Cherub – Mission 1 : 100 jours en enfer

Texte : Robert Muchamore – Ian Edginton

Traduction d’Antoine Pinchot

Illustrations : Aggs

176 pages

Casterman, 2016

Fin de lecture 7 février 2022

James est un jeune garçon de onze ans, inadapté scolaire, adepte de combines en tous genres. Sa mère décède et son beau-père refusant de s’occuper de lui, il est séparé de sa demi-sœur Lauren.

James est alors placé dans un orphelinat. Il s’y fait à nouveau remarquer par ses mauvais résultats, sauf en mathématiques où il excelle. Son seul but est de retrouver sa sœur.

Grâce à un jeune camarade, Kyle, il se fait embaucher par une émanation secrète du MI5, Cherub. Ce campus, uniquement dédié à de jeunes orphelins entre 10 et 17 ans, les forme pour les envoyer ensuite en mission d’infiltration, là où des adultes se feraient trop remarquer et ne sauraient être légitimes : écoles, familles, …

« Les enfants peuvent accomplir des missions hors de portée de la plupart des adultes. Et les criminels le savent depuis longtemps. »

Ce premier volume adapté de la série à succès éponyme de Robert Muchamore, conte donc les prémices des aventures de James, son recrutement, la formation qu’il reçoit et les relations avec ses nouveaux camarades de jeu. Un vrai parcours du combattant pour pouvoir décrocher le droit de devenir un agent muni du tee-shirt de la bonne couleur ! Car, comme au judo, la progression au sein de Cherub se manifeste par la couleur du tee-shirt, et le respect des autres en dépend…

J’ai beaucoup aimé ce roman graphique qui plante bien le décor : un jeune garçon attachant, en désarroi et à risque grave de tomber dans la délinquance, une société secrète, des missions d’infiltration policières, des rivalités et des amours adolescentes.

S’agissant des dessins, j’ai aimé la mise en images, les couleurs attrayantes et la qualité du papier glacé. J’ai simplement regretté l’absence de pagination, compensée par le fait que les bandes utilisent toute la page sur la majorité de l’album.

Tout est réuni pour une sympathique histoire que j’ai eu plaisir à lire, et une série littéraire dont je comprends qu’elle ait pu passionner les adolescents. Cela m’a fait penser à la série télévisée de ma propre jeunesse, 21 Jump Street, dans laquelle un certain Johnny Depp et son équipe prenaient la place de lycéens pour mener des enquêtes en sous-marin.

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Leïla et les filles perdues

Odile Maskens

141 pages

Éditions Academia – L’Harmattan, janvier 2022

Fin de lecture le 31 janvier 2022.

Je remercie les Éditions Académia et Babelio pour m’avoir adressé cet ouvrage dans le cadre de la Masse Critique Littérature de janvier 2022. Ce qui m’a incitée à poser candidature pour recevoir ce livre, en était le sujet évoqué : une « adaption libre de l’œuvre Peter Pan » de James Matthew Barrie.

Peter Pan évoque pour beaucoup un jeune garçon de dessin animé habillé de vert, un peu prétentieux, qui ne veut pas grandir, vole et enlève une jeune fille londonienne pour qu’elle serve de maman à sa tribu d’enfants perdus.

Pour moi, il s’agit surtout d’un livre lu et relu durant mon enfance, avec une première partie autour de sa naissance et de ses premières années Dans les jardins de Kensington qui permet de comprendre la construction de l’enfant devenu le héros virevoltant.

Dans son adaptation, Odile Maskens renverse les rôles : tous les protagonistes changent de genre. Les papas lisent des histoires, les mamans sont trop préoccupées par leur travail et la vie chère, les jeunes garçons s’occupent de leurs sœurs cadettes, les fées sont devenues des féetauds et bien évidemment, Peter est devenu Leïla.

Leïla vient donc écouter les histoires qui la concernent, racontées par Tim à Louise et Rose. Elle les entraîne avec elle vers l’Île irréelle grâce à la poussière magique de Grelot, afin d’y retrouver les filles perdues et d’y vivre de grandes aventures avec les Squaws et leur chef le prince Val le Lynx, les Tritons etles Flibustières menées par la redoutable Joséphine Main de Fer.

A défaut de son genre, chaque personnage conserve les caractéristiques de son pendant originel. Tim est affectueux et responsable, tandis que Leïla est un monstre d’égoïsme. On retrouve aussi en filigrane cette obsession de ne pas vouloir grandir attachée à la jeune héroïne.

« Souvent Leïla partait seule. Lorsqu’elle rentrait, il était impossible de savoir si elle avait vécu une aventure. Elle pouvait l’avoir totalement oubliée au point qu’elle n’en disait mot. (…) Tim la cajolait, baignait son front avec de l’eau tiède tandis qu’elle l’étourdissait de récits affolants. Les seules aventures avérées étaient celles auxquelles il avait participé.»

Ceux qui me lisent fréquemment savent que des héroïnes affirmées me plaisent infiniment !

Oui mais voilà… je connais sans doute trop bien l’histoire initiale. D’une certaine façon, la réécriture en est trop proche, même dans les dialogues, et je l’ai ainsi vue à de nombreuses reprises comme une copie féministe du conte onirique de J. M. Barrie. C’est méconnaître la place qu’il a faite à la courageuse Lili la Tigresse, celle de héros bien vaniteux conférée à Peter et les valeurs portées par Wendy.

La concession que je peux faire concerne l’écriture et les descriptions des paysages ou personnages : j’ai beaucoup aimé le voyage vers l’île irréelle à travers les nuages, et imaginer la crinoline de Joséphine imprégnée d’auréoles nauséabondes qu’elle cherche à cacher m’a fait sourire.

Mais je n’ai pas été touchée par les personnages, dans l’attente déçue de découvrir des péripéties inédites.

Je ne connais pas l’intention première de l’auteure, et il est d’ailleurs dommage qu’elle n’en ait pas fait part en propos liminaires ou postface. J’ai mené mes investigations sur le web, sans grand succès.

Si j’ai été déçue, je pense que, au regard de l’histoire et de ses enjeux, ce roman pourrait plaire à des jeunes qui ne seraient pas comme moi imprégnés du roman original. C’est en ce sens que je l’ai conseillé à la médiathèque que je fréquente.

Et bien évidemment, pour poursuivre l’exploration, et comprendre la signification du « syndrome de Peter Pan », il est intéressant de lire l’étude qu’en a faite la psychanalyste Kathleen Kelley-Lainé et son propre témoignage dans l’ouvrage Peter Pan ou l’enfant triste.

Mélo-Méli chez Alexander Fleming

Le découvreur de la peigne-ici-en-ligne pénicilline !

Paul Beorn et Lilie Bagage : textes

Marie Morelle : illustrations

60 pages

Éditions Scrineo, octobre 2021

Fin de lecture le 27 novembre 2021.

Je remercie Babelio et les éditions Scrineo pour m’avoir adressé cet ouvrage dans le cadre d’une Masse Critique jeunesse.

J’aime beaucoup les livres pour enfants qui allient humour, couleurs et intérêt pédagogique. Celui-ci ne fait pas exception.

Au travers de soixante – trop courtes – pages, on suit les aventures des jumeaux Mélo, le garçon « maladroit avec ses gestes » et Méli, la fille « maladroite avec ses mots », au vingt-deuxième siècle.

Journalistes en herbe pour leur chaîne Utube, ils accompagnent leur maman dans un laboratoire pour un reportage. Leur maladresse les transporte dans un voyage à travers le temps au sein du laboratoire d’Alexander Fleming, en 1928.

Mais leur véhicule a tout cassé : l’heure est grave, car ils risquent de changer le cours du temps… et notamment de ne pas permettre la découverte de la pénicilline !

Le robot NOUNOU (acronyme qui m’a fait beaucoup rire !) a plus d’un tour dans son sac (d’aspirateur) pour rétablir l’ordre, pour le plus grand bien de l’humanité, ouf !

Dans ce livre aux dimensions 15 x 20, Retour vers le futur croise un R2D2 déjanté, une découverte scientifique majeure est évoquée avec précision et humour. La police et la taille de caractère du texte sont agréables, les dessins illustrent et servent parfaitement le propos. Des encarts y permettent ainsi d’en apprendre un peu plus sur le monde microscopique qui provoque des maladies.

J’ai bien aimé au début du livre la présentation attrayante des auteurs et de l’illustratrice, qui en fonde le sérieux malgré son abord drôle.

Un livre très sympathique pour permettre aux 5-11 ans d’en apprendre plus sur une découverte qui a révolutionné la médecine.

Ma raison de vivre

Rebecca Donovan

537 pages

PKJ, 2015

Fin de lecture 9 septembre 2021.

Chiné dans une boîte à livres par ma meilleure amie, voici un roman jeunesse qui conte l’histoire terrible d’Emma.

Emma a seize ans. Elle vit dans le Connecticut chez son oncle George et sa tante Carol, avec leur deux enfants. Emma semble être une jeune fille sans histoire : intelligente, studieuse, sportive. Néanmoins, elle essaye de se fondre dans la foule, de ne pas attirer l’attention sur elle. Son unique objectif est d’aller à la fac, dans deux ans. Et surtout de quitter le foyer qui l’héberge. Car elle y est le souffre-douleur de sa tante, l’esclave attitrée de cette femme monstrueuse et violente.

« En cumulant ces activités, j’espérais mettre toutes les chances de mon côté afin d’obtenir une bourse pour l’université. C’était le seul domaine de mon existence sur lequel j’avais l’impression de pouvoir agir. Bien plus qu’un plan de fuite, c’était une question de survie. »

Seule la meilleure amie d’Emma, Sara, connaît un peu sa vie. Mais pas dans les détails, car Emma se sent humiliée par la situation. Sara lui apporte un peu de joie et de légèreté. Et lorsqu’Evan, camarade de classe fraîchement arrivé au lycée lie connaissance avec Emma, Sara et lui vont tout faire pour permettre à la jeune fille de vivre des moments privilégiés.

Attirée par le jeune homme, Emma éprouve des sentiments contradictoires, tiraillée par son envie de connaître une jeunesse « normale » et la peur de ne pas pouvoir poursuivre ses rêves et mettre fin à la situation qui l’accable.

Ce livre destiné à la jeunesse a ému l’adulte que je suis. Emma est profondément attachante dans sa lutte perpétuelle pour endurer les coups et les menaces et protéger ses jeunes cousins de la débâcle familiale qui risquerait de s’installer si elle trahissait son douloureux secret.

« Un simple coup de fil, une simple visite au bureau de la psychologue du lycée, une seule phrase, et je pouvais mettre fin à tout cela.

Des éclats de rire ont retenti dans la cuisine. Leyla et Jack. Pour eux aussi, ça serait fini. Je ne pouvais pas gâcher ainsi leur vie. Carole et George les aimaient sincèrement, je n’avais pas le droit de leur enlever leurs parents. »

L’amitié, les amours naissantes, les relations qui s’établissent durant l’adolescence sont également au cœur de ce très beau roman qui est, je l’ai découvert en le finissant, le premier d’une trilogie.

Si j’espère pouvoir me procurer la suite des aventures des trois protagonistes et surtout de Rebecca, ce seul opus se suffit néanmoins à lui-même.