Avalanche Hôtel

Lac Léman, Lausanne, février 2020, une vue adaptée à l’ouvrage -Copyright CF-29 février 2020

Niko Tackian

282 pages

Le Livre de Poche, 2020, Calmann-Lévy 2019

Sélection 2020 Prix des lecteurs du Livre de Poche, mois de mars.

Quatrième livre lu dans le cadre du jury.

Fin de lecture 7 mars 2020

De Niko Tackian, je n’avais lu qu’une nouvelle. J’attendais de découvrir l’auteur sous un autre jour.

Et j’ai plutôt aimé cette quête d’un policier, Joshua Auberson, autour de la disparition d’une jeune fille.

Il est très difficile de résumer ce livre sans le spolier, et ce serait bien dommage !

On pourrait en dire que passé et présent s’entrechoquent, s’entrecroisent et se superposent suite à la chute de Joshua au cours d’une avalanche.

Le Bellevue Grand Palace, aujourd’hui délabré, joue un rôle primordial : il s’est passé quelque chose d’affreux dans la chambre 81, mais Joshua n’en a plus le souvenir. Ce qui semble normal, car Joshua vit en 2018, et que ses souvenirs semblent remonter aux années 80.

Joshua, qui n’arrive plus à démêler le vrai du faux entre les cauchemars qui l’assaillent et la réalité, est habité par une profonde angoisse. Il va alors remonter dans le temps pour comprendre ce qui s’est vraiment passé dans cet hôtel.

J’ai bien aimé la construction du livre, la tension dramatique qui s’installe dès les premières pages.

Et la montagne elle-même lui donne du relief (!) : la description de la Riviera Suisse, entre sommets enneigés et vue sur le lac Léman, incite fortement au tourisme…

Citations

« un plan de l’étage était cloué contre la porte avec le parcours emprunté en cas d’évacuation. Chambre 81. Un voyant rouge s’alluma quelque part dans son crâne. 81… ce nombre lui rappelai quelque chose. Impossible de savoir quoi. Et puis il fixa le mot inscrit en lettres gothiques.

Avalanche Hôtel… À–H… Et il se dit que c’était étrange comme nom pour un hôtel. »

« Son état physique général était bon, et pour ce qui était des lésions cérébrales, elles disparaîtraient – ou pas – au fil du temps. Pour tout dire, il ne conservait de cette avalanche qu’une sensation de froid omniprésente et la confusion totale des événements qui l’avait précédée. » p55

Publicité

Dix petites poupées

B.A. Paris

346 pages

Le Livre de Poche, 2020, Hugo Thriller, 2019

Sélection 2020 Prix des lecteurs du Livre de Poche, mois de mars.

Troisième livre lu dans le cadre du jury.

Fin de lecture 4 mars 2020.

Lorsque Layla disparaît sur une aire d’autoroute française après un voyage à Megève avec Finn son compagnon, celui-ci est horrifié. Il la cherche partout. Mais il a omis certains détails qui auraient pu intéresser la police.

Douze ans plus tard, Finn a refait sa vie avec Ellen, la sœur de Layla, aussi terne que la disparue était pétillante.

Mais tandis qu’ils préparent leur mariage, des petites poupées russes, identiques à celles possédées par les deux sœurs durant leur enfance, font leur apparition. Déposées sur un muret ou envoyées par la poste, elles constituent une menace pour l’équilibre du couple, car Finn n’a jamais oublié Layla. Que fera-t-il si elle réapparaît ?

Il y a alternance de chapitres avant/maintenant/narration de Finn/de Layla/d’Ellen qui rend un peu difficile la compréhension de l’histoire en début de lecture, qui s’éclaircit ensuite.

J’ai trouvé assez longs les trois quarts du livre. Je me suis ennuyée. J’ai évidemment cherché à savoir où était passée Layla et pourquoi Finn ne mettait pas la police au courant immédiatement.

C’est le dernier quart qui m’a le plus intéressée, un peu plus haletant, car la vérité commençait à se faire jour et que je ne l’avais pas complètement comprise.

Citations

« Tout ça – oui, tout – serait bien plus simple si Ellen et moi étions tombés amoureux de quelqu’un d’autre plutôt que l’un de l’autre. Qu’Ellen soit la sœur de Layla ne devrait absolument pas rentrer en ligne de compte, dès lors que 12 ans ont passé depuis la disparition de Layla.

Mais bien sûr, ça compte. » p27

« Cette poupée à la tête écrasée à catapulté ma raison dans des territoires inconnus. J’aurais dû la jeter immédiatement à la poubelle mais de peur qu’Ellen ne les trouve, je l’ai rangée dans mon bureau, au fond du tiroir, avec les autres. Et son image, gravée dans mon cerveau, me nargue. M’interroge. » p218

Présumée disparue

Susie Steiner

542 pages

Le Livre de Poche, 2020

Fin de lecture 01/02/2020

Sélection 2020 Prix des lecteurs du Livre de Poche, mois de février.

Deuxième livre lu dans le cadre du jury.

Quasiment à la veille de Noël, Edith Hind a disparu. Envolée. Ses proches n’ont aucune nouvelle d’elle. Ses affaires, son sac, son manteau, tout est resté chez l’étudiante, dans la maison qu’elle partage avec son petit ami Will Carter. Seules quelques traces de sang et son absence prolongée éveillent l’inquiétude des enquêteurs dépêchés sur place.

Au sein du service d’investigation de la police du Cambridgeshire, Manon Bradchaw, sergent-détective, l’inspectrice Harriet Harper et l’officier Davy Walker sont les principaux policiers chargés de l’enquête. Au cours de celle-ci, ils découvrent des facettes d’Edith qui ne semblent guère correspondre au profil décrit par les très « selects » parents de la jeune femme, Ian et Miriam. Bénéficiant de relations haut placées, ceux-ci vont ainsi faire pression sur les enquêteurs pour retrouver au plus vite la jeune femme.

Il s’agit au départ d’une enquête classique de disparition de personne, qui se corse peu à peu, au fur et à mesure des découvertes effectuées par la police. Le plus de cet ouvrage réside pour moi dans l’attachement qui est créé immédiatement avec les personnages qui s’en partagent le chapitrage : Manon Bradshaw est le reflet de la presque quarantenaire qui enchaîne les « date » pour trouver le bon partenaire, Miriam est émouvante en maman désespérée attachée à remuer ciel et terre pour retrouver sa fille, Davy porte un regard tendre sur sa collègue et supérieure tout en vivant une relation empreinte de la jalousie de sa compagne Chloé, et Helena est la meilleure amie d’Edith qui s’en veut de ne pas savoir ce qui s’est passé.

L’intrigue elle-même n’est pas exceptionnelle, mais est relevée par ses personnages, que j’ai bien appréciés et dont j’ai voulu connaître l’histoire jusqu’au bout.

Citations

« (…) pour les proches d’une personne disparue, la douleur réside justement dans l’absence. Ce n’est ni l’abîme de la mort ni l’espoir, mais la monstrueuse oscillation entre les deux. Si le purgatoire existe, c’est à cela qu’il ressemble. »

« (…) On nous a à l’oeil, c’est tout. Avec un corps, nous aurions un homicide donc un budget illimité pour l’enquête. Mais dans le cas présent… On hésite encore entre une disparition inquiétante, une suspicion d’homicide, ou une simple disparition, comme Peabody est enclin à le croire. »

Dans son silence

Alex Michaelides

415 pages

Le Livre de Poche, 2020, Calmann-Levy,2019

Fin de lecture 24 janvier 2020

Sélection 2020 Prix des lecteurs du Livre de Poche, mois de février.

Premier livre lu dans le cadre du jury.

Ravie de découvrir ce livre qui a tant fait le buzz en 2019, mais dont j’avais zappé le fond de l’histoire.

Alicia, jeune peintre à la mode, a 33 ans quand on la découvre ensanglantée près du corps sans vie de son mari Gabriel, 44 ans. Alicia n’ouvrira jamais la bouche pour expliquer son geste, ni sur l’instant, ni au cours de son procès.

Enfermée dans l’institution de Grove, elle devient six ans plus tard la patiente du Dr Theo Faber, un psychothérapeute qui n’est venu que pour elle, avec l’ambition de la faire enfin sortir de son silence.

Alex Michaelides compose un thriller psychologique dans lequel le lecteur est placé dans la peau de Theo, suit son combat, presqu’une enquête criminelle pour confronter les proches d’Alicia, pour faire émerger la vérité relative à son comportement, tout en faisant face à ses propres démons.

Dans l’univers cloîtré de l’institution psychiatrique, où jeux d’ego cohabitent avec rentabilité et violences de la patientèle, le silence rend compliquée l’approche thérapeutique.

Mais lorsqu’enfin Alicia semble s’ouvrir, la vérité qui émerge ne sera peut-être pas bonne pour tous…

J’ai beaucoup aimé la mise en place, le fait que l’on apprenne à connaître le thérapeute et ses névroses qui lui servent pour travailler son rapport avec sa patiente, le côté enquête et évidemment les ressorts psychologiques de ce roman.

Les ruptures de rythme sont importantes également : j’ai eu la sensation d’une urgence dans tout ce qui se passait au-dehors de l’institut, et d’une immobilité pleine de tension à l’intérieur. Un peu trop de lenteur parfois…

J’avais deviné (la faute à trop de lectures précédentes peut-être) une partie de la vérité, mais pas tout, loin s’en faut.

C’est ce qui en fait un très bon roman, mais pas un coup de cœur pour moi.

PS : Et j’ajoute juste que j’ai beaucoup aimé les épigraphes judicieusement choisies pour étayer ce roman.

Citations

« D’ordinaire, lorsqu’on entreprend un travail avec un patient, il n’y a pas de sentiment d’urgence, pas d’agenda thérapeutique prédéterminé. En temps normal, on commence par de nombreux mois de parole. (…) Dans le cas d’Alicia, il n’y aurait pas de parole. Pas d’écoute. (…)

Autrement dit, j’avais conçu une méthode pour aider Alicia sans bien savoir comment la mettre en pratique. » p57