
(L’intégrale tome 2)
Lelong
152 pages
Éditions Audie-Fluide Glacial, 2003
Fin de lecture 23 octobre 2021.
Cette intégrale tome 2 regroupe les tomes 4, 5 et 6 des aventures de Carmen Cru, deux bandes-dessinées hors l’héroïne préférée de Lelong, des planches d’esquisses et une interview de l’auteur explicitant son rapport aux personnages et aux lieux qu’il décrit.
J’ai découvert Carmen Cru il y a vingt ans, dans la salle d’attente d’un hôpital. J’ai tout de suite aimé cette vieille dame insupportable, indigne, qui pose son regard cynique sur ses voisins et le monde en général.
J’ai lu ou acheté d’autres ouvrages depuis, mais cette intégrale m’a beaucoup plu, car l’auteur y expose à la fois dans une des histoires et dans son interview la jeunesse de Carmen, et la façon dont sa maison s’est retrouvée enclavée dans un quartier d’immeubles.
Carmen Cru, c’est une vieille dame acariâtre qui profite de ses voisins, Raoul et Mouvilon. Ceux-ci la méprisent ou la tolèrent, mais elle est souvent la source de leurs conversations.
Solitaire, affublée de son vieil imper tout miteux, de son cabas et de son vieux vélo, elle est toujours en activité : lessive, courses, récurage de sa maison, entretien de son jardin ouvrier. Alors qu’elle dit et écrit souvent qu’elle n’a rien fait de sa journée…
« Ça a été une journée ordinaire, rien que de la simple routine. »
Elle dérange aussi parce qu’elle renvoie aux autres leur paresse et la vacuité de leur existence :
« J’ai des feignants et des malpropres comme voisins, et faut que je les endure, y a des fois où je m’admire. »
Son neveu qui vit de mauvais vin et de filles essaye par tous moyens de lui soutirer de l’argent. Mais la vieille dame ne s’en laisse pas compter ! Roublarde, c’est en majorité elle qui renverse les situations et, procédurière, accumule plaintes et pétitions contre tous.
Je n’aime pas particulièrement les dessins, notamment des personnages – ils sont tous très laids -, mais l’ensemble en noir et blanc sert les histoires que raconte Lelong.
Les gags ou réflexions de Carmen me font rire ou même éclater de rire tant sa mauvaise foi est patente, et qu’elle l’assume sans vergogne.
« Y en a qui s’imaginent qu’on peut m’acheter pour des futilités que je me contrefiche. (…)
Faut pas me prendre pour pire que je suis. »
J’ai une certaine tendresse pour l’increvable aïeule, qui refuse toute attache et tout sentiment, même quand une longue tirade lui est servie par un certain… Gérard Depardieu !

Une réflexion sur « Carmen Cru – La Vioque de choc »