Les eaux noires

Plage : lieu de divertissement, mais aussi de sombres évènements… © CF 3/10/21

Estelle Thareau

256 pages

Éditions Taurnada, octobre 2021

Fin de lecture 3 octobre 2021.

Je remercie les Éditions Taurnada pour m’avoir adressé ce roman au format numérique. J’ai toujours voulu lire les thrillers d’Estelle Thareau, celui-ci est mon premier, et je vais sans aucun doute renouveler l’expérience très vite !

Yprat. La Baie des Naufragés. Quatre maisons reculées, dans lesquelles vivent respectivement Dominique, célibataire ; Yvan, Astrid et leur fils Charly, une famille ; Cédric, divorcé ; Joséfa et sa fille Suzy. Une plage. Des cabines de plage.

Des eaux noires qui rejettent le corps sans vie de Suzy, dix-sept ans.

Comment appelle-t-on un parent qui perd son enfant ? Car Jo est veuve, et sa seule raison de vivre est désormais de trouver qui a mis fin à la vie de son enfant. Jo refuse les déclarations toutes faites de ceux qui ne l’ont jamais aidée depuis son veuvage. Mais elle harcèle les policiers, nationaux et municipaux, dont ses amis Cédric et Alexandre.

« Les eaux noires ne lui avaient pas rendu le corps de son enfant sans raison. Jo en était convaincue. (…) Elle avait instauré un nouveau rituel immuable et obsédant. Elle avait adapté sa vie à la mort de sa fille en allant quotidiennement au commissariat pour entendre le même constat d’échec. »

Mais cette mère étreinte par le chagrin déroute et dérange, y compris dans la station-service où elle exerce son métier de serveuse. Là aussi elle est mise à l’écart. De victime, elle devient coupable de ne pas permettre aux autres de continuer à vivre…

« À l’ère du politiquement correct, on n’excluait plus. On préservait. Mais au fond, on se débrouillait toujours pour laisser le gêneur à l’écart. Seul l’emballage cadeau était plus attrayant. »

Le temps passant, la petite ville se trouve désormais confrontée à un corbeau, qui commence à jeter la suspicion sur les uns et les autres, en dévoilant leurs secrets. La rumeur enfle, qui désagrège les réputations et engendre de nouveaux drames. Jusqu’à ce qu’un policier peu amène, Casano, prenne le dossier en main avec plus de nouvelles méthodes.

Voici un thriller très bien ficelé. Estelle Thareau sonde les âmes, fouille l’intimité et met en place des engrenages qui ne peuvent s’arrêter…

Le meurtre de la jeune fille sert de base pour dévoiler les secrets des habitants, dénoncer les horribles conséquences de la bien-pensance ainsi que pour montrer le combat d’une mère non-conformiste dans son deuil.

C’est remarquablement écrit.

Les descriptions renforcent l’atmosphère pesante, la solitude des êtres, à peine illuminées par quelques rayons de soleil et rires d’enfants, presque saugrenus.

Les personnages sont bien campés, chacun dans un rôle presque caricatural. Leurs interactions, mouvantes au fur et à mesure de l’avancée de l’intrigue, sont décrites de manière ciselée. J’ai aimé Casano dans sa rudesse apparente. Et le personnage de Jo m’a profondément touchée dans sa peine : j’ai été indignée par la façon dont le village l’a accablée et j’ai admiré son acharnement à vouloir découvrir la vérité, comme « une chienne » cherche « son petit », en refusant les faux-semblants et le voyeurisme qui accompagne bien souvent les faits divers.

Coup de cœur !

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