Le bal des folles

Victoria Mas

Livre audio lu par Audrey Sourdive

6 h 45

Audible, février 2020, Albin-Michel, 2019

Fin de lecture 27 juin 2020

J’ai entendu parler de ce livre dès sa sortie. Il a été en lice pour de nombreux prix, en a obtenu au moins quatre, dont le Prix Renaudot des Lycéens 2019. Ce n’est que mérite !

Le bal des folles est un bal organisé chaque année à la mi-carême par l’hôpital de la Salpêtrière, permettant ainsi aux internées de vivre un moment de réjouissances et au Tout-Paris de jouer aux voyeurs.

L’histoire met en scène quatre personnages féminins, placées dans le contexte social et médical de février-mars 1885, durant les préparatifs du fameux bal.

Louise est une jeune fille de 16 ans, internée par sa tante, et qui ne rêve que de mariage avec un beau médecin.

Thérèse, ancienne prostituée internée depuis vingt ans, est une référence à la fois pour les aliénées et pour les infirmières.

Eugénie, une jeune fille de très bonne famille, souhaite s’émanciper du joug paternel et n’imagine pas le sort qu’il lui réserve.

Geneviève, enfin, est l’infirmière la plus gradée de l’hôpital, respectée par les médecins et crainte des pensionnaires.

Dans cet hôpital aux dimensions d’une petite ville, se côtoient ainsi les vraies malades, mais également celles qui sont devenues une charge sociale ou économique pour leurs proches. La condition de la femme émeut peu ces messieurs qui lui préfèrent des solutions radicales : il faut céder, ou être enfermée.

Au cours des quelques semaines durant lesquelles se déroule ce roman, les quatre protagonistes vont être confrontées à des modifications substantielles de leur vision de la vie et de leur avenir.

Les moeurs de l’époque, entre religiosité et rejet de toute autre croyance, émergence d’une rationalité imposée par l’esprit scientifique ou satanisme, laissent peu de place à une pensée construite de manière individuelle, et encore moins pour les femmes. Il est d’autant plus remarquable que la majorité de ces femmes contribuent également à maintenir ce poids sur leurs congénères.

Sur un fond historique fort documenté, Victoria Mas (dont l’interview en fin de document m’a permis de mieux comprendre l’approche littéraire) donne vie à des femmes qui deviennent les porte-parole d’une génération sacrifiée sur l’autel du paternalisme et des recherches médicales.

L’écriture est remarquable, et fort bien interprétée par la comédienne. J’ai traversé les couloirs interminables de l’hôpital, me suis perchée sur un des lits du dortoir pour partager les préparatifs du bal, suivi les séances d’hypnose organisées par le docteur Charcot, accompagné Geneviève dans son studio et rangé avec elle les lettres qu’elle écrit inlassablement…

Un coup de cœur !

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