
Yun Ko-Eun
Traduction Jeong Eun Jin et Jacques Batilliot
181 pages
Éditions La Croisée, 2021
Fin de lecture 8 décembre 2021
Je remercie les Éditions La Croisée (Groupe Delcourt) pour m’avoir adressé cet ouvrage, couronné du prix policier international CWA Dagger 2021.
J’ai aimé cet ouvrage à la fois pour la thématique singulière mise en exergue et pour la beauté de l’écriture.
L’autrice coréenne met en scène une jeune femme, Yona, chargée d’organiser pour l’agence Jungle des voyages dans des lieux accablés par des cataclysmes.
« Yona pensait que la vacuité d’un instant pouvait avoir une influence plus grande sur notre existence que le présent vécu. Que tout voyage commençait peut-être avant d’être entamé. Qu’il ne faisait qu’entériner un mouvement déjà amorcé. »
Elle-même en disgrâce auprès de son supérieur doit effectuer un dernier voyage avant de pouvoir quitter sa place. Désireuse d’en finir au plus vite, Yona va mettre tout en œuvre pour satisfaire son employeur, n’hésitant pas à effectuer un très long voyage vers le Vietnam, l’île de Mui et ses mystères.
« Quand on concevait un voyage ayant pour destination le site d’une catastrophe, il fallait songer à dégager des facettes susceptibles d’émouvoir n’importe qui et ce quel que soit l’angle d’attaque. Ce qui embrumait les pupilles, c’étaient les images très fortes. Elles l’emportaient sur la réalité lorsqu’on apprenait l’événement par les médias. »
Mais son périple ouvre les yeux de Yona sur la futilité de son travail et surtout sur ce que certains sont prêts à faire pour attirer les touristes…
Les mises en scène douteuses proposées pour appâter les futurs clients du tour-opérateur peuvent aussi se heurter tout simplement à la réalité, quand dame nature décide de n’en faire qu’à sa tête !
Les descriptions, les interrogations de la principale protagoniste m’ont touchée et ont fait écho aux enjeux actuels d’une société tiraillée entre enjeux écologiques et consumérisme.
Voici un roman qui interroge donc nos pratiques de voyage, les sites choisis, les populations exploitées et les soi-disant coutumes relayées sur injonctions de guides ou de sociétés peu scrupuleux.
Et il reste surtout un très beau moment de lecture.
Une réflexion sur « Les touristes du désastre »