
Toni Coppers
Traduction de Charles de Trazegnies
359 pages
éditions diagonale, 2021
Fin de lecture 31 octobre 2021.
Alex Berger est un brillant flic belge. Mais quand débute l’histoire « Magritte », le 13 novembre 2017, cela fait deux ans qu’il végète entre médicaments, alcool et cauchemars dûs à la disparition de sa femme Camille dans l’attentat qui a frappé le « Petit Carillon » à Paris.
Hasard du calendrier, son commissaire et ami Leroux lui demande de réintégrer l’équipe, car deux détenus se sont évadés. Or l’un d’eux, Novak, était interrogé par Berger au moment des attentats…
Il est à présent soupçonné d’avoir commis deux meurtres, l’un à Bruxelles, l’autre à Paris, sur des femmes au profil très différent et sans lien apparent. La seule indication qui les relie est un message indiquant : « ceci n’est pas un suicide. » En probable référence au tableau de Magritte légendé par le célèbre « Ceci n’est pas une pipe ».
Berger, bien qu’affaibli psychologiquement et physiquement, doit émerger pour mener l’enquête avec l’aide de ses nouveaux coéquipiers.
L’histoire m’intéressait initialement, sans rien connaître des affres de Berger. Un flic tourmenté, on en croise fréquemment dans les livres (Sharko par exemple chez Franck Thilliez).
Mais j’ai eu beaucoup de difficultés à entrer dans le livre et à le continuer. Peut-être y a-t-il une trop large part faite aux tourments de Berger, qui est vraiment très touchant dans sa peine, ou bien n’ai-je pas été conquise par la façon de raconter l’histoire ? Quelques erreurs typographiques m’ont également freinée.
Mais çà et là, les descriptions pointues et teintées d’humour tranchaient avec la morosité.
« Quel hasard ou quelle dose d’humour noir avait-il fallu pour tracer une voie à côté de trois réacteurs nucléaires et la nommer « rue Bonne Espérance » ? »
Je me suis efforcée de poursuivre ma lecture, parce que je souhaitais avoir le fin mot de l’enquête, et voir si Berger allait reprendre vie. Et tout à coup, ça a pris et je ne l’ai plus lâché ! Peut-être parce que j’avais cessé de considérer ce livre comme un simple polar et que j’avais pris le parti de l’envisager du côté d’Alex… d’entrer en empathie avec lui, l’affaire devenant secondaire par rapport à ses propres souffrances. Et de fait, c’est à ce tournant dans mon esprit que l’affaire s’est accélérée, qu’Alex a mis toute son expertise pour la résoudre, comme un moyen de se rapprocher de sa défunte épouse en la vengeant.
Plus qu’une histoire policière, il s’agit donc de celle d’un homme meurtri et des choix qu’il fait pour s’anéantir définitivement ou pour survivre. Poignant !
Et on y explore aussi l’univers de Magritte, peintre qui « nous force à réfléchir à la différence entre la réalité et notre représentation de la réalité », au travers d’une toile figurant un pipe. Toni Coppers a réussi un tour de force en intégrant dans son roman de multiples références cachées à Magritte, les lieux et les gens qu’il a fréquentés. Pour n’en citer que quelques-unes : Berger est le nom de jeune fille de Georgette Magritte, épouse du peintre, Leroux fait bien sûr référence à l’un de ses auteurs préférés (Gaston), Hamoir, nom d’emprunt de Novak est en fait celui d’Irène, poétesse amie, le mur de papier peint particulier renvoie à l’une des professions exercées par le peintre… J’ai lu une biographie de Magritte après ce polar, j’aurais aimé l’avoir fait avant, j’aurais sans doute pu capter un peu plus de l’humour de Toni Coppers et de l’hommage qu’il rend au grand peintre surréaliste.
C’est le premier livre de Toni Coppers que j’ai lu, je réitérerai pour vérifier si la construction de ses romans est identique ou si je peux y entrer plus facilement.