histoire policière contée par des auteurs divers m’intéressait fortement.

Hélas, je suis passée à côté. Pour de multiples raisons.

Ce qui m’a plu, c’est le jeu d’acteurs : chaque voix correspond à un personnage. Le début était attractif : en 2019, un journaliste, Thomas Loreau, vient enquêter dans la ville de Malfosse qui a connu des meurtres non élucidés en 1948 et 1949. Le corps sans vie du journaliste est retrouvé. Le mystère s’épaissit : qui avait intérêt à le faire disparaître, et pourquoi ? D’autres journalistes et des gendarmes enquêtent, autour des discussions des villageois qui semblent en savoir plus qu’il n’y parait.

Et c’est là que cela se gâte pour moi. Car je ne m’attendais pas à découvrir une série axée sur un pacte avec le diable, des messes noires, … C’est très exactement le genre littéraire que je fuis, car cela me met mal à l’aise. Qu’on y fasse allusion, soit. Qu’on y assiste, ce n’est plus possible. Aller-retour entre aujourd’hui, le dix-septième siècle et les années d’après-guerre, tout tourne autour de ce sujet. (Mais paradoxalement l’épisode avec Nathaniel est celui qui m’a semblé le plus abouti !).

J’ai donc interrompu mon écoute, essayé de la reprendre à autre épisode pour arriver tout de même jusqu’à la fin. Mais j’ai définitivement arrêté après une énième scène où les protagonistes se repaissent de sang sacrificiel au cours d’une réunion… à la mairie !

Outre l’histoire, ce qui m’a gênée était le côté « série ». En effet, l’écoute d’un épisode hebdomadaire ne m’a pas permis de reconnaître tous les personnages. C’est pour cela que j’ai à un moment essayé d’écouter deux épisodes d’affilée.

Mais ici, c’est le manque de cohérence et l’inégalité d’écriture entre les différentes histoires qui se superposent qui m’ont dérangée.

J’ai appris très récemment qu’il y avait autour de l’histoire des « produits dérivés », avec enquête parallèle sur les réseaux sociaux, mais je ne pense pas que cela aurait changé mon avis sur ce projet.

Pour finir sur une note positive, je continue à trouver l’idée de l’écriture chorale intéressante, et cette série me conforte dans mes choix de thématiques de lecture et dans l’idée de pouvoir les écouter à mon rythme.

D’ailleurs, je vais de ce doigt télécharger immédiatement un nouveau livre audio !

Un homme à la crèche

Thomas Grillot

107 pages

Seuil, 2016 Collection Raconter la vie

Fin de lecture 15 décembre 2019

Conseillé par le club de lecteurs, ce livre évoque l’emploi des hommes dans des métiers essentiellement dévolus à la gent féminine.

On y aborde donc la thématique des métiers « genrés », mais pour une fois dans la peau d’un homme.

Thomas Grillot propose, à travers plusieurs exemples vécus, une plongée dans cet univers – une crèche – au sein duquel un homme doit encore plus prêter attention que ses collègues à son comportement avec des jeunes enfants.

Ne surtout pas se substituer aux parents, êtes simplement un relais pour quelques heures, frôler l’invisibilité pour ne pas les faire culpabiliser, certes, cela leur est commun. Mais un homme qui passe son temps « à quatre pattes » à « jouer à des jeux qui ne sont plus de son âge » ? C’est forcément un homosexuel ! Ou, plus grave, un pédophile ???

La vision sexuée des métiers est toujours très prégnante dans notre société, et si le militantisme s’est fortement focalisé sur l’égalité d’accès des jeunes femmes à des métiers dits « virils », l’homme qui veut conserver cette virilité au sein d’une équipe féminine, dans un emploi connoté « maternisant » a également du souci à se faire !

J’ai apprécié de pouvoir envisager ainsi l’autre côté du sexisme ordinaire, dans un court ouvrage qui permet de se poser les bonnes questions : la société qui souhaite toujours plus le partage des tâches à la

maison ne semble ainsi pas encore vraiment prête à accueillir ce partage des genres dans les emplois. Et lorsque, femme ou homme, l’employé envisage ses compétences à l’aune de son sexe, il court manifestement à sa perte, ainsi que le montre l’exemple cité par Thomas Grillot. Un « escalator de verre », – inverse du fameux « plafond de verre » – existe pour les hommes, il leur est obligatoire de le franchir en raison même de leur sexe, même s’ils estiment ne pas en avoir les compétences.

Remettre ses compétences et ses envies en perspective, voilà ce qui fait avancer. Se demander si on a le « bon » genre pour réussir dans un emploi, voilà qui freine les élans.

Un excellent ouvrage, jamais rébarbatif et fort intéressant.

Citations :

« Laisser faire, beaucoup. Observer. Ecouter. Parler peu mais bien. Établir une relation si discrète que les choses arrivent, que l’enfant grandisse aussi grâce à vous, mais que vous ayez l’air de n’y être pour rien : ce serait l’idéal. 

Avec abnégation, votre travail serait en somme d’avoir l’air presque inutile. »

« Une assignation à résider dans ton habit d’homme. »

« Tout conspirerait à faire des hommes isolés dans des milieux de femmes des parangons de l’antinature, du travail, de l’effort. »