Les racines des ombres

François Rabes

319 pages

Hugo Poche, collection Suspense, février 2022

Fin de lecture 19 février 2022.

Je remercie les éditions Hugo Poche pour m’avoir adressé cet ouvrage dans le cadre d’un service presse.

Faire face à son passé, l’affronter pour s’en débarrasser. Un fait divers dans les Vosges, près d’Epinal, va resurgir, modifiant considérablement l’existence des principaux protagonistes de l’histoire.

Claire Venier est une jeune substitut du procureur, absorbée uniquement par son travail.

« La peur d’exprimer ses sentiments, de partager, de s’engager. Ce poison qu’on s’injecte soi-même et qui finit par vous rendre malade pour de bon, qui vous place en quarantaine pendant que le monde continue de tourner toujours plus vite. Et puis un jour, vous vous réveillez à trente-et-un ans, sans mari, sans enfant, plongée au quotidien dans la vie des autres. Vos journées et une partie de vos soirées, vous les passez enfermée dans un bureau asphyxié par la paperasse, à traiter des dossiers qui finissent tous par devenir d’une effroyable banalité. »

Claire est confrontée à des gendarmes hostiles lors de sa première affaire sur le terrain, la profanation d’une tombe. Celle de Christine, une jeune fille violée et tuée quarante ans auparavant.

Des gens du voyage sont dans le coin, affectés par la condamnation de leur chef, Dario, pour les faits survenus contre Christine. Libéré après avoir purgé sa peine et clamé tout du long son innocence, cet homme est resté meurtri.

Michel Mallet, terrorisé par les bruits de la nuit, peine à satisfaire les exigences de Jacques, son industriel de père. Pour enfin avoir l’impression de diriger sa vie, il décide d’acheter une maison ancienne, à retaper, pour y vivre avec sa femme et sa fille. Mais son malaise et ses cauchemars s’y accentuent. Des flashs, son inconfort persistant vont amener Michel à remonter ses souvenirs.

Le décor est planté. La ténacité de Claire fait face aux injonctions du Capitaine Laroche. La misogynie et le machisme sont l’apanage de cet homme d’expérience qui ne peut se résoudre à voir l’enquête dirigée par une femme, novice de surcroît.

Claire elle-même doit passer au-dessus de ses propres peurs, de son sentiment d’infériorité ou d’imposture, dus à une enfance douloureuse.

Pourtant, c’est bien elle qui va faire avancer l’histoire, en allant au-delà des simples apparences. En suivant son intuition, et son intelligence des faits.

J’ai beaucoup aimé ce roman. J’ai eu quelques difficultés à m’y plonger, puis, comme par magie, me suis laissée prendre au jeu. L’écriture est fluide, les descriptions très cinématographiques – métier premier de l’auteur – contribuent à renforcer l’angoisse de Michel, que peut également éprouver le lecteur.

L’histoire est très bien construite, je n’avais rien deviné ! Au-delà du pur suspense de l’histoire policière, l’auteur propose le portrait d’une femme et d’un homme à un tournant de leur vie, qui pourraient basculer vers le passé et y rester, ou décider de prendre leur existence en main.

Un très bon premier roman, Prix Fyctia 2021 du meilleur suspense.

Publicité