Joueuse

Benoît Philippon

347 pages

Le Livre de Poche, 2021, Les Arènes, 2020

Fin de lecture 28 août 2021.

J’avais beaucoup aimé Mamie Luger. Alors j’ai eu envie de renouveler l’expérience de l’écriture de Benoît Philippon en achetant ce troisième opus de l’auteur.

Le ton est tout de suite donné avec le récit haut-en-couleurs du début de vie de Zack : entraîné par son père, il devient un joueur de poker professionnel, « roi parmi les loosers ».

Zack a un sparring partner, Baloo le déprimé, son ami d’enfance. Les deux s’encanaillent pour arnaquer les petits joueurs. Pour sauver Baloo.

« A voir son ami ainsi flirter avec le vide, il se dit qu’un jour il ne parviendra pas à l’arrêter. Son cauchemar le plus régulier. »

Zack, dont les relations avec les femmes sont uniquement d’ordre sexuel – ne pas s’attacher, ne pas exprimer de sentiments – rencontre Maxine lors d’une soirée organisée par un mafieux. Car oui, le petit milieu que fréquente Zack n’a rien à voir avec les scènes internationales. Le débiteur indélicat et surtout impénitent se retrouve bien vite avec « deux trous de chevrotine dans le dos ».

Or Maxine est différente. A part les prostituées soumises aux mafieux, peu de femmes évoluent dans ces cercles en jouant au poker, et surtout en gagnant. Mais Maxine poursuit un but connu d’elle seule. Et pour cela, elle doit gagner beaucoup d’argent. Et donc gagner au poker. Dans tous les cercles miteux, de ville ou de campagne.

Zack croise son regard, est touché par elle, trop sans doute. Car lorsqu’elle le retrouve à une soirée suivante et lui propose un deal hors normes, Zack accepte, au grand dépit de Baloo.

« Baloo avait raison, elle lui met la tête à l’envers. Il a toujours rejeté toute forme d’émotion, il est hors de question de se laisser aller à la vulnérabilité. »

Tricheries en tous genres, bagarres, Benoît Philippon entraîne le lecteur dans un monde sanglant où les dettes se règlent à coups de poings… ou de revolver ! Le lecteur s’insère dans un film à la Audiard, avec cercle de jeux, voyous, aristocrate et jeune fille à défendre – quand bien même cette jeune femme dispose d’arguments frappants !

Chacun des personnages principaux est attachant dans son genre : à l’origine, tous sont des victimes, des écorchés vifs, qui se débattent avec leurs souvenirs pour survivre. Maxine, Zack, Baloo mais aussi le jeune Jean, surdoué recueilli par une Maxine au grand cœur, forment un quatuor qu’on souhaite voir évoluer vers le meilleur après avoir connu le pire.

L’écriture est enlevée, l’humour – noir – omniprésent dans les réflexions et les dialogues (délicat de lire ce livre dans un train, je me suis esclaffée à plusieurs reprises !), qui contrebalance les scènes violentes évoquées ou décrites, dont certaines relatives à Maxine sont terrifiantes.

J’ai beaucoup aimé ce roman, à la fois très divertissant et émouvant.

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La chambre des morts

Franck Thilliez

341 pages

Le Livre de Poche, 2011

Fin de lecture 22 août 2021.

Dans ce roman, Franck Thilliez fait apparaître son deuxième personnage récurrent après Sharko, Lucie Hennebelle, brigadier au commissariat de Dunkerque.

Dans un champ d’éoliennes, deux amis, Vigo et Sylvain, renversent un homme. Ils découvrent à ses côtés une forte somme d’argent. La morale voudrait qu’ils la restituent à la police et avouent leur crime, mais ils décident de garder silence. Malheureusement pour eux, leur forfait a eu un témoin… dangereux !

De son côté, maman solo de jumelles et en mal d’attention masculine, Lucie est passionnée par les tueurs en série. Assommée par des nuits d’insomnie et ayant bien du mal à garder les yeux ouverts, elle lit et s’instruit sur le sujet.

Son rêve serait de participer à une vraie enquête judiciaire au lieu d’être cantonnée à des tâches purement administratives de réception des plaintes des usagers.

« Lucie pestait en silence devant l’inutilité de sa tâche. Elle qui rêvait depuis longtemps d’enquêtes dans des caves sombres, d’assassins intelligents, ne récoltait que des miettes. Pourquoi les enfants de parents ordinaires – mère sans emploi, père ouvrier – ont-ils un destin ordinaire ? »

Son désir va se réaliser quand le corps d’une fillette est découverte, qu’un homme a disparu et qu’une autre fillette vient d’être enlevée. En effet, les caractéristiques de la petite fille décédée amène Lucie à dévoiler son appétence pour la psychologie criminelle.

Elle en fait d’ailleurs part à son collègue Norman, duquel elle souhaite se rapprocher un peu plus…

Enlèvements, tortures physiques et psychologiques, on retrouve dans cet opus les ingrédients des thrillers de Franck Thilliez, avec les pires horreurs qui peuvent être commises. Les personnages sont bien campés et démontrent comment il peut être facile de basculer d’une vie normale à de la délinquance. Sans compter ceux qui souffrent de troubles psychiques terribles et projettent sur autrui leurs déviances.

Heureusement, Lucie apporte la lumière en lien avec son prénom et un humour bienvenu dans ce thriller très très sombre.

J’ai un peu moins aimé ce roman, dont j’ai trouvé la fin un peu alambiquée. Mais je poursuivrai avec plaisir ma lecture de la série, impatiente de voir évoluer ensemble Sharko et Lucie.

P. S. : suite à une mauvaise manipulation… j’ai effacé toute ma chronique, dont les citations. J’ai pu réécrire la chronique, mais pas toutes les citations, car je ne dispose plus du livre !