Suivie

Ellery Lloyd

507 pages

Hugo Poche, septembre 2022

Fin de lecture 8 septembre 2022

Je remercie les éditions Hugo pour m’avoir adressé, dans le cadre d’un service presse, ce premier titre d’un couple de journaliste et d’écrivain écrivant sous pseudonyme. La couverture, très belle, évoque d’emblée le sujet traité.

« La célébrité, c’est l’avantage d’être connu de ceux qui ne vous connaissent pas » écrivait jadis le moraliste Chamfort.

Les réseaux sociaux forment aujourd’hui un lieu propice à la promotion de vies ordinaires qui y deviennent ainsi extra-ordinaires, au sens premier du terme.

Mais prôner la transparence à tout prix peut se retourner contre soi, lorsqu’on transgresse en fait la vérité. « Les gens heureux n’ont pas d’histoire » écrivait Tolstoï, hé bien les instamums non plus !

Or, paradoxalement, la vie d’Emmy Jackson est plutôt agréable. Les défauts, les difficultés avec ses jeunes enfants, ne sont exposés que pour faire le buzz et augmenter son audience, parce que c’est ce qui marche.

« Le concept tout entier tient dans la notion d’un pétrin commun dans lequel je me débats tout comme elles, et que, tout comme elles, je fais au mieux. »

Mais les posts et stories sont-ils toujours sans conséquence ?

Emmy va en faire l’amère expérience. Même son écrivain de mari Dan ne croit plus en elle. Sa fille refuse fréquemment de se prêter au jeu des photos mises en scène. Et surtout, parmi les milliers d’abonnés qui suivent sa vie de mère de famille soi-disant honnête, une personne en veut à Emmy. L’heure d’une redoutable vengeance a sonné pour la jeune femme qui s’est prise à son propre piège, entre contrats juteux et cadeaux mirifiques.

Les scénarios habiles mais purement mensongers auquels elle a fini par croire ne lui seront d’aucun secours. Les valeurs morales d’Emmy décroissent à mesure que sa popularité progresse.

Les chapitres se succèdent : Emmy, Dan et le mystérieux personnage qui fomente dans l’ombre son forfait exposent leur quotidien et leurs réflexions.

Ce livre fait froid dans le dos. Il décrit de façon très édifiante les faces cachées des réseaux sociaux, les vies faites et défaites par de simples clics, par des messages empathiques ou haineux.

Il montre les dérives qui guettent ceux dont l’existence ne procède plus que des photos, stories et autres messages postés à longueur de journée, et dont les contrats mirifiques les empêchent d’y mettre un terme, à l’instar de leur agent.

Et la fin est d’une ironie parfaitement maîtrisée…

Un roman, mais presque un document, qui m’a procuré des émotions très contradictoires : de l’empathie, voire de la compassion pour l’entourage d’Emmy, de la colère à son encontre, de l’horreur face à ce qui lui arrive, et une certaine tristesse face aux leçons non intégrées…

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