
William Melvin Kelley
Traduction d’Éric Moreau
252 pages
Delcourt Littérature, 2020
Fin de lecture 10 septembre 2020
Je remercie Delcourt Littérature pour m’avoir adressé ce livre qui m’a permis de découvrir la très belle écriture de William Melvin Kelley.
J’ai lu cet ouvrage dans le cadre d’une lecture commune avec la blogueuse Elisabeth du blog Littelecture.
Premier chapitre, à peine dix pages et les émotions sont déjà là. Elles naissent du contraste entre le lumineux été ressenti par le petit garçon Ludlow Washington et le froid humide de l’institution pour aveugles dans laquelle ses parents l’abondonnent, pour réaliser son éducation, certes, mais au prix de sévices et mauvais traitements, de la part des adultes autant que des enfants.
Et ce jeune garçon, avide de tendresse, va devenir un homme malmené par les femmes qu’il rencontre, en parallèle de son formidable don de musicien qui le conduit d’un petit club de jazz jusqu’aux plus grandes scènes.
Le jazz, la condition des Noirs dans l’Amérique des années 40, les relations amoureuses de cet homme dont la perception sensorielle est exacerbée hors sa déficience visuelle, forment la base du roman de William Melvin Kelley.
A travers les pensées de Ludlow, on devine quel homme complexe a créé son arrachement brutal à sa famille, à sa mère notamment.
L’histoire contée est celle d’un aveugle. L’écriture fait ainsi majoritairement ressortir les autres sens : l’ouïe grâce aux sons produits par son instrument et par l’orchestre, le toucher et l’odorat qui lui permettent notamment d’identifier et de comparer ses compagnes occasionnelles ou durables. Cependant, l’écriture incisive m’o amenée à visualiser la vie de Ludlow telle un film, à le suivre dans les rues, sur la scène, dans son appartement, dans la décapotable, cheveux au vent.
Outre la difficulté d’être à la fois Noir et aveugle dans une société raciste et qui cantonne ses malvoyants dans le secteur artistique (« « Toi tu vas jouer du saxo, toi ça sera le trombone, toi la trompette… » et ainsi de suite. J’ai pas eu mon mot à dire. »), William Melvin Kelley raconte le petit garçon tendre, puis l’homme incontestablement doué mais angoissé, incertain des autres et de lui-même, qui doit apprendre de ses douloureuses expériences pour enfin envisager des choix opportuns.
Et c’est un coup de cœur !
« C’est mal d’être de couleur, m’dame Scott ? » Il ne se sentait pas fautif, et se demanda si ce n’était pas une preuve de sa stupidité.
« C’est ce que disent les Blancs, et à mon avis la plupart des gens de couleur pensent pareil.
⁃ Pourquoi ?
⁃ A force qu’on leur répète, ils finissent par le croire. »
Après avoir lu ta chronique, je suis impatiente de pouvoir le découvrir ! *.* Merci !
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Je suis ravie d’avoir lu cette merveille en lecture commune avec toi. Car il est sublime et ce fut aussi un coup de coeur pour moi 😉
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