Nos embellies

Scénario : Gwénola Morizur

Dessins et couleurs : Marie Duvoisin

71 pages

Bamboo Éditions, Collection Grand Angle, 2018

Fin de lecture le 11 avril 2023

Quand un voyage impromptu et quelques rencontres inopinées changent le cours de plusieurs vies.

Lily et Felix sont en couple. Il est musicien, elle est photographe. Il est tout heureux de partir préparer une tournée qu’ils pourront effectuer bientôt ensemble.

Lily cache un secret : elle vient d’apprendre qu’elle est enceinte. Et se demande ce qu’elle va faire de cette nouvelle et de l’enfant qui s’annonce. Mais elle n’a pas l’opportunité de s’interroger tranquillement, car alors que Félix doit partir, son neveu Balthazar arrive du Canada pour passer Noël à Paris suite à la séparation de ses parents. Et Felix confie Balthazar aux bons soins de Lily.

Sauf que Noël au Canada, c’est synonyme de neige. Et Balthazar ne comprend pas qu’il n’y en ait pas à Paris ! Alors Lily décide de l’emmener dans le Massif Central. Sur une aire d’autoroute, ils croisent Jimmy, un jeune homme gentil mais qui semble marginal. Le trio poursuit ensemble le périple jusqu’à ce que la neige ait raison de la voiture !

Perdus en pleine montagne, ils arrivent chez Pierrot, berger qui les accueille au milieu de ses chèvres.

Ces quatre êtres qui n’ont a priori rien en commun vont se découvrir et réunir leurs solitudes pour finalement s’entraider…

C’est un joli roman graphique, tant par les histoires contées que par les dessins, sublimés par des couleurs douces et chaleureuses.

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Le meurtre du Docteur Vanloo

Armel Job

332 pages

Éditions Robert Laffont, 2023

Fin de lecture 27 avril 2023

Le docteur Vanloo habite en Belgique, non loin de la frontière luxembourgeoise, où il travaille. Dans le petit village de Fontenal, son arrivée a fait fureur : car le bon docteur est également un grand séducteur !

Mais voilà que le corps du chirurgien est découvert dans sa maison, par sa femme de ménage, alors que la porte était verrouillée… Le commissaire Demaret mène l’enquête, qui va le conduire à découvrir tout un pan caché de la vie de Vanloo, ainsi que de celle du village apparemment sans histoire. La Belgique rurale, avec ses fermiers, son vétérinaire, son restaurant de passage : il s’en passe derrière les portes ou simplement dans les têtes des habitants…

« C’est quand la mort est banale qu’elle fait peur aux gens. Devant le cercueil d’un défunt ordinaire, touché par un cancer tout aussi ordinaire, on ne se sent pas rassuré. A qui le tour ? A moi ? Un crime, au moins, ça donne du champ. On peut s’en amuser. Pour une fois, au lieu de nous accabler, la mort a décidé de nous distraire. Elle joue aux devinettes. »

Du village à Bruxelles, les langues se délient, les personnages sont savoureux, et le commissaire doit composer avec une substitute du procureur qui veut montrer qu’elle existe, une juge d’instruction qui veut clore l’affaire au plus tôt pour partir en congés, une épouse bafouée et des couples mal assortis… sans compter sa propre conscience !

C’était pour moi une découverte de l’écriture d’Armel Job, je me suis régalée tant de l’intrigue que de l’humour de l’auteur et ai apprécié le personnage du commissaire et sa fameuse méthode du rond-point.

Le libraire de Cologne

Catherine Ganz-Muller

277 pages

Scrineo, 2020

Fin de lecture le 9 avril 3023

A Cologne, fin 1933, la librairie Mendel a pignon sur rue. Elle travaille avec de nombreux partenaires commerciaux, et a mis en place un système de prêt de livres.

Son propriétaire, Alexander Mendel, emploie quelques personnes fidèles.

Mais dans cet entre-deux guerres, alors que les premières lois anti-juives ont été promulguées par Hitler, le chef de famille décide de s’exiler en France pour protéger les siens.

« Le peuple a perdu tous ses repères, il ne croit plus dans les institutions, il rejette les élites. C’est pour ça qu’Hitler a été élu, il avait un discours que le peuple a cru proche de lui sans voir ce qu’il signifiait réellement. »

Alexander confie alors sa boutique à Hans Schreiber, un tout jeune homme amoureux de sa fille Lisa. D’abord en qualité d’associé puis de propriétaire, puisque les familles juives sont dépossédées de leurs biens.

Et Hans n’aura de cesse de faire survivre la librairie, face à toutes les adversités : menaces, descentes de police, maladie, deuil, bombes. Alors que les relations humaines sont empreintes de méfiance, car une dénonciation est très vite arrivée, Hans va pouvoir compter sur des soutiens très variés pour sauver ces biens si précieux à ses yeux : les livres.

Inspirée de l’histoire réelle de sa famille, Catherine Ganz-Muller dépeint l’horreur et la vaillance : un homme, seul majoritairement, dont la loyauté envers le patron qui lui a fait confiance sera sans faille, face à la cruauté des affiliés de l’idéologie nazie. Sans conteste, l’attitude d’Hans est une véritable résistance pour conserver la liberté de penser par les ouvrages, même au péril de sa vie.

Ce livre destiné à la jeunesse et primé en 2021 bénéficie d’une chronologie historique et d’un glossaire, ainsi que de précisions relatives aux personnes réelles dont certains personnages sont inspirés. Il témoigne de la dégradation de la démocratie, de l’instauration d’une autocratie qui dénie la liberté de penser et de s’instruire grâce aux livres.

Ce livre a toute sa place dans l’éducation historique et constitue un repère pour l’avenir…

Neuf parfaits étrangers

Liane Moriarty

508 pages

Albin Michel, 2020

Fin de lecture 12 mai 2023

On m’a donné ce livre, il traînait depuis quelques temps dans ma bibliothèque. Évidemment l’auteure ne m’était pas inconnue, mais je n’avais jamais ouvert un de ses ouvrages.

Je ne regrette pas de l’avoir fait.

On a tous à un moment ou l’autre de notre vie l’impression que celle-ci nous échappe. Qu’il s’agisse de difficultés familiales, conjugales, professionnelles, ou juste un mal-être qui s’installe sans raison apparente.

Pour vous aider, des temples du bien-être ont été érigés, à grand renfort de cures dépuratives et reconstructives hors de prix, histoire de vous mettre en plus sur la paille !

En Australie, Tranquillum House est un de ces endroits où quelques privilégiés peuvent se ressourcer. Neuf personnes s’y retrouvent donc, inconnus appelés à partager une dizaine de jours de soins et de régénération sous l’égide attentive de Masha.

Mais celle-ci a décidé de tenter une expérience particulière avec ses nouveaux hôtes : la promesse du slogan publicitaire de changer leur vie sera tenue au-delà des espérances de la directrice !

Frances, auteure de romans sentimentaux, Ben et Jessica, un jeune couple, Napoleon, Heather et leur fille Zoe, Carmel, maman dépassée, Tony et enfin Lars.

Chapitre après chapitre, le lecteur découvre les célibataires, couples ou famille qui ont été attirés par ce besoin de renouveau. Ils viennent avec leurs soucis, sont remplis de préjugés envers les autres, et vont apprendre à se connaître dans des situations peu conventionnelles.

« Frances n’avait jamais adhéré à l’idée que la beauté est en chacun de nous, un lieu commun que seules les femmes avaient besoin d’entendre, car pour un homme, nul besoin d’être beau pour se sentir un homme. »

Ce livre est addictif : de courts chapitres dévoilent les pensées et enjeux de la cure de chacun des hôtes, ainsi que les curieuses méthodes des soignants… je l’ai lu quasiment d’une traite, tant les histoires individuelles et communes rendent les personnages attachants. L’humour et la critique d’une société des apparences sont omniprésents. Sans oublier bien sûr le volet « thérapie » qui dénonce cette surenchère de gourous plus ou moins diplômés qui promettent monts et merveilles…

Un régal !