Mon frère chasse les dinosaures

Giacomo Mazzariol

175 pages

Slatkine&Cie, 25 août 2022

Fin de lecture le 13 août 2022

Je remercie les Éditions Slatkine & Cie pour m’avoir permis de découvrir les épreuves non corrigées du roman-témoignage de Giacomo Mazzariol, publié en Italie en 2015, à paraître le 25 août 2022.

Giacomo Mazzariol invite le lecteur à entrer dans sa maison.

Alors qu’il pense que le nouveau petit frère à venir va rééquilibrer les forces en présence puisqu’il a déjà deux sœurs, et profiter de cette fratrie pour jouer au ballon, monter aux arbres et parcourir le monde à vélo, le petit Giacomo, cinq ans, apprend qu’un chromosome va changer à jamais sa vie et celle de sa famille. Car Giovanni est atteint de trisomie vingt-et-un.

Giacomo, dit Jack, va faire le deuil de certains de ses rêves. Il va, grandissant, mener une vie double : acceptation de Gio, ce frère qu’il aime lorsqu’il est chez lui, crainte et honte de le faire savoir à ses copains d’école et de s’afficher avec lui.

Puis, peu à peu, il va mûrir au regard de situations cocasses qui lui feront comprendre que sa peur du jugement d’autrui n’appartient qu’à lui.

« Les écrivains, c’était nous. La responsabilité de décider comment se terminerait cette histoire, d’ailleurs, ne tenait qu’à moi. Personne n’était là pour verser dans mon cœur cette peur du jugement des autres, j’étais seul à la nourrir. »

Il n’y a aucun pathos dans cet ouvrage, bien au contraire. Les sentiments sont très justes et leur description fine et sans faux-semblants. Oui, élever un enfant différent n’est pas simple et bouleverse la vie familiale. Oui, l’adolescence est une période où tous veulent être semblables et que se différencier prend des proportions énormes. Mais c’est bien souvent une idée qui ne correspond pas totalement à la réalité. Le témoignage de Giacomo Mazzariol vaut toutes les thérapies sur la résilience : il montre par l’exemple, sans être donneur de leçon, comment cesser de lutter et regarder la réalité via un autre prisme rend la vie tellement plus facile. La façon des parents d’aborder la naissance de cet enfant « spécial », et de réagir face à certaines situations invite le lecteur à s’interroger durablement sur le sens de certains choix, comportements ou excuses.

« Maman disait qu’aimer un frère, ça ne veut pas dire choisir quelqu’un à aimer, mais se retrouver à côté de quelqu’un que tu n’as pas choisi, et l’aimer. »

J’ai notamment beaucoup aimé la façon dont le papa de Giocomo explique les avantages de son emploi à un ancien camarade plutôt hautain…

J’ai été très touchée par cette mise en exergue (😉) pleine de maturité mais d’un abord très simple également, d’un tout jeune homme qui prend le parti de montrer au monde entier ce qu’il a essayé de dissimuler durant quelques années…

Giacomo Mazzariol est devenu scénariste, j’espère lire d’autres ouvrages aussi forts que celui-ci.

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