
Sarah Cohen-Scali
478 pages
Éditions Gallimard Jeunesse, 2015
Fin de lecture 30 novembre 2020.
Vous aimez les bébés ? Alors venez, approchez-vous du berceau. Vous y trouverez un garçon magnifique, blond, aux grands yeux bleus qui vous donneront l’impression qu’ils lisent en vous.
Peut-être reculerez-vous alors. Et vous ferez bien. Car vous venez d’entrer dans une des pires expérimentations lancées par le régime nazi : le programme Lebensborn.
Mais l’intérêt de Max, c’est que vous y entrerez de l’intérieur, vous découvrirez, dans les pensées et les gestes de cet enfant conçu et formaté pour faire partie des meilleurs éléments des Jeunesses hitlériennes, l’horreur des viols d’Etat, des enfants arrachés à leur famille, des pensionnats créés à la gloire du dictateur.
Dans ce roman extrêmement documenté, qui est le premier opus d’une trilogie, Sarah Cohen-Scali entraîne le lecteur dans une histoire monstrueuse, dans un thriller d’autant plus odieux qu’il est le reflet de la réalité vécue par des milliers d’enfants (et leur famille) avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale.
« Il faut profiter des hommes, tant qu’ils sont vivants. Beaucoup vont mourir au champ d’honneur. Les naissances diminueront. Or l’Allemagne ne doit pas être un peuple de vieillards. Il faut y veiller ! À l’avance ! D’où notre programmation. »
De 1936 à 1945, c’est avec surprise tout d’abord, puis le coeur au bord des lèvres qu’on suit le cheminement de l’enfant-narrateur qui se sait destiné à une grande – sinon noble – cause. Tour à tour s’affrontent dégoût et compassion pour la personne de ce petit être qui n’a rien demandé, même pas à vivre, et qui va participer, vaillamment, aux rafles d’enfants pour contribuer au projet sordide du Troisième Reich. Mais on entrevoit quelques lueurs d’espoir et de bienveillance au milieu de la violence, de la haine et de la colère. Le jeune d’apparence insensible est malgré tout un humain qui se protège, et qui va, dans ce monde où seuls les plus aptes – ou les plus roublards – survivent, protéger un autre que lui.
« Copier est un déshonneur (à l’inverse de la délation et de l’espionnage, considérés comme des valeurs fondamentales). »
Âmes sensibles, abstenez-vous donc de vous approcher du berceau ! C’est dur, c’est cru, c’est noir comme la nuit qui enveloppa cette époque…
J’ai eu un énorme coup de cœur pour ce roman historique à lire absolument : pour s’instruire, pour s’interroger, pour découvrir le fabuleux talent de conteuse de Sarah Cohen-Scali.
Et pour en apprendre plus sur la suite de cette page sombre de l’histoire contemporaine, il faut lire Orphelins 88 le deuxième opus de la trilogie.
Waouh !! Ma lecture de « Orphelins 88 » m’avait déjà fait l’effet d’une bombe… Je dois donc me procurer ce 1er opus que ta chronique présente divinement bien et suscite, comme à ton habitude, l’envie de le lire ! 😉 Merci
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Merci pour ce chouette commentaire !
« Max » est exceptionnel, par le parti pris de l’auteure de se mettre dans la peau de l’enfant. Je te le prête si tu veux, sinon il va vite partir vers d’autres mains de lectrices 😜
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