Sur un arbre perché

Gérard Saryan

384 pages

Taurnada Éditions, janvier 2023

Fin de lecture 23 décembre 2022

Je remercie les Éditions Taurnada pour m’avoir adressé ce livre de Gérard Saryan, en version numérique. Je découvre ainsi l’auteur, dont c’est le second roman.

Alice est une jeune femme comblée. Enceinte de huit mois de Guillaume, avocat lyonnais en vue, belle-mère adulée par Dimitri, le petit garçon de son conjoint, mais un peu moins par l’aînée Barbara en pleine adolescence, Alice vient de lancer son entreprise de stylisme.

Tout lui sourit donc, ou presque, lorsqu’à l’occasion d’un week-end parisien, Dimitri échappe à la surveillance d’Alice au sein de la gare de Lyon. Le début de l’enfer pour elle et la famille. Tandis qu’Alice subit un grave accident, l’enfant demeure introuvable. Remise, la jeune femme ne parvient pas à échapper à la culpabilité. Alors que ses liens avec Guillaume se distendent, elle décide de mener l’enquête avec acharnement. Tantôt avec la police, tantôt avec l’aide d’un journaliste qui recherche en parallèle une mystérieuse ravisseuse qui sévit depuis quelques années au nez et à la barbe des forces de l’ordre.

A travers l’Europe, avec l’appui de personnes inattendues, Alice se transcende, tout en restant profondément humaine.

Le livre est dense, haletant. Racontés soit par Alice, soit par le narrateur, des événements se croisent via des mini-chapitres, au présent et dans le passé, jusqu’à dévoiler plusieurs terribles vérités.

J’ai été prise par le rythme, par cette attachante héroïne malgré elle qui s’échine à retrouver l’enfant perdu, au-delà de ses propres forces – « Tiens bon Alice, tiens bon » – et des frontières, et en se méfiant de tous.

L’ensemble est si agréable à lire qu’on veut juste suivre la jeune femme dans sa quête de la vérité.

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Et les vivants autour

Barbara Abel

499 pages

Belfond, 2020, Pocket, 2021

Fin de lecture 18 octobre 2022

Une jeune femme dans le coma depuis quatre ans suite à un terrible accident de voiture. La famille, son mari, ses parents, sa sœur et son beau-frère qui se relaient à son chevet. Ces vivants, autour d’une quasi-morte, qui tiennent tant bien que mal et essaient de poursuivre leur vie.

Et ce professeur qui veut les voir, les plongeant dans un profond désarroi : chacun se demande quelle est la conduite à tenir, et surtout qu’aurait voulu Jeanne ?

Barbara Abel dissèque chaque personnage sous sa plume acérée. L’envie de vivre, le ressentiment, la culpabilité, les conflits de loyauté vis-à-vis de Jeanne.

Faut-il la maintenir en vie ou non ? Peut-on vraiment passer à autre chose, de nouvelles amours, de nouveaux projets avec cette pensée permanente qui les taraude : et si Jeanne venait à se réveiller malgré tout ?

« – Et ta femme… Elle fait quoi, dans la vie ?

– Elle dort.

C’est sorti tout seul.

– Pardon ?

– Elle dort.

(…)

– Depuis quatre ans, précise-t-il enfin. Elle… elle est dans le coma. »

Ceci est le côté psychologique du roman, qui enjoint forcément à réflexion.

Mais comme c’est Barbara Abel qui écrit, au-delà questionner la « moralité » de la fin de vie, le livre expose les secrets de la famille de Jeanne. Et là commence le thriller.

L’auteure montre comment la trame de ce drame s’est tissée depuis bien longtemps. Et que cette famille en apparence très unie autour de la malade va se disloquer totalement quand chaque protagoniste va souhaiter mettre en avant ses propres objectifs. Jeanne devient le catalyseur des décisions individuelles qui seront prises par ceux qui l’entourent.

J’ai été happée par ce roman lu très vite : par le sujet en filigrane, évidemment d’actualité, de la fin de vie décidée par d’autres ou soi-même, mais aussi par la manière dont Barbara Abel met en avant chacun de ses personnages, avec ses aspects attachants ou profondément rebutants. On passe de l’empathie à l’effroi, on réfléchit aux jugements hâtifs que l’on peut porter et on observe les conséquences des décisions anciennes…

J’ai aussi aimé les citations en incipit des grandes parties, prélude au déroulement d’une phase de l’histoire.

Je suis donc ravie d’avoir lu ce roman dédicacé par l’auteure au SMEP 2022, alors que je n’avais lu précédemment que l’excellent Derrière la haine.