
Daniel Fohr
150 pages
Slatkine & Cie, 28 janvier 2021
Fin de lecture 30 janvier 2021
Je remercie les éditions Slatkine & Cie de m’avoir adressé ce livre… et l’auteur pour sa sympathique dédicace ! 🙏🏼
C’est le premier ouvrage de Daniel Fohr que je lis. C’est un roman, mais presque un essai sur la place sociologique du livre, tout à la fois en forme d’alerte et d’hymne. Alerte à l’incurie littéraire de ces messieurs, hymne à la Littérature (oui je tiens à la majuscule !).
Parce que voilà, le narrateur, sans nom, est devenu bien malgré lui le dernier lecteur du monde : moment de gloire passager, mais grande responsabilité que l’on retrouve tout au long du livre. Car la situation ne le satisfait pas. Il aimerait former de nouveaux lecteurs, laisser un héritage, et va s’y employer par divers moyens : recrutement, paiement, écriture. Certes, mais la lecture est devenue l’apanage des femmes, et un homme qui lit perd sa virilité.
L’ensemble est drôle, les commentaires et les situations prenant le contrepied des habituels poncifs sur le genre. Ici, ce sont les femmes qui ont pris le pouvoir, puisqu’elles seules lisent. Mais cela durera-t-il ?
J’ai trouvé intéressante l’attribution de « genre » littéraire : s’il est en effet couramment admis que les femmes lisent plus de romances que les hommes, les incursions qu’elles font dans les autres courants sont bien plus nombreuses que ne le souligne le narrateur, un peu étroit d’esprit par moments… Je suis une fille, et j’ai lu Henri Vernes, et j’aime Lovecraft !
Au-delà de l’histoire pleine d’humour de ce lecteur désespéré, je me suis délectée des citations semées par-ci par-là, qui m’ont donné envie de découvrir des auteurs connus mais inconnus de ma bibliothèque. J’ai aimé sa représentation des relations amoureuses au travers de la littérature. Et oui, je souscris à la réflexion du narrateur : « La littérature est un jardin secret qui demande à être partagé. » Las, je ne suis qu’une fille… alors je vais aussi essayer de rallier quelques représentants mâles de mon entourage pour tester cet objet étrange, bizarre mais addictif : j’ai nommé le livre ! Et s’ils commençaient par celui de Daniel Fohr ?
« J’étais devenu mieux que l’échantillon représentatif, j’étais devenu à moi seul l’ensemble de la population concernée. J’étais l’expert mondial de la littérature vu par les hommes, l’expert mondial de moi-même. »
Une réflexion sur « L’émouvante et singulière histoire du dernier des lecteurs »