
Copyright CF 19 juin 2020
Benoît Philippon
380 pages
Les Arènes, 2018, Le Livre de Poche, 2020
Sélection 2020 Prix des lecteurs du Livre de Poche, mois d’avril.
Sixième livre lu dans le cadre du jury.
Fin de lecture 4 avril 2020.
Une frêle dame de cent deux ans. Son crime a été de transpercer la fesse de son voisin d’un coup de pistolet.
Oui mais pas n’importe quel pistolet : un Luger. Un modèle allemand, arme de précision. De prime abord, pour l’inspecteur Ventura, l’affaire judiciaire sera vite bouclée ! Mais c’est sans compter la logorrhée de Dame Berthe, placée en garde à vue pour la vile agression, qui va dérouler sa vie en forme de confession.
Et son existence n’a pas été bien rose tout au long du vingtième siècle et en ce début de vingt et unième !
Durant ce face à face désopilant d’une journée entre le policier las et la vieille dame, se dessine le portrait d’une femme pleine de gouaille, truculente, féministe avant l’heure, qui a refusé de s’en laisser conter par les hommes qui l’ont croisée. Sous son apparence dureté, on devine la tendresse et le romantisme, les failles de l’enfant mal-aimée qui a voulu se débrouiller au mieux dans l’adversité.
Benoît Philippon écrit un polar très différent du genre habituel, car le lecteur connaît d’emblée la coupable sans pour autant en imaginer les crimes. L’écriture est très drôle, l’alternance du présent et du passé donnent du rythme à ce récit. Je ne me suis pas ennuyée une seconde dans cette litanie de meurtres qui font de Mamie Luger une tueuse en série à laquelle on s’attache malgré soi.
Les mots et les tournures à la Audiard m’ont ainsi charmée et fait passer un très bon moment de lecture… et une fois le livre refermé, Mamie Luger m’a encore accompagnée quelques temps.
Un coup de cœur !
Citations
« Je ne me saoules pas, je m’énivre pour libérer mon esprit et chercher l’inspiration dans l’évanescence.
Ouais, ben quand tu rentres avec ton haleine de poivrot, et que tu vomis dans l’escalier, l’évanescence, c’est moi qui me la coltine à la serpillière. »
« Dès qu’une femme cherche à faire valoir ses droits, vous la ramenez aux serviettes hygiéniques. C’est bas, vil et stérile. »
Une réflexion sur « Mamie Luger »