Le sang de Manchester

Vincent Radureau

396 pages

Hugo Poche, collection Suspense, mai 2022

Fin de lecture 6 juin 2022.

Je remercie les Éditions Hugo pour m’avoir adressé cet ouvrage dans le cadre d’un service presse.

J’avais découvert Vincent Radureau en qualité d’écrivain avec Le dernier match de River Williams. J’avais aimé ce thriller qui se déroulait sur fond de sport.

Le nouvel ouvrage de l’auteur, journaliste sportif, n’y déroge pas. Mais il y développe des qualités littéraires qui m’ont permis de l’apprécier plus encore.

Bien évidemment, quand on parle de Manchester, si l’on est féru d’histoire contemporaine, on voit la deuxième ville d’Angleterre, ouvrière et profondément marquée par les années Thatcher. Mais si l’on aime le football, cela évoque l’éternelle (ou presque) rivalité entre City et United, les deux clubs ennemis de la cité mancunienne.

Bleu. City.

Rouge. United.

Deux couleurs que tout oppose, deux couleurs qui font se rassembler des supporters survoltés dans les stades, où seul compte l’envoi d’un ballon rond au fond des filets… de l’adversaire, bien sûr !

« C’était dans leur sang, c’était leur patrimoine, leur héritage, leur vie. (…) C’était ainsi : en Angleterre, on ne plaisantait pas avec la fidélité aux clubs de football. On pouvait tromper sa femme cent fois, mais pas son équipe. »

Vincent Radureau bâtit donc son roman sur l’ostracisme et la violence qui oppose les clubs et leurs spectateurs.

A une semaine du derby, finale de la League, alors que les deux formations sont à égalité de points, deux corps sont découverts lors d’un chantier situé à l’emplacement de l’ancien stade de City. Deux corps entrelacés. L’un porte un maillot bleu. L’autre un maillot rouge.

Il n’en faut pas plus pour déchaîner les foules : agitateurs de réseaux sociaux ou journalistes peu scrupuleux avides de scoop, hooligans réservés dans les stades mais actifs en dehors, la violence s’invite dans Manchester… jusqu’au décès d’un habitant.

« Ils hurlaient comme des barbares dans une lutte ancestrale, Saxons contre Vikings, Anglais contre Normand. Pourtant ils étaient bien tous de la même engeance ; ils se ressemblaient tous, ce qui rendait la scène encore plus aberrante. »

La toute nouvelle capitaine Molly Doherty, irlandaise dans une ville anglaise, doit identifier les victimes et, le cas échéant, les coupables. Secondée par ses deux lieutenants Fergus Pennycook et Stuart Summerbee, eux-mêmes supporters des équipes rivales mais sans acrimonie, Molly peut compter sur leur connaissance de la ville et du milieu sportif.

Voici une enquête haletante, en raison de l’espace-temps proposé, des allers-retours entre 2021 et le passé, nourri de refrains inoubliables (la playlist se situe en postface). L’écriture a gagné en profondeur, les descriptions transportent le lecteur tant dans la foule rieuse des badauds aux abords du stade que dans les tribunes hurlantes, tant dans les tristes maisonnettes que dans les pubs surchauffés.

L’expertise de l’auteur dans son domaine de prédilection permet de relater avec précision les côtés pile et face du monde du football : pression et doutes dans les vestiaires, antagonisme proche de la haine, dérives à l’intérieur comme à l’extérieur. Milieu populaire contre nantis, quartiers bas contre centre ville, capitaine contre capitaine, Bleus contre Rouges.

J’ai trouvé ce roman bien construit et ai été touchée par ces gamins des quartiers populaires dont la seule envie initiale était de taper dans un ballon…

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