
Céline Denjean
940 pages
Pocket, 2020, Hachette Livre(Marabout), 2018
Fin de lecture 25 avril 2021.
Difficile de chroniquer ce livre sans en divulguer trop sur l’intrigue.
Prêté par une de mes collègues, c’est le premier ouvrage que je lis de Céline Denjean, et ce ne sera pas le dernier ! Je regrette d’ailleurs de ne pas avoir lu les deux précédents, même si Le Cheptel peut se lire indépendamment, cela m’aurait permis de suivre notamment les aventures des policiers récurrents qui mènent l’enquête.
Trois récits aux normes littéraires différentes se succèdent au fil des chapitres.
Louis Barthes, un notaire en retraite, narre lui-même la quête des conditions de sa naissance, au coeur de l’occupation.
Un jeune garçon, Bruno, s’est égaré dans les montagnes pyrénéennes.
Atrimen, une jeune fille, est interpelée par l’autrice sur sa soumission à une Grande Prêtresse prête à tout pour assouvir son funeste dessein.
Ces trois histoires qui ne devraient pas se croiser se recoupent cependant lorsque le corps d’une jeune femme est découvert dans un ravin près de Nîmes. Une voiture qui pourrait avoir un lien avec le meurtre appartient à une riche famille toulousaine. Les indices recueillis sur les lieux s’accordent avec des faits connus d’un enquêteur d’Interpol, le Capitaine Merlot, relatif à une sorte d’élevage humain. L’ensemble des services centraux chargés de la sécurité et de la répression criminelle décident donc la création d’une entité spécifique pour cette enquête : la cellule TEH, pour Trafic d’êtres humains. Les brigades de gendarmerie de Nîmes et Toulouse (celle de la capitaine Eloïse Bouquet, héroïne récurrente) sont ainsi partie prenante de la cellule d’investigation TEH autour de Merlot.
Les enquêteurs doivent redoubler d’ingéniosité pour confondre les auteurs du meurtre de la jeune femme et remonter une filière de traite d’êtres humains.
« (…) Brandon démontrait que depuis la nuit des temps, les hommes n’étaient qu’une matière première comme une autre, que pouvoir et domination faisaient partie du patrimoine génétique de l’humanité, qu’il y avait toujours eu des maîtres et des esclaves et que ça ne changerait jamais. Il a conclu en parlant de la loi du plus fort ou du plus riche. »
Chacun des personnages est un héros à sa manière : le notaire en quête de son histoire, le jeune Bruno qui cherche à se dépasser, Atrimen et sa meilleure amie Élicen confrontées aux mensonges et à l’esclavage alors qu’elles se croyaient en sécurité au sein de leur communauté. Et puis ces valeureux policiers, qui risquent leur vie pour protéger des innocents ou arrêter des malfaiteurs. Les rivalités, les points d’achoppement juridiques, les horaires décalés, les deuils qu’on n’a pas le temps de faire, les relations exacerbées sont parfaitement mises en lumière dans l’ouvrage. Jusqu’à l’assaut final…
C’est excellent. C’est terrible. C’est horrible. C’est à vomir. Car alors qu’il ne s’agit ici que d’un livre, on sait que la réalité dépasse malheureusement la fiction…
Une réflexion sur « Le cheptel »