Bleu Calypso

Charles Aubert

331 pages

Pocket, 2020, Éditions Slatkine et Cie, 2019

Rencontré autour d’un Apéro Polar organisé par Pocket le 4 février 2020, Charles Aubert est l’auteur sympathique d’une trilogie dont Bleu Calypso est le premier opus.

Fin de lecture 29 mai 2020

Niels s’est installé sur l’étang des Moures près de Sète. Il a fui Paris, la vie trépidante et son job trop prenant pour créer des leurres qu’il vend après les avoir testés, en relâchant les poissons qu’il attrape. Drôle de pêcheur ! Mais drôle de découverte aussi, lorsqu’il s’aperçoit qu’en testant le dernier modèle de leurre, dénommé « Bleu Calypso », il est passé tout près du cadavre d’un homme.

La tranquillité de Niels prend fin car c’est le troisième cadavre que l’on repêche, et que gendarmes et journalistes, dont la fille de son ami Vieux Bob, Lizzie, bousculent le calme de l’étang.

Niels se retrouve embarqué malgré lui dans la recherche de la vérité, bien loin de la vie qu’il savourait jusqu’alors. Mais peut-être que bousculer ses nouvelles habitudes est aussi une façon de retrouver la « vraie » vie ?

L’affaire policière est un joli prétexte pour s’évader vers les étangs poissonneux et Charles Aubert s’y entend à décrire les hommes et les paysages. C’est ce que j’ai le plus apprécié dans cette histoire : les sentiments évoqués par Niels, son besoin de sérénité, la passion qu’il met dans le façonnage de ses leurres, et sa lente renaissance. J’ai aimé cette lenteur revendiquée par l’auteur (le personnage étant largement inspiré de l’expérience de l’écrivain) qui, conjuguée à la violence des crimes commis, rend très plaisant ce livre et donne envie de suivre les aventures de Niels dans Rouge Tango !

Citations

« Cuisiner ressemble à la pêche, je me disais, en nettoyant mes légumes, un truc efficace pour se vider la tête. Les hommes n’ont de cesse de chercher des occupations destinées à évacuer le trop-plein. Moi j’avais trouvé la pêche et la cuisine et c’était tout aussi bien que d’épuiser son corps à faire des footings imbéciles. »

« Ça devenait une manie. Plus de personnes avaient tapé à ma porte ces dernières heures que durant toute l’année précédente. »

Publicité

La clé de l’énigme : L’affaire Farid Ouzzane

Jean-Marc Bloch et Rémi Champseix

140 pages

Pocket, 2019 – Collection « Une enquête racontée par…»

Fin de lecture 30 mai 2020

J’ai eu le plaisir de rencontrer Rémi Champseix lors de l’Apéro Polar organisé par Pocket du 26 novembre 2019. Il a participé à l’écriture des trois ouvrages de la collection « Une enquête racontée par…», dont l’éditeur a demandé de noveliser les affaires. L’enjeu était d’imaginer les dialogues, les personnages hors victimes et coupables grâce à une trame qui existe vraiment. Afin de coller au plus à la réalité, Jean-Marc Bloch, ancien commissaire de police, a relu les pièces du dossier en les comparant à chaque fois à ses propres enquêtes.

Pour Rémi Champseix, dans ces ouvrages, il s’agit d’évoquer notamment des « humanités qui s’entrechoquent avec des dramaturgies spécifiques. De « quantifier l’inquantifiable. Le travail d’enquêteurs est une chose, mais la justice fait le sien aussi. De rendre leur place aux avocats également. De voir comment le passage à l’acte s’effectue et de considérer le fait divers plutôt comme un « acte social » ».

Les deux auteurs retracent donc, dans cette collection éditée par Pocket, des affaires criminelles réelles, dans lesquelles la pugnacité des enquêteurs alliée à un soupçon de chance, a permis d’élucider des meurtres.

••••••••••••••

Dans La clé de l’énigme : L’affaire Farid Ouzzane, le point de départ de l’histoire, est la découverte, par des plaisanciers voguant dans la rade de Lorient, du cadavre d’un homme enfermé dans une valise. La brigade de gendarmerie maritime, qui n’est pas habituellement confrontée à ce type d’affaires, la prend à cœur, sous la direction de deux gendarmes de la section de recherches parisienne.

L’intérêt de ce livre est multiple : il montre comment se déroule une enquête menée par la gendarmerie, sous les aspects médico-légaux, visites de voisinage systématiques, épluchage de centaines de documents. Il évoque l’aide et l’inefficacité proposées tout à la fois par les programmes informatiques qui permettent de croiser des données de toutes sortes. Il expose aussi combien le manque de résultats, malgré un tel déploiement, affecte le moral des troupes, jusque dans leur vie privée.

Jusqu’à ce que les enquêteurs découvrent – littéralement – la clé de l’énigme !

Écrit de façon très accessible, fort bien documenté, ponctué des petits commentaires relevant de l’expérience du commissaire-écrivain, ce livre intéressant a enrichi ma culture policière et j’aurai plaisir à découvrir les autres enquêtes vulgarisées.

Citations

« Comme je le dis souvent : « Pour un flic, le manque de chance, c’est une faute professionnelle ! » »

« Alors, qu’on ne s’y trompe pas : L’informatique ne sera jamais qu’une aide parmi d’autres dans le travail des enquêteurs.

Et la machine la plus efficace pour résoudre une affaire criminelle reste, j’en ai la certitude, l’esprit humain. »

Série « Langelot »

écrite par Lieutenant X

parue dans les années 1960-1970

Librairie Hachette – Bibliothèque Verte

31 mai 2020

Je n’ai pas pour habitude de parler ici de mes lectures « annexes », celles qui font que je me replonge avec délices dans les ouvrages qui ont bercé mon adolescence.

Mais je possède quelques séries de livres de la bibliothèque verte, que je complète au hasard de chinages en brocantes, boîtes à livres ou ventes d’occasion.

Hier, j’ai trouvé en boîte à livres Langelot et le gratte-ciel. Il n’était pas dans ma collection (que j’essaye de reconstituer car une grosse partie a été donnée par erreur par mes parents 😭) et je ne crois pas l’avoir jamais lu auparavant.

Pour ceux qui ne connaissent pas la série, elle met en scène Langelot, un jeune sous-officier d’un service de renseignement dénommé Service National d’Information Fonctionnelle (S.N.I.F.), embarqué dans diverses aventures, pour déjouer des complots terroristes. Son supérieur, le Capitaine Montferrand, est peu son mentor et un père de substitution. Le chef du SNIF est d’un anonymat mystérieux, mais au cours de la série, on finit par en apprendre plus sur lui. Par ailleurs, sa fille fait l’objet d’une autre mini-série : « Corinne ».

Dans la série des Langelot, certains autres personnages sont récurrents, qu’il s’agisse des méchants comme Mister T, ou des gentils : le lunaire professeur Roche-Verger et sa fille Choupette qui a un faible pour Langelot, et le commissaire Didier, toujours dépassé par les méthodes du jeune espion.

J’ai lu ma trouvaille ce matin.

Et j’y ai retrouvé ce que j’aime dans cette série : de l’espionnage, de l’humour, une vraie histoire bien construite, un auteur connaissant bien lui-même les services de renseignement et mettant son expérience au service de l’intrigue et de ses personnages. Le jeune Langelot, courageux, respectueux de ses aînés mais un brin impertinent envers les incapables, sauveur des jeunes filles en détresse mais surtout au service de son pays, rassemble tous les atouts d’un James Bond en herbe !

J’ai souvent pensé que certains livres dédiés à la jeunesse pouvaient également s’incruster dans les bibliothèques des adultes.

Pour ma part, je trouve plaisantes ces lectures disruptives de celles quelquefois très sérieuses auxquelles je m’adonne !

La chambre indienne

Serge Brussolo

283 pages

Le Livre de Poche, 2005, Éditions du Masque -Hachette Livre, 2001

Fin de lecture 16 mai 2020

Sarah, jeune fille de bonne famille, étudiante promise à un bel avenir, a commis un faux pas : elle a entrepris une relation avec un homme, Jamy, qui ne correspond pas à son niveau social et qui décrète très vite qu’il lui enlèvera l’enfant qu’elle porte.

Alors la vie de Sarah prend une autre tournure : apeurée, angoissée à l’idée d’être la proie de cet homme, elle finit par s’enfuir de Los Angeles pour échouer dans une maison reçue en héritage de son grand-père Job, dans une petite ville du Middle West.

Là, elle est l’intruse. Et son petit garçon, Timmy, ne se fait pas à ce nouvel environnement, privé de toute modernité. Entre peur de le perdre et désir de se protéger, Sarah n’arrive pas à développer de lien tendre avec son fils.

Jusqu’à ce que celui-ci disparaisse, en plein jour, en pleine rue.

Sarah s’effondre.

Évidemment suspectée, elle se lie un peu plus avec sa voisine, Maggie, tombée dans la folie après que son enfant ait lui aussi disparu. Et si les deux affaires étaient liées ? Sarah, convaincue que la vérité réside au sein du village, explore toutes les pistes qui permettraient de retrouver son petit garçon, malgré les années qui passent.

Avec sa maestria habituelle, Serge Brussolo campe l’Amérique des classes sociales qui se défient, les secrets et les tourments intimes qui affectent les êtres humains lorsque leurs rêves leur échappent. J’ai beaucoup aimé l’honnêteté du personnage de Sarah : tiraillée entre son désir d’être une bonne mère et sa peur de s’attacher à cet enfant qui peut lui être ravi à tout moment, son pire cauchemar se réalise et lui fait prendre conscience qu’elle l’aime plus que tout.

Et l’écriture emporte le lecteur à travers la maison sale, les souterrains, les routes poussiéreuses, jusqu’à la chambre indienne, celle qui recèle les plus lourds secrets…

Une fois de plus un coup de cœur pour un roman de Serge Brussolo !

Citations

« Jamy, lui, se moqueait des codes, des bonnes manières. C’était un animal, un animal séduisant, capable de faire face quel que soit le danger. J’ai tout de suite perçu un rayonnement autour de lui, en champ de force, comme dans les histoires de science-fiction. J’ai cru que si je parvenais à habiter au milieu de ce halo invisible, rien de fâcheux ne pourrait m’arriver. J’ignorais qu’une autre sorte de danger m’attendait à l’intérieur du champ de forces. »

« La presse et la télévision cessèrent de parler d’elle. Du jour au lendemain, elle retoma dans l’anonymat. À Heaven Ridge, cependant, les choses ne se raccommodèrent pas. Trop de paroles définitives avaient été prononcées. Sarah comprit qu’elle aurait beau faire, elle ne remonterait jamais dans l’estime de ses voisins. Il resterait toujours quelque chose. Une ombre. Un doute. La conviction qu’elle avait eu, somme toute, ce qu’elle méritait. »