Manhattan Sunset

Roy Braverman

364 pages

Hugo Thriller, février 2021

Fin de lecture 21 février 2021

Je remercie les éditions Hugo Thriller de m’avoir adressé ce livre dans le cadre d’un service presse.

De Roy Braverman, je n’avais lu jusqu’alors que des nouvelles dans des ouvrages collectifs (Phobia, Storia). J’avais souhaité lire sa trilogie américaine qui a été unanimement saluée, mais faute de temps, je ne l’ai pas fait. Grave erreur, que je vais réparer au plus tôt !

Car j’aime le style de l’auteur. J’aime la façon dont il emporte le lecteur dans la ville de New-York, dont il explore les quartiers pauvres ou luxueux, où il met en scène son flic désabusé et imprégné de culpabilité. Donelli a en effet perdu deux coéquipiers en quinze ans, parce qu’il est arrivé à chaque fois sur les lieux cinq minutes trop tard. Et le deuxième, Pfiffelmann, c’était juste avant la découverte du corps brûlé et défiguré d’une fillette dans une casse de ferrailleur. Or depuis sa mort, le fantôme de Pfiffelmann s’invite dans la vie et l’enquête de Donelli : Pfiff le sermonne, le raille, bref ne le lâche pas d’une semelle. Et Donelli sombre de plus en plus dans l’alcool.

En parallèle de la découverte de la petite, une richissime veuve a été tuée par un jeune homme repéré par les caméras de vidéosurveillance, et l’enquête sur le meurtre de Pfiff se poursuit.

Aidé de l’inspectrice Mankato, de ses collègues Lloyd et Wanda affûtés sur les recherches informatiques, affublé de Pfiff en conseiller personnel et invisible, Donelli va tout mettre en œuvre pour découvrir qui est la jeune fille et les coupables de sa mort.

Mais autour de l’inspecteur, les cadavres s’amoncellent, ses proches sont abattus par un mystérieux tueur. Entre mafias diverses, gangs et services de police, c’est toute une guerre qui se joue autour de Donelli. Car l’heure de la vengeance – des vengeances – a sonné.

Voici un livre haletant, sans manichéisme, triste et drôle – les dialogues sont souvent savoureux – qui montre ce qui se passe au bas des buildings lorsque les émotions prennent le pas sur le rationnel : peur, haine, tristesse, désir, un cocktail dans lequel il serait facile de se noyer… et bizarrement, j’ai été envahie d’une certaine tristesse au moment de quitter ce livre. Car je me suis attachée à Donelli, à l’homme marqué par tant de culpabilité alors qu’il n’a toujours fait que son devoir.

J’ai été totalement embarquée dans cette ville de New-York, omniprésente dans le roman, notamment par la description de ses gratte-ciel imposants et écrasants de déshumanisation.

« C’est ça, la fascination de New York. Toute cette agitation qui ne se nourrit que de solitudes forcenées dans le fol espoir d’atteindre un jour les sommets jalousés de la fortune. Ou juste de ne pas se laisser ensevelir sous eux. »

J’ai eu l’impression d’être comme Pfiff, perchée sur un toit ou une palissade, à observer les protagonistes de l’histoire – des histoires -, à m’imprégner de l’atmosphère de ces lieux qui me sont inconnus.

Merci M. Braverman pour ce moment d’évasion… Si je peux enfin un jour visiter la Grosse Pomme, je sais que ce sera autour des 12-13 juillet, en haut de l’Astor, pour admirer le Manhattanhenge, avec une petite pensée pour Donelli, George, Novak et Pfiffelmann !

Un puzzle réalisé à l’automne, déjà une envie d’évasion vers Big Apple © CF, 2020
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Ghost in love

Marc Levy

325 pages

Éditions Robert Laffont/Versilio,2019, Pocket, 2020

Illustrations intérieures de Pauline Lévêque

Fin de lecture 27 juin 2020

Je remercie les Éditions Pocket de m’avoir adressé cet ouvrage dans le cadre d’une rencontre avec l’auteur, malheureusement annulée en raison des conditions sanitaires.

Thomas est un pianiste virtuose, mais peu assuré dans la vie : il a quelques bons amis, une relation amoureuse fort instable. Son point d’ancrage est sa mère Jeanne, car son père est décédé voilà cinq ans. Et en ce jour anniversaire de sa mort, Raymond s’invite dans la vie de son fils !

Si celui-ci croit au début à un rêve, voire un cauchemar, le fantôme de Raymond convainc très vite Thomas de concrétiser la mission proposée : réaliser la promesse faite il y a trente ans à une femme profondément aimée, en mêlant leurs cendres, afin qu’ils soient à jamais réunis dans l’au-delà…

Sauf que cela exige de Thomas de traverser l’océan pour aller à San Francisco, ne pas se faire repérer avec une urne sous le bras, et revenir trois jours plus tard honorer un concert à Varsovie ! Et vivre ces quelques heures avec un facétieux fantôme qu’il est le seul à voir ne s’annonce pas de tout repos pour le jeune homme…

A travers une histoire ponctuée de remarques et situations très drôles, l’auteur aborde efficacement la relation père-fils, les amours contrariées, le regard des enfants sur les relations amoureuses de leurs parents, l’impact de l’exemple des parents sur les choix de vie des enfants, et bien évidemment le travail de deuil.

J’ai souri fréquemment, voire ri franchement, et éprouvé un sentiment de bien-être durant cette lecture. Une grande tendresse s’en dégage, et malgré l’abord de sujets sérieux, à aucun moment on ne sombre dans le « pathos », grâce à un savant dosage.

Les très belles illustrations de Pauline Lévêque permettent d’ancrer d’autant plus un visuel sur les lieux ou situations décrites par l’auteur. A quand la réalisation d’un film ?

J’avais lu les tous premiers ouvrages de Marc Levy, il y a longtemps. Me plonger dans ce roman a été une très jolie parenthèse entre les polars qui constituent actuellement mon fond de lecture.

Citations

« – Si tu savais ce que j’ai vécu ce soir, tu serais le premier à rire. Tu m’as fichu une sacrée peur, mais c’était doux de te voir, Papa, même dans un rêve étrange. »

« – Chasse cette pudeur qui nous empêche d’entendre les choses qui comptent. »