Jennifer McVeigh
Traduction Marianne Bertrand
568 pages
Éditions France Loisirs, 2012, Éditions des Deux Terres, 2012
Fin de lecture 12 avril 2020
Rien de tel que ce roman (chiné dans une boîte à livres il y a longtemps) pour voyager à l’autre bout de la terre sans bouger de son canapé ou de son transat !
Dans La route du Cap, on suit les aventures à la fin dix-neuvième siècle de Frances, jeune Anglaise sans le sou mais de bonne famille, à qui un cousin éloigné a promis le mariage lorsqu’elle s’est retrouvée ruinée à la mort de son père.
Le cousin en question, Edwin Matthiews, est par trop sérieux pour susciter la moindre sympathie de la jeune fille, mais il lui assurera la respectabilité et le confort. Du moins le croit-elle.
Afin de rejoindre son futur mari en Afrique du Sud où il est médecin, Frances doit effectuer un long voyage en bateau, mouvementé du fait des intempéries, mais également de la présence de William Westbrook, fort bel homme dont elle s’éprend imprudemment.
La vie en Afrique du Sud s’avère bien différente de ce que la jeune femme avait envisagé auprès de son mari. Aucune tendresse ne les lie, elle se remémore sans cesse son amour interdit. Leur existence se déroule platement très loin de la ville dont ils doivent rester éloignés. Car ce médecin qui semblait si lisse ne lui apporte en rien le confort attendu, tant il est occupé à combattre, contre l’avis de tous, une épidémie de variole qui pourrait remettre en cause l’économie locale, faite d’exploitation des indigènes dans les mines de diamants.
Lorsque la misère devient pire encore, Frances se reprend alors à espérer retrouver celui qu’elle n’a cessé d’aimer.
J’ai beaucoup aimé ce roman, lu d’une traite.
Pour ce premier opus, Jennifer McVeigh livre le portrait d’une jeune fille naïve et préoccupée uniquement de sa propre survie, dont on suit l’évolution jusqu’à sa mue vers une femme responsable. Les incompréhensions entre les époux m’ont rappelé d’autres lectures, dont Orgueil et préjugés, sans comparaison de style, évidemment. Et pour la façon de décrire les aventures historiques et les amours des protagonistes, cela m’a fait penser aux romans de Tamara McKinley ou de Katherine Scholes.
Les sentiments qui déchirent Frances et Edwin, les descriptions des paysages africains, les batailles sordides autour du trafic de diamants, tout concourt à l’évasion pour quelques heures… et on se surprendrait presque à s’ébrouer pour se débarrasser enfin de la poussière qui pénètre partout…
Citations
« Maintenant que son père n’était plus, la protection qu’il lui offrait avait également disparu, et on la renvoyait là d’où il venait. Contrairement à lui, elle ne pensait pas en échapper un jour. »
« La poussière était partout. Elle s’élevait de la route en vastes nuages ocre, faisant écran au rayon cruel du soleil. Elle s’immisçait dans le moindre interstice du chariot, se glissait sous les ongles et entre les dents. Frances avait les lèvres gercées par cette chaleur sèche, et quand elle les léchait, elle piquaient, comme trop tendues en travers de sa bouche. »
« Elle n’avait jamais cru qu’Edwin ferait un bon médecin. Il ne savait pas comment se comporter auprès des malades. Mais il avait dû commettre quelques erreurs graves à Kimberley pour se retrouver ici. C’était pire que ce qu’elle avait imaginé. La même maison, à Kimberley, aurait eu le charme et le romantisme d’une vie de pionnier, mais ici ils seraient coincés dans le veld, à vivre des produits de la terre comme des animaux. »