
Valérie Perrin
667 pages
Le Livre de Poche, 2019, Albin Michel, 2018
Fin de lecture 16 mars 2021
Un livre que je voulais lire depuis longtemps et qui m’a été prêté par une amie complètement par hasard… et je l’en remercie !
Triste et lumineux. Voilà les qualificatifs de ce livre que j’ai adoré.
Violette est gardienne de cimetière. Elle vit au bord de ce lieu de commémoration et de larmes. Elle y cultive son jardin et prend soin des dernières demeures de ses paisibles voisins : nettoie les pierres et les allées, enlève les feuilles mortes, change l’eau de fleurs… Elle accueille leurs visiteurs, elle prend note de leurs oraisons.
Et Violette la solitaire évoque sa misère affective, elle l’abandonnée, elle qui consacre sa vie aux autres, elle dont la seule étincelle de bonheur provient de sa fillette, Léonine.
Mais n’allons pas trop vite. Surtout n’allons pas trop loin. Car je m’en voudrais de dévoiler trop ce que l’écriture de Valérie Perrin raconte si bien.
Disons simplement que Violette s’est alliée à un homme passionné… malheureusement pas que par elle, et surtout pas par le travail. Violette a donc toujours tout fait : elle a laissé ses rêves sur le bord de la route. Sa vie de garde-barrière, puis de gardienne de cimetière, sans appui de son mari, de ce Philippe Toussaint qui l’avait pourtant choisie.
Mal-aimée, rejetée par les parents de Philippe, frappée de plein fouet par un drame terrible, Violette se préoccupe essentiellement des autres. Et d’une certaine façon, vit aussi à travers eux. Ainsi, le lecteur parcourt avec elle les allées du cimetière, les dates de naissance et de décès, leurs circonstances, les épitaphes – qui d’ailleurs ponctuent chaque tête de chapitre-, les attitudes des parents.
Et devenue la confidente de certains, Violette nous entraîne dans un monde de non-dits, de secrets, de relations inavouées et inavouables, d’émotions partagées et exacerbées, de désirs et de regrets… un peu comme ses vêtements « d’été » qu’elle cache sous ceux « d’hiver ».
Bien sûr, Violette est le personnage central du livre. Mais les autres qui gravitent autour d’elle, soit soutiens soit indésirables, concourent à exposer les visages de la vie : du prêt d’une voiture par Stéphanie aux vacances annuelles à Marseille chez Célia, de la pingrerie de la mère Toussaint aux tromperies incessantes de son fils, le meilleur côtoie le pire. Et l’histoire parallèle d’Irène et Gabriel évoque à son tour ceux de l’amour, dont Julien est le prolongement.
C’est fort, c’est beau, c’est douloureux. On ne peut que s’attacher à cette femme, à cette poésie qui se dégage des contrastes de noirceur et de couleurs.
« Je n’allume jamais quand une personne entre chez moi mais lorsqu’elle part. Pour remplacer sa présence par de la lumière. Une vieille habitude d’enfant née sous X. »
Un récit à la fois tendre, plein d’humour, haletant par moments. Un pincement au cœur de quitter cette parenthèse enchantée… heureusement elle laisse dans son sillage un parfum de fleurs entêtant !