
Sarah St Vincent
347 pages
Delcourt Littérature, 14 octobre 2020
Fin de lecture 17 octobre 2020.
Je remercie les Éditions Delcourt Littérature pour ce premier roman de Sarah St Vincent, reçu dans le cadre d’un service presse.
Kathleen tient un snack dans un parc national de Pennsylvanie. C’est déjà l’hiver quand un étranger arrive et demande le gîte, alors que seuls quelques chasseurs s’aventurent encore dans les montagnes.
Peu à peu, leurs solitudes se rejoignent, et un lien tout d’abord ténu, puis plus profond, se noue entre ces deux êtres profondément touchés par leur passé.
Qui est vraiment cet Ouzbek qui se fait appeler Daniil ? Apeuré, il semble fuir quelqu’un. Et qu’a donc vécu Kathleen pour être autant marquée physiquement ?
Petit à petit, la narratrice dévoile son quotidien auprès de sa grand-mère presque aveugle, son impuissance à reprendre sa vie en main faute de moyens financiers, alors qu’un bel avenir s’ouvrait pourtant devant elle.
J’ai aimé cette femme qui relate, au fur et à mesure de cet hiver, les affres vécues auprès d’un mari violent, le rejet qu’elle a de ceux qui ne l’ont pas aidée au moment où elle a décidé de s’en sortir, et cet espoir qu’elle a toujours eu au fond d’elle, de saisir la moindre opportunité pour s’évader de cette prison.
Quelle réaction peut-elle avoir face aux révélations de « l’étranger » ?
Ce livre ouvre une réflexion sur les actions violentes des uns, le pardon à donner ou à retenir par les autres, cette sensation de ne pouvoir trier entre l’un et l’autre, jusqu’à que ce choix devienne simplement le choix de vivre pour soi, et donc de décider d’aller de l’avant. Toute réflexion qui perdure sur la potentielle culpabilité engendrerait en effet l’impossibilité de vivre pleinement le futur.
On y décèle la parfaite connaissance de l’autrice sur le sujet des violences, qu’elles s’exercent dans un cadre privé ou de conflits entre individus du fait d’une idéologie.
Et j’ai aimé les magnifiques descriptions des paysages de montagnes et de forêts, qui m’ont donné l’envie de faire une randonnée, de humer l’air froid des sommets enneigés, de regarder le soleil réfléchir ses rayons sur la calme surface d’un lac encaissé.
« Les gens infligent des choses terribles à ceux qu’ils disent aimer, parfois. Ils les brutalisent, les abandonnent. Ça ne sert à rien de se voiler la face. »