Disco Queen

Stéphanie Janicot

234 pages

Albin Michel, 2023

Rentrée littéraire janvier 2023

Fin de lecture 21 février 2023

Conseillé par la libraire venue présenter quelques livres de la rentrée littéraire à la médiathèque, il s’agit du seul roman un peu « feel good ».

Soizik, sexagénaire proche de la retraite est hospitalisée suite à un infarctus. Elle découvre qu’une affection plus grave risque de l’emporter plus vite qu’elle ne l’aurait souhaité, et décide de rédiger une sorte de roman autobiographique, dont elle donne les chapitres à lire à ses filles au fur et à mesure.

On y mesure combien sa vie a été tracée par la lignée familiale :

« C’est un curieux début dans l’existence que de naître de parents tristes. La mort s’engouffre dans les nombreux creux de l’enfance. Si j’ai apporté de la joie, du mouvement, de l’impromptu dans ce foyer endeuillé, j’en ai hélas reçu l’inquiétude et le sens de la fatalité. »

Or, afin de sortir de son destin, et de mettre en garde ses propres filles du risque de tomber dans une certaine routine, Soizik imagine dans son roman créer au sein de sa propriété un bistrot et une discothèque consacrée à la musique disco, et d’y convoquer John Travolta !

Ses filles, soucieuses de rendre la fin de vie de leur maman un peu plus douce, vont tout mettre en œuvre pour réaliser son projet imaginaire, dans le plus grand secret. Et c’est ainsi que le village entier s’échine durant la fin de séjour à l’hôpital.

Tandis que la maman imagine, les filles construisent. Et peut-être pas simplement un lieu de rencontre, mais une certaine idée du bonheur.

« S’il lui restait une chose à réussir enfin, avant de disparaître pour de bon, c’était exactement ça : atteindre ce point de légèreté, cette bulle dans laquelle la fatigue n’existe plus, où les palpitations sont celles de la joie, non plus celles de l’angoisse, où le sourire devient l’état naturel du visage et l’esprit, un ballon d’hélium attiré vers les cimes. »

J’ai beaucoup aimé l’alternance des pages du roman de Soizik et celles de la narration des événements réels. La distinction est facilitée par une police de caractère différente. Sur le fond, Stéphanie Janicot propose une réflexion mélancolique sur les choix de vie, mais démontre également la capacité de l’amour à porter les rêves vers la réalité. Et s’il suffisait de se parler, de penser un peu différemment pour modifier la perception des personnes et des événements ?

J’ai trouvé formidable cette idée de transmission d’une mère à ses enfants. Les sujets évoqués sont ceux de notre époque, traités de façon distanciée et simple mais pas simpliste via le roman, ils prennent toute leur importance dans les faits.

Voici un très joli moment de lecture.

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