
Patrícia Melo
324 pages
Actes Sud, 2014
Fin de lecture 8 avril 2022.
Feu follet, c’est une mise en abyme. Celle de Fábbio Cassio, un acteur, qui joue dans la pièce du même nom. Qui doit se suicider par balles au terme du scénario. Et qui meurt réellement ! Horreur dans le théâtre…
Narcissique, le jeune homme semblait pourtant peu disposé à mettre fin à ses jours, bien au contraire, puisque c’était la première !
« Si j’avais quelque chose à dire à un jeune acteur, ce serait ça : fais attention avec la célébrité. Et si tu deviens célèbre, n’oublie jamais ça : la célébrité fait de toi un participant au grand Big Brother de la vie. Tu t’exposes vingt-quatre heures sur vingt-quatre, pense-t-il. Les caméras de la célébrité ne s’éteignent jamais. Elles fonctionnent jour et nuit, surtout pour enregistrer ta chute, le moment exact où tu t’écrases par terre. »
A Sâo Paulo, la corruption gangrène la société et la police. Azucena, qui dirige le service scientifique, doit mener de front l’enquête sur cet étrange suicide – ou meurtre ? – et sa vie familiale en complète décomposition depuis qu’elle a surpris sa jeune sœur en compagnie de son mari. Elle doit également gérer ses filles et ses parents âgés, dont son père l’ancien commissaire, tout un programme !
C’est le monde du spectacle et de la télé-réalité, tout en superficialité, qui se heurte à la rationalité de l’experte.
L’agent de Fábbio, Cayanne sa future ex-femme avide de célébrité, Olga sa mère éplorée, ses amis, … tous sont suspects. L’enquête d’Azucena la mélomane est minutieuse, mais n’est pas la priorité de son nouveau chef, Leandro, qu’elle a connu dans une autre vie. Encore une autre raison de se battre ! Azucena est courageuse, ancrée dans le réel.
J’ai découvert dans cet ouvrage la plume acérée et pleine d’humour de Patrícia Melo. Si j’ai été gênée au début par la narration au présent de l’indicatif, l’écriture est agréable. Les dialogues sont savoureux, les situations des personnages complexes. Sans oublier une enquête difficile qui va dévoiler le pire derrière la mise en scène initiale.
Une réflexion sur « Feu follet »