
Elena Ferrante
Traduit de l’italien par Elsa Damien
430 pages
Folio, 2015, Gallimard, 2011
Fin de lecture 26 février 2021.
Premier d’une série de quatre ouvrages, cet opus narre les relations de deux fillettes depuis leur plus jeune âge jusqu’à leurs seize ans ainsi que la vie de leur quartier, dans le Naples de la fin des années cinquante.
Voici donc l’histoire de deux filles, deux amies, deux ennemies, d’un quartier aussi, des riches et des pauvres, des rêves de grandeur et des vies de misère.
C’est une histoire de violence, de dépendance affective et de jalousie, un focus sur un quartier pauvre.
C’est Elena -Lenù- Greco, la blonde, qui narre cette histoire, qui évoque son enfance et la rencontre avec Rafaella Cerullo dite Lila, la brune, celle qui devient bientôt sa sœur de cœur mais aussi sa rivale. Car Lila est toujours « plus » aux yeux d’Elena : plus intelligente, plus belle. Et même si Lila quitte l’école très tôt pour travailler dans la cordonnerie de son père, elle fréquente assidûment la bibliothèque et challenge son amie Elena la lycéenne, la dépassant largement dans son apprentissage du latin ou du grec.
C’est une sorte d’amitié malsaine qui unit les deux filles, la rivalité n’étant jamais exprimée ouvertement, mais transparente dans les pensées relatées par Elena : les rêves qu’elles avaient en commun, c’est Lila « la méchante » qui va bientôt les réaliser grâce à un beau mariage, après bien des péripéties.
J’ai eu du mal à entrer dans le livre, car il me paraissait très sombre, le début est marqué par la violence larvée entre les diverses familles du quartier, violence qui se traduit d’ailleurs par un meurtre. La multiplicité des personnages le rend par moment difficile à suivre, heureusement l’index aide à s’y retrouver.
J’ai également été par moment agacée par la platitude d’Elena et sa démission face à Lina.
« C’était une vieille crainte, une crainte qui ne m’était jamais passée : la peur qu’en ratant des fragments de sa vie, la mienne ne perde en intensité et en importance. »
Et puis, petit à petit, je suis entrée dans le quartier et en ai ressenti les pulsations, l’interdépendance de ses familles, attachées à conserver une apparence respectable – surtout pour les filles – en dépit de la pauvreté, les rêves de richesse pour tous et les désillusions pour la majorité.
« Au cours de notre dernière année de primaire, la richesse devint notre idée fixe. Nous en parlions comme on parle, dans les romans, de la recherche d’un trésor. Nous nous exclamions : quand on sera riches, on fera ceci, on fera cela ! »
Je me suis ainsi retrouvée spectatrice des allées et venues d’Elena entre son domicile et son lycée, de la luminosité de ses vacances à Ischia, où elle semble enfin s’épanouir loin de Lila. J’ai observé les querelles entre les riches garçons Sorella et Rino le frère adoré de Lila, les efforts des jeunes Cerullo pour dessiner et produire des chaussures leur permettant de hisser la cordonnerie de leur père à la hauteur de leurs ambitions.
Car au-delà de la relation spéciale entre Lenù et Lila, c’est toute une comédie humaine qui est décrite : rancoeurs, désirs de vengeance, souhaits d’écraser l’autre, amours déçues ou contrariées, passions et rejets.
Et finalement happée par l’ensemble, je vais prochainement poursuivre ma découverte par le deuxième volume !