
Christian Guillerme
250 pages
Éditions Taurnada, 9 septembre 2021
Fin de lecture 31 août 2021.
Je remercie les Éditions Taurnada pour m’avoir adressé en service presse la version numérique de ce troisième opus de Christian Guillerme.
La couverture est magnifique. Très suggestive, elle annonce l’angle d’écriture de l’auteur, qui allie plongée dans les pensées des personnages et descriptions précises des lieux et faits, assurant ainsi une vision cinématographique de l’ensemble.
Imaginez-vous donc sur le quai du RER. Et sous vos yeux, un homme, celui qui semblait si fébrile, vient d’un geste se jeter contre la rame. Comment peut-on arriver à une telle extrémité ?
A cause d’une simple transaction. D’une petite annonce. D’une arnaque tombée sur un individu qui a refusé de se laisser berner. Un individu au profil très inquiétant.
Voilà comment les membres d’un trio d’amis, Alphonse, Johan et Manal, verront leur vie saccagée à cause d’une caméra contrefaite.
« Tu crois qu’il va faire quoi, le gars ? » lança Alphonse. Johan parut revenir à lui. « Quoi, quel gars ?
– Ben l’acheteur, tiens !
– Ah, lui ? Il fera comme tous ceux qui se font arnaquer. Soit il se dira qu’il retiendra la leçon, soit il tentera de refourguer sa caméra… comme toi… à un autre pigeon. »
Car l’homme blousé va traquer sa proie, mettre tout en oeuvre pour retrouver son vendeur et lui faire payer au prix fort son geste… jusqu’à se venger à mort ! Une première fois, par erreur… mais il va y prendre goût et réitérer.
« Espèce de petit enfoiré, je vais te choper autrement, fais-moi confiance. Tu n’as pas choisi le bon pigeon, mec ! »
Le pitch est génial, à l’heure des annonces passées sur des sites en tous genres, où les particuliers s’échangent des biens sans savoir précisément la provenance et l’état de l’objet acheté. La manière de raconter l’histoire, en commençant par l’issue, est très intéressante également, et quelque peu déroutante. On assiste ainsi aux dernières réflexions d’Alphonse, qui préfère choisir sa mort plutôt que de s’en remettre au tueur.
« Il allait mourir tellement loin de la terre de ses ancêtres, ce continent gravé sur sa peau d’ébène. Il aurait tant aimé que quelqu’un l’accompagne et lui tienne la main une dernière fois. Quelqu’un comme Johan ou Manal. »
Il se remémore le processus qui l’a entraîné vers sa chute : ce qui a conduit les amis à proposer ladite caméra à l’achat, l’origine de leur amitié et leurs interactions. Et bien sûr, la façon donc l’acheteur furieux va se muer en chasseur puis en tueur pour leur faire payer leur forfait. Jusqu’à une fin inattendue, suspense oblige.
Ce thriller original propose donc une succession de plans larges ou rapprochés faisant focus sur un personnage. Lenteur de la description des faits avant les drames, augmentation du pouls lors de la recherche des amis disparus. Un peu comme les arrêts et reprises d’accélération de ce RER fatal…
J’ai beaucoup aimé.