Le petit chat est mort

Xavier de Moulins

125 pages

J’ai lu, 2021, Flammarion, 2020

Fin de lecture 26 juin 2022.

De Xavier de Moulins, je connaissais le journaliste, les interviews, mais n’avais pas encore eu l’occasion de lire ses écrits, malgré les articles de presse élogieux.

Au hasard de ma déambulation au Saint-Maur-en-Poche, j’ai pu choisir cet ouvrage qui m’intriguait et discuter quelques instants avec son auteur, fort sympathique.

Pourquoi avoir choisi ce livre parmi les cinq ou six exposés ? Parce que le chat. Parce que la mort du chat. Pour savoir si et comment l’auteur pouvait traduire en mots, en rythme, en poésie, la douleur de perdre une petite boule de poils.

Je n’ai pas été déçue, bien au contraire.

Car, dans ce récit plein de poésie, de tristesse et de réflexion philosophique, s’il ne dévoile jamais le nom du félidé, Xavier de Moulins expose la véritable relation qu’il a pu entretenir avec son chat. Depuis sa réticence initiale à acquérir cet animal, qu’il finit par offrir en cadeau d’anniversaire à l’une de ses filles. Il liste tout ce qui le faisait refuser, puis hésiter, pour finalement céder, de guerre lasse, aux sollicitations de sa famille.

Et ce n’est pas le chat qui est apprivoisé, c’est l’homme qu’il apprivoise. C’est la vie qui s’organise autour du minet, car c’est bien lui qui la rythme. C’est lui qui prend possession de l’appartement familial, des sièges et des lits, du clavier de l’ordinateur, qui s’empare du cœur de l’homme de la maison, complètement charmé.

Car oui, c’est un magicien, le chat, dont les ronrons calment l’agitation intérieure du porteur de nouvelles souvent dramatiques ou peu reluisantes. Lui aussi qui accompagne ses pas d’écrivain et lui souffle des bouffées d’inspiration.

« À mes côtés, le petit chat est un phare, une illumination. Un talisman. »

Il transforme les êtres, le chat. Il leur apprend à vivre autrement, à regarder la vie d’un œil et d’un cœur tout neufs, grands ouverts. Il apporte aussi le réconfort lorsque des humains proches partent trop tôt, il sait la tristesse et la détresse.

Certes, il commet quelques bêtises, le chat, il est bien jeune. On le maudit, mais on s’en remet. Pas de sa mort. Pas de l’incompréhension de certains face à ce deuil inaudible. Pas de l’absence. On le cherche, on s’attend à le voir arriver à fond de train du bout de l’appartement, ou sauter sur les genoux d’un endroit improbable. Mais non. Il n’a laissé qu’un grand vide, impossible à combler.

On ne le remplace pas, le chat. Est-ce qu’on remplace un ami ? Un membre de la famille ? Non. Un jour peut-être, y aura-t-il une nouvelle place à prendre dans le cœur toujours peiné, mais celle du « petit chat » y restera pour l’éternité…

Ce merveilleux ouvrage est court. Mais il m’a fallu des heures pour le lire, tant chaque mot est pesé à l’aune de l’amour de l’auteur pour son chat. Je l’ai fini le cœur serré et les larmes aux yeux et je les ai à nouveau en écrivant ces lignes.

P.S. : dédicace spéciale aux compagnons à quatre pattes et aux poils plus ou moins fournis, qui ont investi mon foyer de petite fille et de grande dame. Ils m’ont apporté tant de joie et de réconfort.

Et certains, je les ai tant pleurés, ma petite Eden, onze ans déjà…

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