Les prisonniers de la liberté

Luca Di Fulvio

654 pages

Éditions Slatkine et Cie, 12 septembre 2019

Rentrée littéraire septembre 2019, épreuves non corrigées.

Je remercie les Éditions Slatkine et Cie, et Marion et Louis de m’avoir adressé ce livre après une rencontre avec son auteur au sein des locaux de la maison d’édition.

La liberté, voilà ce à quoi aspirent les personnages créés par Luca Di Fulvio.

Liberté au-delà de l’océan Atlantique, liberté en Argentine, liberté convoitée.

Hélas, la petite orpheline Russe Raechel, les jeunes Siciliens Rosetta, accusée d’un crime en représailles de mauvais traitements et Rocco, qui se refuse à se comporter comme son père à la solde d’un parrain de la mafia de Palerme, vont bien vite déchanter. Emportés malgré eux au sein des quartiers mal famés du Buenos Aires des années 1912 et 1913, dans des univers violents où drogue, alcool et avilissement des très jeunes femmes font loi, ils se battent pour survivre et garder leur intégrité morale sinon physique.

Raechel, sauvée par son apparence androgine de pré adolescente, échappe à la prostitution, mais y est confrontée quotidiennement dans la maison de passe où elle doit travailler pour survivre aux côtés de jeunes victimes qui deviennent ses amies.

Rosetta rattrapée par son passé réussit à échapper à la police grâce à Rocco dont elle a fait la connaissance sur le bateau les menant en Argentine. Son cœur débordant d’espoir la met en première place dans la lutte des femmes pour s’exonérer du joug des hommes par trop pesant.

Rocco enfin se retrouve obligé de travailler pour un parrain tout en clamant haut et fort son envie de rester droit et de ne pas recourir à des pratiques illégales, et en portant les souhaits d’émancipation des hommes du port assujettis aux exigences du clan mafieux.

Prostitution, actes mafieux, fusillades forment le décor de ce roman très violent.

Mais cette violence est tempérée par la droiture et l’exigence morale de ces trois personnages qui en composent une partition à l’opposé des actes odieux perpétrés par d’autres.

Une fresque pleine de violence et d’espoir, un amour inconditionnel entre deux jeunes gens qui ne se sont qu’entrevus, une petite fille au regard affûté sur ses contemporains.

Luca Di Fulvio dresse des portraits de personnages émouvants et attachants, d’autres qui nous révoltent, dans un tel souci du détail, crû parfois, que l’on devient le spectateur caché dans les ruelles et les maisons où se déroule leur histoire.

J’ai particulièrement apprécié la petite Raechel, j’ai versé quelques larmes, j’ai donc beaucoup aimé cette première découverte de l’écriture fluide de Luca Di Fulvio, haute en couleurs comme son auteur. Et persiste dans ma tête la musique du tango De mi barrio

Citation

« Tôt ou tard, tout le monde meurt, et en Sicile, le plomb est une maladie comme une autre, commenta don Mimí d’un ton paisible, comme s’il ne s’agissait là que d’une broutille. Les soldats le savent bien : parfois on tue, parfois on est tué. La vie, c’est la guerre. »

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