Je remercie les éditions Hugo pour m’avoir adressé cet ouvrage dans le cadre d’un service presse.
Une autrice ou un auteur se cache derrière ce pseudonyme. Mais je n’ai pas réussi à le dénicher dans mon esprit embrumé par le rhume !
Le roman, lui, est très sympathique et accrocheur.
Dans une petite ville isolée, à quelques jours de Noël, dans le froid glacial et la neige, une brigade de gendarmerie va être mise à contribution sur des sujets très divers : la disparition de boules de Noël et d’un âne de la crèche, la découverte d’un corps par des lectrices assidues du club local, plusieurs meurtres, des livres avec des messages mystérieux et évidemment un auteur à succès retranché dans son manoir inviolable.
Les enquêtes menées en parallèle sont fort bien décrites et l’atmosphère hivernale parfaitement rendue, on s’y croirait. L’intrigue principale est bien menée et les personnages bien campés, qu’il s’agisse de suspects ou d’enquêteurs. Quelques remarques pleines d’humour contribuent à la bonne humeur qui entoure ce policier plein de suspense, que j’ai lu avec grand plaisir.
Un bon polar d’hiver, à découvrir sous la couette !
Je remercie les Éditions Taurnada pour m’avoir adressé cet ouvrage en format numérique dans le cadre d’un service presse.
C’est le deuxième opus de David Ruiz Martin que je lis, après le fabuleux Seule la haine.
Ici, l’on découvre Donovan, un cinquantenaire usé par la vie. Romancier à succès, il est accablé depuis son adolescence par la disparition de son frère Virgile, lors d’une agression commune. En 1973, la brume autour du lac de Neuchâtel était si forte et a duré si longtemps qu’elle a, selon la légende, « rendu les hommes fous ». Et surtout empêché Donovan de distinguer les traits de leur agresseur. L’enfant n’a jamais été retrouvé, et sa mort déclarée au bout du délai légal a conduit à enterrer un cercueil vide. Fi pour le deuil !
La famille et la communauté ne se sont jamais remis de ce fait divers.
Donovan s’est exilé à Paris, a construit sa carrière. Mais à cinquante-six ans, sa volonté de faire la lumière sur la disparition de Virgile reste farouche. Et surtout, depuis la mort de son père honni du faut de son tempérament violent, Donovan a le syndrome de la page blanche. Il sent qu’il doit en finir avec son passé. Alors, sans prévenir personne, le romancier revient sur les lieux sombres de son enfance.
« La maison me paraissait telle que je l’avais quittée trente-huit ans plus tôt. Sa façade hostile trahissait la rancœur et l’air ambiant semblait toujours exhaler des relents de haine. »
Il retrouve des policiers qui ont mené l’enquête à l’époque, sans succès, son meilleur ami Aaron, la douce infirmière qui l’a materné lorsqu’il s’est retrouvé hospitalisé, et fait la connaissance d’une mystérieuse jeune femme, Iris. Détentrice d’un don prémonitoire, Iris fascine Donovan. Elle seule peut l’aider à démêler son passé et peut-être entrevoir l’avenir.
Cependant Iris est profondément affectée par son don : connaître le futur l’attriste, car elle ne peut qu’accepter ce qui arrivera à ceux qu’elle rencontre. Elle ne peut l’influencer.
Si Donovan n’était pas revenu, la vérité n’aurait pas éclaté. Mais cela aurait sans doute évité d’autres morts…
C’est un thriller bien sûr, mais c’est surtout le drame d’une vie et la recherche de la vérité aux moyens peu conventionnels qui sont mis en exergue par l’auteur. Il y dénonce le système judiciaire qui empêche la poursuite des enquêtes et dénie aux familles de disparus la possibilité d’accomplir leur deuil.
« (…) Comment appelez-vous le fait d’obéir à des lois aberrantes au détriment d’un enfant disparu ?
– Un moment d’égarement, dit-il à court d’arguments.
– Alors je dis que vous manquez sacrément de vocabulaire ! »
Cet échange montre également la dose d’humour cynique saupoudré ici et là dans l’ouvrage, sans doute nécessaire pour détendre un peu le lecteur. Car l’ambiance est évidemment très sombre, entre le romancier alcoolique et dépressif et les violences qui l’entourent dès qu’il commence à approcher de la vérité.
Ce que j’ai moins aimé, mais c’est sans doute dû à mon côté pragmatique, est l’aspect un peu fantastique avec le personnage d’Iris et ses visions, qui fascinent tant notre héros. Même si cela ajoute une petite réflexion philosophique sur les conséquences des décisions que chacun prend.
Ce qui se joue, c’est l’emprise de l’être sur sa propre vie, s’il croit au destin : peut-on vraiment changer ce qui a été écrit ?
Je poursuis ma découverte des écrits de Franck Thilliez par sa duologie Le manuscrit inachevé et Il était deux fois, qu’il faut absolument lire dans cet ordre.
J’avais beaucoup entendu parler de ce roman lors de sa sortie, mais comme très souvent, j’ai plutôt lu les commentaires sur la forme, les appréciations, que sur l’histoire en elle-même, afin de garder intacte ma curiosité. C’est donc avec un œil totalement neuf que j’ai entamé ce livre, et avec une heureuse surprise quant à la forme… que je ne vais pas déflorer ici !
Le manuscrit d’un romancier célèbre est retrouvé après sa mort, inachevé. Il ne reste qu’une dizaine de pages à écrire pour en connaître la fin. C’est son héritier qui l’écrira.
Le roman met en scène deux héros en 2014 : Léane, écrivaine de thrillers aux scènes de crimes très détaillées, dont la fille Sarah a été enlevée quatre ans plus tôt ; Vic, policier Isérois qui enquête sur la disparition de plusieurs jeunes filles en lien avec un tueur en série.
La vie de ces deux êtres qui ne se connaissent pas va basculer au détour d’un fait divers : un jeune garçon vole une voiture à station service, et poursuivi par la douane, échoue dans un ravin. Or le cadavre d’une jeune femme sans visage et sans mains est découvert dans le coffre de la berline, des mains coupées près d’elle.
Léane commence la promotion de son dernier thriller quand un flic proche d’elle, Colin, l’informe que son mari Jullian, dont elle s’est séparée, a été victime d’une agression qui l’a rendu amnésique. Or, juste avant de perdre la mémoire, Jullian avait, semble-t-il, découvert un indice pour comprendre la disparition de Sarah.
Léane va donc s’acharner à découvrir ce qu’il en est, tout en s’inquiétant de certaines similitudes avec son roman.
Vic est hypermnésique, ce qui lui gâche la vie. S’il n’oublie jamais rien de ce qu’il voit, il ne se souvient pas de ce qu’il doit faire au quotidien. Séparé de sa femme et de sa fille, il loge dans un hôtel bas de gamme où il rapporte du travail. Vic et son collègue Vadim enquêtent en tenant compte d’une donnée itérative :
« Les corps sont les points faibles de tous les criminels. (…) Pas de corps, pas de crime. »
De Berck à Annecy en passant par Reims, Paris, Grenoble, …, voici un périple haletant auquel nous convie l’auteur. Entre la maman accablée par la disparition de sa fille puis l’écroulement de son couple et le flic doté d’une hypermnésie qui lui rend la vie familiale impossible, se crée une espèce de fil invisible. Les jeunes filles sont au cœur du roman, celles qui ont disparu au grand désespoir de leurs proches, celles des policiers qui côtoient le vice et le crime.
C’est très très fort. Violent. C’est une mise en abîme de mise en abîme, le romancier qui écrit l’histoire d’un romancier qui met en scène un romancier! L’histoire se tient, un page-turner, même si j’avais un peu envisagé certains points… mais évidemment pas la fin !
La suite est sur ma table de chevet… je vais déroger à ma règle d’alternance pour me plonger directement dedans, je suis trop curieuse de ce qui m’attend !
Éditions Pocket, 2020, Éditions Le mot et le reste, 2018
Sélection 2020 Prix des lecteurs du Livre de Poche, mois de mai.
Neuvième livre lu dans le cadre du jury.
Fin de lecture 2 mai 2020
Le gouverneur de l’Etat de New York veut écrire ses mémoires. Son éditeur fait appel à David McCae, qui va les rédiger pour lui. Et comme le gouverneur compte parmi ses amis le brillant et renommé alpiniste Dick Carlson, l’éditeur mande à l’écrivain d’aller interviewer ledit alpiniste en Alaska. Mais, arrivé sur place, David surprend par hasard des informations qui peuvent remettre en cause l’écriture du livre, et se retrouve bientôt abandonné, seul au milieu d’une étendue hostile, proie des éléments et des animaux, voire des humains.
David raconte donc son histoire. Homme de la ville, il narre sans concession ses affres à l’idée de se confronter au froid, à l’avion, à la solitude. Obligé d’y faire face en raison des circonstances, l’homme se renouvelle et modifie en profondeur sa personnalité, laissant de côté la lâcheté qu’il désapprouve et se découvrant finalement un certain courage pour affronter ses peurs.
C’est une chasse à l’homme qui est décrite dans ce livre, mais également un road-trip. Patrice Gaine se donne ainsi l’occasion, par le truchement de son personnage, de décrire avec précision les paysages qu’il parcourt, l’écriture est riche, imposant à plusieurs reprises un détour par les pages du dictionnaire…
Un livre qui débute très lentement et pourrait rebuter, dont la tension se fait de plus en plus forte, qui m’a finalement beaucoup plu !
Citations
« À aucun moment il n’a sollicité mon assentiment. Dick Carlson dirigeait tout ce qui tournait autour de lui comme des astéroïdes tombés dans les filets du champ gravitationnel d’un astre. Je n’ai pas du tout aimé ça. » p50
« Mon bras et mon épaule à vif raclaient le sol rocheux. J’étais à bout de force. La douleur me submergeait par vagues. Les flammes montaient haut vers la cime des arbres. Je sentais la résine chaude des épicéas noirs qui offraient leurs branches odorantes comme de l’encens pour ce qui s’annonçait être mes funérailles. Le vent les caressait et faisait danser les volutes de fumée qui s’en échappaient tel un thuriféraire. Sous la voûte de la cathédrale étoilée, je me suis senti oublié des hommes et dans l’effroi du moment, tout comme Lennie, j’ai confié mon âme à Dieu. » p116