Les saisons de Rosemarie

Dominique Richard

87 pages, et 5 pages postface de l’auteur

Éditions Théâtrales, 2004

Rosemarie Peccola apparaît dans Le journal de Grosse Patate » comme une petite fille timide et peu causante.

Le présent livre qui lui est consacré montre combien est importante la richesse intérieure de cette enfant qui a un peu grandi et se trouve à la croisée de l’enfance et de la pré-adolescence.

Les adultes (le professeur de danse qui lui fait recommencer infiniment les mêmes postures, le professeur de mathématiques qui ne s’exprime que dans un imparfait du subjonctif, très approximatif d’ailleurs! et même son propre papa) ne semblent pas comprendre Rosemarie, réfugiée dans son monde intérieur. Et elle aime Rémi, mais n’ose surtout pas s’en approcher.

Incapable de se faire des amis du fait de son manque d’assurance, elle fait appel à son imagination pour se créer un copain imaginaire dénommé « le garçon ».

Rosemarie entretient alors un dialogue avec lui comme s’il s’agissait d’un véritable ami, et ce dialogue intérieur avec un « être » bienveillant et, qui plus est, affublé d’un défaut de langage, va l’amener à s’affirmer au fil des saisons de l’année scolaire.

La petite fille rêveuse et solitaire, qui se sent en décalage avec les autres déjà passés de l’autre côté de l’enfance, et incapable de s’exprimer ouvertement au début de la pièce, va se muer en une toute jeune fille qui reprendra pied dans la réalité.

Dominique Richard explore à nouveau l’enfance, notamment ce passage qui peut s’avérer douloureux, qu’il peut être difficile de quitter pour un inconnu qui fait peur, les doutes sur soi et les autres et la découverte des premiers sentiments amoureux.

Une jolie découverte, qui m’a ramenée vers ma propre enfance.

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Le journal de Grosse Patate

Dominique Richard

60 pages

Éditions Théâtrales/Jeunesse, 2002

Pièce de théâtre créée sur scène en 1998, inspirée des souvenirs de l’auteur, Le Journal de Grosse Patate raconte la vie de la petite fille surnommée ainsi à cause de son appétit démesuré, et la place de ses amis Rosemarie, Rémi et Hubert auprès d’elle.

Même ses rêves habités par L’Homme en noir laissent une large place à la nourriture. Mais c’est lui qui met en lumière et interprète la nuit les événements de la journée.

Ainsi voit-on tour à tour des sujets comme la différence (si la petite fille est moquée pour sa masse corporelle, elle-même se venge sur le petit Rémi à coup de claques), l’amitié (avec ses hauts et ses bas), l’amour (tout le monde est amoureux d’Hubert!), le deuil, …

Les drôles de réflexions de la petite fille sont très pertinentes sur le monde des adultes et leurs contradictions (Dire « Vous êtes des grands maintenant » à des enfants encore petits, une hérésie !).

Une petite fille attachante car elle est loin d’être parfaite, mais avec des peines de son âge et de tout âge finalement…

Un très joli petit livre lu très vite, et puisque c’est le premier d’une série (les autres pièces mettant en scène en personnage principal chacun des amis de Grosse Patate), je lirai la suite avec plaisir.

Smith et Wesson

Alessandro Baricco

157 pages

Éditions Gallimard, avril 2018

Merci à Agnès, bibliothécaire animatrice du Club des Lecteurs du 15 septembre 2018, d’avoir si bien vendu cette pièce de théâtre qu’elle m’a donné envie de la lire aussitôt! 😊

Pour une fois, voici également la photo de la quatrième de couverture pour que je ne déflore pas plus que ce qu’il y est mentionné.

Dès les premiers mots, je ne suis pas déçue. « Non loin des chutes du Niagara, années 1902. Intérieur d’une cabane de fortune, bordélique mais digne. »

Ça s’annonce plutôt bien, ce ne devrait pas être triste. Et oui, c’est réjouissant, j’ai beaucoup ri. J’ai tout de suite été embarquée dans cette histoire loufoque avec 3 personnages à part : Wesson le Pêcheur de suicidés, Smith le météorologue statisticien et Rachel la journaliste rêveuse.

Les autres didascalies sont du même tonneau (oups, lapsus révélateur), et permettent de visualiser très facilement le jeu d’acteurs, la tension qui monte crescendo quand on s’approche de l’heure H.

Cette pièce est certes très drôle, elle fait référence à un fait réel (réalisé en octobre 1901 par une femme de 63 ans, Annie Taylor, pour fêter son anniversaire), mais elle aborde également d’autres thèmes, tels la réalisation des rêves, le non conformisme, l’amitié et les attentions désintéressées.

Un très joli moment de lecture avec un auteur que je ne connaissais pas.