Très souvent, les périodes de vacances sont moins propices à la lecture pour moi, car je m’essaie à d’autres activités, en fonction du temps.
Mais cette année, quelques nuits d’insomnie m’ont amenée à conserver mon rythme habituel de lecture. J’ai été ravie d’alterner services presse, emprunts bibliothèque et ami(es) et utilisation de ma haute pile à lire. Et de revenir à un mode que j’affectionne également, le livre audio.
Voici donc les 11 livres lus durant cette période, dans l’ordre :
Je remercie les Éditions Taurnada pour m’avoir adressé en service presse la version numérique de ce troisième opus de Christian Guillerme.
La couverture est magnifique. Très suggestive, elle annonce l’angle d’écriture de l’auteur, qui allie plongée dans les pensées des personnages et descriptions précises des lieux et faits, assurant ainsi une vision cinématographique de l’ensemble.
Imaginez-vous donc sur le quai du RER. Et sous vos yeux, un homme, celui qui semblait si fébrile, vient d’un geste se jeter contre la rame. Comment peut-on arriver à une telle extrémité ?
A cause d’une simple transaction. D’une petite annonce. D’une arnaque tombée sur un individu qui a refusé de se laisser berner. Un individu au profil très inquiétant.
Voilà comment les membres d’un trio d’amis, Alphonse, Johan et Manal, verront leur vie saccagée à cause d’une caméra contrefaite.
Car l’homme blousé va traquer sa proie, mettre tout en oeuvre pour retrouver son vendeur et lui faire payer au prix fort son geste… jusqu’à se venger à mort ! Une première fois, par erreur… mais il va y prendre goût et réitérer.
« Espèce de petit enfoiré, je vais te choper autrement, fais-moi confiance. Tu n’as pas choisi le bon pigeon, mec ! »
Le pitch est génial, à l’heure des annonces passées sur des sites en tous genres, où les particuliers s’échangent des biens sans savoir précisément la provenance et l’état de l’objet acheté. La manière de raconter l’histoire, en commençant par l’issue, est très intéressante également, et quelque peu déroutante. On assiste ainsi aux dernières réflexions d’Alphonse, qui préfère choisir sa mort plutôt que de s’en remettre au tueur.
« Il allait mourir tellement loin de la terre de ses ancêtres, ce continent gravé sur sa peau d’ébène. Il aurait tant aimé que quelqu’un l’accompagne et lui tienne la main une dernière fois. Quelqu’un comme Johan ou Manal. »
Il se remémore le processus qui l’a entraîné vers sa chute : ce qui a conduit les amis à proposer ladite caméra à l’achat, l’origine de leur amitié et leurs interactions. Et bien sûr, la façon donc l’acheteur furieux va se muer en chasseur puis en tueur pour leur faire payer leur forfait. Jusqu’à une fin inattendue, suspense oblige.
Ce thriller original propose donc une succession de plans larges ou rapprochés faisant focus sur un personnage. Lenteur de la description des faits avant les drames, augmentation du pouls lors de la recherche des amis disparus. Un peu comme les arrêts et reprises d’accélération de ce RER fatal…
J’avais beaucoup aimé Mamie Luger. Alors j’ai eu envie de renouveler l’expérience de l’écriture de Benoît Philippon en achetant ce troisième opus de l’auteur.
Le ton est tout de suite donné avec le récit haut-en-couleurs du début de vie de Zack : entraîné par son père, il devient un joueur de poker professionnel, « roi parmi les loosers ».
Zack a un sparring partner, Baloo le déprimé, son ami d’enfance. Les deux s’encanaillent pour arnaquer les petits joueurs. Pour sauver Baloo.
« A voir son ami ainsi flirter avec le vide, il se dit qu’un jour il ne parviendra pas à l’arrêter. Son cauchemar le plus régulier. »
Zack, dont les relations avec les femmes sont uniquement d’ordre sexuel – ne pas s’attacher, ne pas exprimer de sentiments – rencontre Maxine lors d’une soirée organisée par un mafieux. Car oui, le petit milieu que fréquente Zack n’a rien à voir avec les scènes internationales. Le débiteur indélicat et surtout impénitent se retrouve bien vite avec « deux trous de chevrotine dans le dos ».
Or Maxine est différente. A part les prostituées soumises aux mafieux, peu de femmes évoluent dans ces cercles en jouant au poker, et surtout en gagnant. Mais Maxine poursuit un but connu d’elle seule. Et pour cela, elle doit gagner beaucoup d’argent. Et donc gagner au poker. Dans tous les cercles miteux, de ville ou de campagne.
Zack croise son regard, est touché par elle, trop sans doute. Car lorsqu’elle le retrouve à une soirée suivante et lui propose un deal hors normes, Zack accepte, au grand dépit de Baloo.
« Baloo avait raison, elle lui met la tête à l’envers. Il a toujours rejeté toute forme d’émotion, il est hors de question de se laisser aller à la vulnérabilité. »
Tricheries en tous genres, bagarres, Benoît Philippon entraîne le lecteur dans un monde sanglant où les dettes se règlent à coups de poings… ou de revolver ! Le lecteur s’insère dans un film à la Audiard, avec cercle de jeux, voyous, aristocrate et jeune fille à défendre – quand bien même cette jeune femme dispose d’arguments frappants !
Chacun des personnages principaux est attachant dans son genre : à l’origine, tous sont des victimes, des écorchés vifs, qui se débattent avec leurs souvenirs pour survivre. Maxine, Zack, Baloo mais aussi le jeune Jean, surdoué recueilli par une Maxine au grand cœur, forment un quatuor qu’on souhaite voir évoluer vers le meilleur après avoir connu le pire.
L’écriture est enlevée, l’humour – noir – omniprésent dans les réflexions et les dialogues (délicat de lire ce livre dans un train, je me suis esclaffée à plusieurs reprises !), qui contrebalance les scènes violentes évoquées ou décrites, dont certaines relatives à Maxine sont terrifiantes.
J’ai beaucoup aimé ce roman, à la fois très divertissant et émouvant.
Dans ce roman, Franck Thilliez fait apparaître son deuxième personnage récurrent après Sharko, Lucie Hennebelle, brigadier au commissariat de Dunkerque.
Dans un champ d’éoliennes, deux amis, Vigo et Sylvain, renversent un homme. Ils découvrent à ses côtés une forte somme d’argent. La morale voudrait qu’ils la restituent à la police et avouent leur crime, mais ils décident de garder silence. Malheureusement pour eux, leur forfait a eu un témoin… dangereux !
De son côté, maman solo de jumelles et en mal d’attention masculine, Lucie est passionnée par les tueurs en série. Assommée par des nuits d’insomnie et ayant bien du mal à garder les yeux ouverts, elle lit et s’instruit sur le sujet.
Son rêve serait de participer à une vraie enquête judiciaire au lieu d’être cantonnée à des tâches purement administratives de réception des plaintes des usagers.
« Lucie pestait en silence devant l’inutilité de sa tâche. Elle qui rêvait depuis longtemps d’enquêtes dans des caves sombres, d’assassins intelligents, ne récoltait que des miettes. Pourquoi les enfants de parents ordinaires – mère sans emploi, père ouvrier – ont-ils un destin ordinaire ? »
Son désir va se réaliser quand le corps d’une fillette est découverte, qu’un homme a disparu et qu’une autre fillette vient d’être enlevée. En effet, les caractéristiques de la petite fille décédée amène Lucie à dévoiler son appétence pour la psychologie criminelle.
Elle en fait d’ailleurs part à son collègue Norman, duquel elle souhaite se rapprocher un peu plus…
Enlèvements, tortures physiques et psychologiques, on retrouve dans cet opus les ingrédients des thrillers de Franck Thilliez, avec les pires horreurs qui peuvent être commises. Les personnages sont bien campés et démontrent comment il peut être facile de basculer d’une vie normale à de la délinquance. Sans compter ceux qui souffrent de troubles psychiques terribles et projettent sur autrui leurs déviances.
Heureusement, Lucie apporte la lumière en lien avec son prénom et un humour bienvenu dans ce thriller très très sombre.
J’ai un peu moins aimé ce roman, dont j’ai trouvé la fin un peu alambiquée. Mais je poursuivrai avec plaisir ma lecture de la série, impatiente de voir évoluer ensemble Sharko et Lucie.
P. S. : suite à une mauvaise manipulation… j’ai effacé toute ma chronique, dont les citations. J’ai pu réécrire la chronique, mais pas toutes les citations, car je ne dispose plus du livre !