La vraie vie

Adeline Dieudonné

266 pages

Éditions L’iconoclaste, 2018

Prix Goncourt des Lycéens, 2019

Fin de lecture 15 août 2020

Bizarrement, ce livre a fait le buzz pendant un certain temps sur les réseaux sociaux, j’avais compris qu’il était très bon, mais je n’en connaissais absolument pas l’histoire.

Et je ne suis pas déçue !

Ce roman-thriller est excellent.

L’adolescente qui narre l’histoire veut absolument redonner le sourire à son petit frère, Gilles, qu’un tragique accident a marqué émotionnellement. Elle s’essaie à inventer une machine à remonter le temps, et explore par là même les arcanes de la science, de la physique quantique, pour devenir si possible la nouvelle Marie Curie.

Mais tout serait trop simple si cette jeune fille dont les hormones s’éveillent n’était pas entourée d’une mère soumise à son butard de mari. Avide de sang, chasseur invétéré, pour lui les femmes sont un gibier traditionnel à sa merci.

Mais la vraie vie est-elle à ce prix ?

Sauver son frère est une chose, sauver sa peau et ne surtout pas devenir comme sa mère en est une autre.

Dans ce premier roman salué par la critique, l’autrice dévoile un grand talent de conteuse, alternant entre les désirs fantasmés propres à l’adolescence de son héroïne et les objectifs bien réels de s’échapper de la vie qu’elle mène. Prodige qui s’ignore, obligée de cacher son exceptionnelle intelligence, elle fait preuve d’une maturité bien au-delà de son âge. Elle évolue durant les cinq années que traverse sa narration, mais alors que le livre est un condensé de violences, que certains passages sont chargés de terreur et d’angoisse, il en ressort également une grande luminosité grâce à l’espoir qui demeure malgré tout au plus profond d’elle.

Les descriptions, les réflexions de la jeune fille ainsi que la façon de conter l’histoire m’ont fait penser à Laura Kasischke, et c’est pour moi plus qu’un compliment ! Coup de cœur !

Citations

« Je ne pouvais juste pas accepter de passer ma vie à regarder la vermine manger le cerveau de mon petit frère. Le perdre pour toujours. Même si je devais y consacrer toute mon existence, je changerais ça. Ou je mourrais. Il n’y avait aucune autre solution. »

« D’ailleurs, tout le monde à l’école était mou. Les profs, les élèves. Les uns étaient bêtement vieux et les autres allaient vite le devenir. Un peu d’acné, quelques rapports sexuels, les études, les gosses, le boulot et hop ! Ils seront vieux et ils n’auront servi à rien. Moi, je voulais être Marie Curie. Je n’avais pas de temps à perdre. »

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