Urbex sed Lex

Christian Guillerme

253 pages

Taurnada Éditions, 2020

Fin de lecture 28 février 2022.

« Urbex » ? Kézako ? Selon Wikipedia (oui mes sources sont certifiées 😉 ), « L’exploration urbaine, abrégée en urbex, est une pratique consistant à visiter des lieux construits et abandonnés par l’homme, l’explorateur urbain étant communément désigné par le néologisme urbexeur. »

Ouf, ça correspond à l’histoire ! Intéressons-nous donc à son déroulement.

Appât du gain, envie d’adrénaline.

Quand quatre amis fans d’urbex décident de répondre à une annonce pour un escape game grandeur nature, et que Christian Guillerme est aux commandes, on se doute que l’aventure ne va pas être de tout repos.

Carine, Fabrice, Chloé et Théo sont intrigués par la proposition anonyme qui leur est faite. Voire déstablisés et inquiets : leur pratique est confidentielle, leurs identités non associées au site sur lequel ils dévoilent quelques photos de leurs exploits.

Mais pour 32 000 €, quand même, ils serait dommage de ne pas résoudre l’énigme proposée… une dernière fois avant de raccrocher l’équipement d’explorateur !

Un grand sanatorium désaffecté est leur destination. Et dès leurs premiers pas, le malaise des quatre amis va s’accentuer.

« A chaque détour de couloir, à chaque ouverture béante sur l’extérieur, [Carine] sentait son échine se contracter, les poils de sa nuque se hérisser. Elle avait la sensation qu’ils ne maîtrisaient rien, comme embarqués malgré eux sur un frêle esquif, qui suivait les courants porteurs, sans jamais laisser le choix de la direction. »

L’angoisse qu’ils ressentent s’avère vite légitime, car la mort est au bout du chemin : en fait de proposition d’argent facile, il s’agit d’une terrible machination, mise en place par des prédateurs sans morale ni pitié. On suit les quatre amis dans leur quête d’aventures puis de vie quand ils comprennent qu’il s’agit d’un sombre piège.

Dès les premières lignes, on retrouve l’écriture cinématographique de l’auteur. Son habileté à entraîner des personnages relativement ordinaires – bien que dans cet opus, leur passion le soit peu – dans des situations extrêmes. La mise en place peut sembler un peu longue, elle permet surtout de comprendre ce qui va se jouer entre eux.

Car l’amour et l’amitié sont également au cœur du roman, les interactions entre les partenaires, leur envie de s’en sortir, individuellement ou collectivement. Mais à jamais changés.

J’ai beaucoup aimé ce thriller qui m’a fait découvrir un autre monde.

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Transaction

Christian Guillerme

250 pages

Éditions Taurnada, 9 septembre 2021

Fin de lecture 31 août 2021.

Je remercie les Éditions Taurnada pour m’avoir adressé en service presse la version numérique de ce troisième opus de Christian Guillerme.

La couverture est magnifique. Très suggestive, elle annonce l’angle d’écriture de l’auteur, qui allie plongée dans les pensées des personnages et descriptions précises des lieux et faits, assurant ainsi une vision cinématographique de l’ensemble.

Imaginez-vous donc sur le quai du RER. Et sous vos yeux, un homme, celui qui semblait si fébrile, vient d’un geste se jeter contre la rame. Comment peut-on arriver à une telle extrémité ?

A cause d’une simple transaction. D’une petite annonce. D’une arnaque tombée sur un individu qui a refusé de se laisser berner. Un individu au profil très inquiétant.

Voilà comment les membres d’un trio d’amis, Alphonse, Johan et Manal, verront leur vie saccagée à cause d’une caméra contrefaite.

« Tu crois qu’il va faire quoi, le gars ? » lança Alphonse. Johan parut revenir à lui. « Quoi, quel gars ?

– Ben l’acheteur, tiens !

– Ah, lui ? Il fera comme tous ceux qui se font arnaquer. Soit il se dira qu’il retiendra la leçon, soit il tentera de refourguer sa caméra… comme toi… à un autre pigeon. »

Car l’homme blousé va traquer sa proie, mettre tout en oeuvre pour retrouver son vendeur et lui faire payer au prix fort son geste… jusqu’à se venger à mort ! Une première fois, par erreur… mais il va y prendre goût et réitérer.

« Espèce de petit enfoiré, je vais te choper autrement, fais-moi confiance. Tu n’as pas choisi le bon pigeon, mec ! »

Le pitch est génial, à l’heure des annonces passées sur des sites en tous genres, où les particuliers s’échangent des biens sans savoir précisément la provenance et l’état de l’objet acheté. La manière de raconter l’histoire, en commençant par l’issue, est très intéressante également, et quelque peu déroutante. On assiste ainsi aux dernières réflexions d’Alphonse, qui préfère choisir sa mort plutôt que de s’en remettre au tueur.

« Il allait mourir tellement loin de la terre de ses ancêtres, ce continent gravé sur sa peau d’ébène. Il aurait tant aimé que quelqu’un l’accompagne et lui tienne la main une dernière fois. Quelqu’un comme Johan ou Manal. »

Il se remémore le processus qui l’a entraîné vers sa chute : ce qui a conduit les amis à proposer ladite caméra à l’achat, l’origine de leur amitié et leurs interactions. Et bien sûr, la façon donc l’acheteur furieux va se muer en chasseur puis en tueur pour leur faire payer leur forfait. Jusqu’à une fin inattendue, suspense oblige.

Ce thriller original propose donc une succession de plans larges ou rapprochés faisant focus sur un personnage. Lenteur de la description des faits avant les drames, augmentation du pouls lors de la recherche des amis disparus. Un peu comme les arrêts et reprises d’accélération de ce RER fatal…

J’ai beaucoup aimé.